
Je suis tellement loin de lui physiquement, sauf peut-être pour la silhouette, que je ne peux que m’en amuser. Personne n’a d’ailleurs cherché à ressembler au personnage qu’il incarne si ce n’est par l’intermédiaire des vêtements ou de certaines attitudes. Nous sommes dans le domaine du burlesque, de la parodie. Ce rôle ne m’impressionne pas plus que ça, j’ai su rester très simple ! Et puis il faut dire que lorsque j’ai été contacté pour l’interpréter, j’étais au Maroc à Casablanca pour un téléfilm dans lequel je joue le général de Boissieu, en l’occurrence le neveu de Gaulle… J’ai donc monté en grade !
Est-ce votre première aventure dans le théâtre musical ?
En effet, c’est ma première expérience professionnelle. Mais, voilà 30 ans, j’ai commencé par le théâtre musical avec une troupe amateur. Nous montions des spectacles musicaux originaux. Je me souviens par exemple de Bonny, qui est le surnom de Napoléon. Bien avant Jean-Paul Farré, je me suis moi aussi retrouvé dans les vêtements de l’empereur ! En tout nous avons fait trois créations avec cette troupe. Cette expérience adolescente a été primordiale pour moi. C’est non seulement à ce moment que j’ai choisi de devenir comédien, mais en plus j’ai nourri un enthousiasme pour le musical, j’adorais ça. Les années passant, j’avais quasiment fait une croix dessus. Malgré tout, en marge de mon activité de comédien, j’ai continué à faire des stages de comédie musicale. J’avais également repris des cours de chant ces derniers temps, puisque j’écris des chansons. Je me disais : « qui sait ? ». Je ne vous dis pas combien j’ai été fier en voyant, sur ma première fiche de paie pour Secret défense, dans la case emploi : artiste lyrique !
La préparation du rôle vous a‑t-elle posé des problèmes particuliers ?
J’ai travaillé deux fois plus que d’habitude ! Comme j’étais à côté de deux grandes professionnelles du chant et un comédien aguerri à la musique, j’avais très peur que les spectateurs ne me trouvent pas à ma place. Il est vrai que le metteur en scène a choisi un comédien qui chante et non l’inverse. Ce fut un véritable défi, je tenais à ce que les différences de nos techniques vocales soient atténuées un maximum. Pour cela je n’avais pas le choix : travailler d’arrache pied ! D’autre part, j’ai eu un choc en apprenant que nous aurions à danser, moi qui ne suis pas physique pour un sou. Je ne fais pas de sport et je fume. Nous avons commencé par répéter la séquence où, avec Jean-Paul, nous sommes les « boys » de Florence. Je me suis vite retrouvé sur les rotules, à ne plus pouvoir retrouver mon souffle ! Et comme la pièce est intégralement chantée, je pensais que jamais je n’y arriverais. Alors j’ai stoppé net la cigarette et me suis mis au jogging : 30 minutes par jour. Je vis désormais comme un athlète ! Et moi qui cherchais à arrêter de fumer, j’ai trouvé le bon moyen.
Et aujourd’hui, comment vous sentez-vous ?
De plus en plus à l’aise. La première semaine nous avons un peu tâtonné, nous restions très concentré sur l’aspect « technique » que requiert un spectacle musical. Comme lorsqu’on passe le permis de conduire : on fait attention à chaque manoeuvre et on l’accomplit en en ayant conscience jusqu’au moment où l’opération se fait toute seule. On pense que c’est insurmontable, et finalement ça vient tout seul. C’est le cas maintenant où nous prenons un plaisir dans le jeu, nous nous amusons. Cela ne veut pas dire que nous délaissions la technique : chaque soir nous nous voyons une heure avant la représentation pour revoir certains détails. Et d’un point de vue personnel, je réalise un rêve d’adolescent, entouré par une équipe formidable. Difficile d’être plus heureux que moi en ce moment !
Etes-vous spectateur de comédie musicale ?
Je suis allé à Broadway, à Londres pour voir des spectacles musicaux, mais je ne suis pas un amateur forcené : je n’irai pas tout voir, je ne suis pas non plus un fan inconditionnel. En France, je me souviens qu’un choc avait été La petite boutique des horreurs, dans la mise en scène d’Alain Marcel. Fabienne, que je ne connaissais pas alors, était extraordinaire. En même temps, je me souviens d’un sentiment atroce à la découverte de cette comédie musicale. Je m’étais dit : « voilà exactement ce que j’adorerais faire et je suis là, dans la salle et pas sur scène ! ». Sans les connaître, j’ai vu pas mal de spectacles avec Fabienne et Florence, elles sont formidables.
Parlez-nous de votre parcours ?
J’ai pris des cours, j’ai rencontré très tôt Charlotte de Turckheim et son mari à l’époque : Jean-Noël Fenwick. Nous avons monté un premier spectacle en Avignon qui fut repris à Paris. J’ai travaillé avec Coluche, fait pas mal de café-théâtre puis de théâtre, le plus souvent dans un registre comique, mais de qualité ! En regardant mon CV, je n’ai envie de gommer aucune de mes aventures théâtrales. J’ai la chance d’avoir un parcours jalonné de belles rencontres.
Comment envisagez-vous l’avenir ?
Je souhaite continuer à avoir beaucoup de projets avec de belles équipes, autant sur le plan artistique qu’humain. Plusieurs pièces me tiennent à coeur. Et je viens d’être contacté , parce qu’un auteur m’a vu dans Secret défense, pour un projet musical de troupe très enthousiasmant… Je n’ai donc pas fini de chanter, et c’est plus qu’une bonne nouvelle pour moi !