De Jean-Marie Besset
Moise en scène de Gilbert Désveaux
Avec Jonathan Drillet, Alain Marcel, Robin Causse, Jean-Paul Muel.
Créée en début de saison au Théâtre du Rond Point où elle s’est jouée à guichets fermés, Perthus, la nouvelle pièce de Jean-Marie Besset reprend aujourd’hui au Théâtre Marigny. Dans une petite ville non loin des Pyrénées et du col du Perthus qui sépare la France et l’Espagne, Paul, un jeune lycéen discret, est fasciné par Jean-Louis, un nouveau venu, fort en maths et faisant craquer les filles. De l’autre côté, leurs mères respectives se lieront d’amitié en dépit de leurs différences de mentalité et de milieu.
Autour d’un sujet qu’il a maintes fois traité (l’homosexualité) de façon frontale ou secondaire, Jean-Marie Besset livre ici une de ses pièces les plus touchantes et sincères. Avec une écriture à la fois pudique et généreuse, il évoque d’abord les années lycée : les amitiés naissantes, la tendresse qui s’esquisse, les désirs tus, les inévitables trahisons, les petites peines de coeur qui semblent insurmontables. Jonathan Drillet et Robin Causse incarnent les deux adolescents avec une rare justesse, tissant le fil d’une relation forte et pourtant fragile.
Parallèlement, les mères apprennent elles aussi à se connaître et révélent peu à peu leurs secrets, leurs blessures et le sentiment de solitude et d’abandon causé par un mari absent ou infidèle. L’originalité est d’avoir choisi des hommes pour interpréter les mères… et le principe marche à merveille. Ce qui aurait pu n’être qu’un procédé, un gimmick pour amuser, s’impose immédiatement avec évidence. Alain Marcel et Jean-Paul Muel apportent une incroyable humanité dans leurs personnages de bourgeoise délaissée et de villageoise terre-à-terre, reportant toutes leur affection — et leurs ambitions — sur leur fils unique et chéri.
Sur un ton nostalgique et doux-amer, Perthus parle donc d’amour : de l’amour unique entre une mère et son fils, de l’amour d’une femme pour un homme, de l’amour d’un garçon pour un autre : un thème finalement universel, qui dans ce traitement subtil et délicat, devrait parler au plus grand nombre.