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Patrick Zard’ — Le général de Secret Défense

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Quel effet cela fait-il d’en­doss­er le rôle du général ?
Je suis telle­ment loin de lui physique­ment, sauf peut-être pour la sil­hou­ette, que je ne peux que m’en amuser. Per­son­ne n’a d’ailleurs cher­ché à ressem­bler au per­son­nage qu’il incar­ne si ce n’est par l’in­ter­mé­di­aire des vête­ments ou de cer­taines atti­tudes. Nous sommes dans le domaine du bur­lesque, de la par­o­die. Ce rôle ne m’im­pres­sionne pas plus que ça, j’ai su rester très sim­ple ! Et puis il faut dire que lorsque j’ai été con­tac­té pour l’in­ter­préter, j’é­tais au Maroc à Casablan­ca pour un télé­film dans lequel je joue le général de Boissieu, en l’oc­cur­rence le neveu de Gaulle… J’ai donc mon­té en grade !

Est-ce votre pre­mière aven­ture dans le théâtre musical ?
En effet, c’est ma pre­mière expéri­ence pro­fes­sion­nelle. Mais, voilà 30 ans, j’ai com­mencé par le théâtre musi­cal avec une troupe ama­teur. Nous mon­tions des spec­ta­cles musi­caux orig­in­aux. Je me sou­viens par exem­ple de Bon­ny, qui est le surnom de Napoléon. Bien avant Jean-Paul Far­ré, je me suis moi aus­si retrou­vé dans les vête­ments de l’empereur ! En tout nous avons fait trois créa­tions avec cette troupe. Cette expéri­ence ado­les­cente a été pri­mor­diale pour moi. C’est non seule­ment à ce moment que j’ai choisi de devenir comé­di­en, mais en plus j’ai nour­ri un ent­hou­si­asme pour le musi­cal, j’ado­rais ça. Les années pas­sant, j’avais qua­si­ment fait une croix dessus. Mal­gré tout, en marge de mon activ­ité de comé­di­en, j’ai con­tin­ué à faire des stages de comédie musi­cale. J’avais égale­ment repris des cours de chant ces derniers temps, puisque j’écris des chan­sons. Je me dis­ais : « qui sait ? ». Je ne vous dis pas com­bi­en j’ai été fier en voy­ant, sur ma pre­mière fiche de paie pour Secret défense, dans la case emploi : artiste lyrique !

La pré­pa­ra­tion du rôle vous a‑t-elle posé des prob­lèmes particuliers ?
J’ai tra­vail­lé deux fois plus que d’habi­tude ! Comme j’é­tais à côté de deux grandes pro­fes­sion­nelles du chant et un comé­di­en aguer­ri à la musique, j’avais très peur que les spec­ta­teurs ne me trou­vent pas à ma place. Il est vrai que le met­teur en scène a choisi un comé­di­en qui chante et non l’in­verse. Ce fut un véri­ta­ble défi, je tenais à ce que les dif­férences de nos tech­niques vocales soient atténuées un max­i­mum. Pour cela je n’avais pas le choix : tra­vailler d’ar­rache pied ! D’autre part, j’ai eu un choc en apprenant que nous auri­ons à danser, moi qui ne suis pas physique pour un sou. Je ne fais pas de sport et je fume. Nous avons com­mencé par répéter la séquence où, avec Jean-Paul, nous sommes les « boys » de Flo­rence. Je me suis vite retrou­vé sur les rotules, à ne plus pou­voir retrou­ver mon souf­fle ! Et comme la pièce est inté­grale­ment chan­tée, je pen­sais que jamais je n’y arriverais. Alors j’ai stop­pé net la cig­a­rette et me suis mis au jog­ging : 30 min­utes par jour. Je vis désor­mais comme un ath­lète ! Et moi qui cher­chais à arrêter de fumer, j’ai trou­vé le bon moyen.

Et aujour­d’hui, com­ment vous sentez-vous ?
De plus en plus à l’aise. La pre­mière semaine nous avons un peu tâton­né, nous restions très con­cen­tré sur l’aspect « tech­nique » que requiert un spec­ta­cle musi­cal. Comme lorsqu’on passe le per­mis de con­duire : on fait atten­tion à chaque manoeu­vre et on l’ac­com­plit en en ayant con­science jusqu’au moment où l’opéra­tion se fait toute seule. On pense que c’est insur­montable, et finale­ment ça vient tout seul. C’est le cas main­tenant où nous prenons un plaisir dans le jeu, nous nous amu­sons. Cela ne veut pas dire que nous délais­sions la tech­nique : chaque soir nous nous voyons une heure avant la représen­ta­tion pour revoir cer­tains détails. Et d’un point de vue per­son­nel, je réalise un rêve d’ado­les­cent, entouré par une équipe for­mi­da­ble. Dif­fi­cile d’être plus heureux que moi en ce moment !

Etes-vous spec­ta­teur de comédie musicale ?
Je suis allé à Broad­way, à Lon­dres pour voir des spec­ta­cles musi­caux, mais je ne suis pas un ama­teur forcené : je n’i­rai pas tout voir, je ne suis pas non plus un fan incon­di­tion­nel. En France, je me sou­viens qu’un choc avait été La petite bou­tique des hor­reurs, dans la mise en scène d’Alain Mar­cel. Fabi­enne, que je ne con­nais­sais pas alors, était extra­or­di­naire. En même temps, je me sou­viens d’un sen­ti­ment atroce à la décou­verte de cette comédie musi­cale. Je m’é­tais dit : « voilà exacte­ment ce que j’ador­erais faire et je suis là, dans la salle et pas sur scène ! ». Sans les con­naître, j’ai vu pas mal de spec­ta­cles avec Fabi­enne et Flo­rence, elles sont formidables.

Par­lez-nous de votre parcours ?
J’ai pris des cours, j’ai ren­con­tré très tôt Char­lotte de Tur­ck­heim et son mari à l’époque : Jean-Noël Fen­wick. Nous avons mon­té un pre­mier spec­ta­cle en Avi­gnon qui fut repris à Paris. J’ai tra­vail­lé avec Coluche, fait pas mal de café-théâtre puis de théâtre, le plus sou­vent dans un reg­istre comique, mais de qual­ité ! En regar­dant mon CV, je n’ai envie de gom­mer aucune de mes aven­tures théâ­trales. J’ai la chance d’avoir un par­cours jalon­né de belles rencontres.

Com­ment envis­agez-vous l’avenir ?
Je souhaite con­tin­uer à avoir beau­coup de pro­jets avec de belles équipes, autant sur le plan artis­tique qu’hu­main. Plusieurs pièces me tien­nent à coeur. Et je viens d’être con­tac­té , parce qu’un auteur m’a vu dans Secret défense, pour un pro­jet musi­cal de troupe très ent­hou­si­as­mant… Je n’ai donc pas fini de chanter, et c’est plus qu’une bonne nou­velle pour moi !