Pourquoi ce livre ?
Pour assouvir ma passion pour Broadway ! J’ai eu le souhait de faire un beau livre sur l’histoire des comédies musicales américaines à destination du grand public. Toutefois, si on s’y connaît des informations ne manquent pas, notamment dans les rubriques « à savoir » dans lesquelles se trouvent de nombreuses anecdotes. Après mûre réflexion sur la manière dont le livre devrait être constitué, j’ai finalement rédigé six pages qui posent la chronologie de Broadway : d’où vient la comédie musicale, comment a‑t-elle évolué, le tout agrémenté d’une frise avec des codes couleurs qui facilitent la lecture. Ensuite je conseille au lecteur de lire le lexique puis de se laisser aller à sa curiosité : le livre est bâti comme un abécédaire.
Quel est votre parcours ?
Je prenais des cours de danse à Arpajon, ma professeure était très comédie musicale, utilisant volontiers chapeau et la fameuse « chorus line ». Elle m’a donné envie de voir des films, à l’époque en salle car mes parents n’avaient pas de magnétoscope. De plus, je n’avais pas beaucoup d’argent pour monter à Paris, il fallait que je fasse attention. A 18 ans j’ai eu mon bac et suis parti un an aux Etats-Unis pour prolonger mes études. Le hasard a voulu que j’habite dans une famille de musiciens, en banlieue de New York. Mes valises à peine posées ils m’ont emmené voir The Pirates of Penzance à Broadway avec Linda Ronstadt, mon premier déclic. Je n’avais jamais vu de comédies musicales sur scène. Je me souviens encore dans le détail de cette représentation qui a orienté ma vie….
Pendant mon année aux Etats-Unis, j’ai découvert pas mal de choses, suis rentré en France pour faire hypokhâgne et une prépa Sciences-Po tout en continuant la danse. Un jour, mon professeur m’a proposé de devenir son assistant. J’ai laissé tomber les études pour être danseur pendant quinze ans. Je suis allé aux Etats-Unis trois ou quatre fois par an, j’ai fait mes classes au Broadway Dance Center et chez Alvin Ailey et durant la saison 90–91 je fus l’assistant en permanence de mon professeur. J’ai, du coup, vu tout ce qui se faisait à Broadway. Je suis véritablement tombé dans cet univers avec délice ! En parallèle j’ai conservé, classé, répertorié de nombreux documents, à commencer par les Playbills [NDLR : programmes des spectacles].
Pourquoi la comédie musicale ?
Rien ne me rend plus heureux. C’est une passion. Plus tard je suis venu aux films, mais ils m’intéressent beaucoup moins. Je ne me sens pas du tout capable d’écrire un livre sur les musicals à Hollywood. Broadway c’est comme ma poche : je connais tous les théâtres par cœur, beaucoup plus que le West End. J’écris véritablement sur Broadway, conformément au sous-titre de mon livre.
L’idée du livre s’est concrétisée à quel moment ?
Depuis 1999, deux ans après la fin de ma carrière de danseur. L’idée a mûri car autour de moi on ne savait pas comment m’appeler : « spécialiste de Broadway, historien » ? Je n’avais rien pour le prouver, mis à part ma passion. On m’a donc conseillé d’écrire quelque chose. Et de fil en aiguille je me suis senti gentiment piégé ! Le Châtelet, qui m’a demandé d’animer des conférences par l’intermédiaire de Renaud Machart, fut un élément déclencheur. Ma première conférence, sur On The Town, m’a permis de constater que j’avais un terreau fertile. Je me suis alors lancé. Le Châtelet m’a par la suite toujours soutenu, je suis reconnaissant à toute l’équipe. Stage Entertainment également, a immédiatement été d’une aide précieuse, ne serait-ce que sur des droits d’utilisation d’images, de logos. Alors j’ai pris un congé sans solde des Galeries Lafayette et me suis enfermé pour écrire. Cela veut dire quitter la vie sociale, ses amis. De nombreux sacrifices, mais je ne les regrette pas et suis très reconnaissant aux personnes qui m’ont soutenu et accompagné.
Quelle fut votre méthode de travail ?
Je n’ai pas voulu me planter. Tout ce que j’ai fait en recherche a été vérifié très méticuleusement. J’ai fait par exemple des recoupements de biographie, allant parfois jusqu’à raconter les deux versions, si deux versions existent. Je ne dis pas qu’aucune erreur ne subsiste, mais le cas échéant j’ai pris soin d’indiquer mon courriel en début du livre pour que l’on puisse me prévenir et que, le cas échéant, je puisse modifier lors de la prochaine édition ! Il y a un million cinq cent mille signes dans le livre. Pendant l’écriture, j’écoutais en boucle la comédie musicale ou l’auteur sur lequel je travaille. Je me levais à sept heures et me couchais à 23 heures. Certains jours, je ne faisais rien de l’après-midi, je regardais un des DVD que j’avais acheté. J’ai investi pour ce livre, histoire de limiter mes déplacements. Pour chaque chapitre, j’ai pris des notes très précises sur des calepins (j’en avais d’ailleurs toujours un sur moi, pour noter une idée n’importe où). Ensuite je rédigeais en biffant les notes les unes après les autres. Par la suite, le travail de mise en forme technique du livre m’a accaparé pendant trois mois et demi. Que les textes soient vérifiés, que mes idées soient claires, choisir les bonnes photos, s’occuper des droits… Une multitude de tâches que j’ai accomplies avec une équipe extraordinaire autour de moi.
Aujourd’hui dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Je suis très heureux. Rendez-vous compte : je vis exactement la vie dont j’ai rêvé, je peux facilement aller à Broadway voir les shows. Mon livre recueille de bons échos, chacun me touche au cœur, je suis loin d’être blasé, moi qui ne suis pas écrivain à la base.