Accueil Talent à suivre Patrick Laviosa — Le talent au bout des doigts !

Patrick Laviosa — Le talent au bout des doigts !

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Patrick Laviosa ©DR
Patrick Laviosa ©DR

Quel a été votre parcours ? 
Je suis com­plète­ment auto­di­dacte. Mes par­ents se deman­dent encore quand et com­ment j’ai appris le piano… Mon pre­mier con­tact avec la musique est une gui­tare minia­ture offerte par ma mar­raine, je devais avoir 6 ans. J’ai vite retran­scris, à l’in­stinct, ce que je jouais à la gui­tare sur le piano.
Après deux ans à la fac de let­tres durant lesquels j’ai surtout passé mon temps à jouer dans les cabarets de Mont­pel­li­er (je suis orig­i­naire du Midi), je suis mon­té à Paris per­suadé que j’al­lais devenir un grand chanteur ultra célèbre. Au début, j’ai beau­coup galéré. Pour pay­er mon loy­er, j’ai joué de la gui­tare en chan­tant dans le métro et fait divers petits boulots. Je me suis inscrit dans une école, Joséphine B, au Ranelagh pour pren­dre des cours de chant que je payais en accom­pa­g­nant les autres élèves au piano. Du coup, je me suis per­fec­tion­né dans l’accompagnement.
Une de mes grandes ren­con­tres fut Pierre Philippe, un auteur, paroli­er, cinéaste qui m’a per­mis de faire mes pre­miers pas « en grand » avec l’écri­t­ure de sept heures de musique pour la réno­va­tion des feuil­letons muets Judex de Louis Feuil­lade, pro­duits en 1917 par la Gau­mont. Grâce à Pierre Philippe, je viens d’écrire des chan­sons pour Jean Guidoni qui vient de ter­min­er un tour de chant au car­ré Sylvia Monfort).
Un lieu en par­ti­c­uli­er m’a mar­qué, c’est le Piano Zinc. Voilà 10 ans c’é­tait une four­mil­ière de tal­ents. J’y ai ren­con­tré Vir­ginie Lemoine à ses débuts, Denis D’Ar­can­ge­lo, Alexan­dre Bon­stein, Char­lène Duval ou Anne Warin. Cette dernière m’a mis en con­tact avec Roger Louret qui m’a fait beau­coup tra­vailler sur Les Années Twist, Les Z’An­nées Zazous et ses shows télé. Aujour­d’hui, ma grande spé­cial­ité, en tout cas ce que l’on me demande le plus, c’est d’ac­com­pa­g­n­er des chanteurs. Ce qui est for­mi­da­ble, c’est d’avoir la pos­si­bil­ité de tra­vailler avec des amis. Bref, je ne suis pas devenu un grand chanteur célèbre.

Pour com­pos­er, êtes-vous du genre ultra dis­ci­pliné ou désinvolte? 
C’est très vari­able. Lorsque l’on a un délai imposé, comme pour Judex où tout devait être prêt en deux mois, je m’in­stalle à ma table de travail/piano/ papi­er à musique toute la journée. J’avais cal­culé que je devais écrire trois min­utes de musique par jour… Quand l’in­spi­ra­tion ne vient pas, on se débrouille pour la stimuler !
Lorsque la lib­erté est plus grande, les musiques vien­nent toutes seules, n’im­porte où et n’im­porte quand. Je me sou­viens que lors d’une représen­ta­tions des 30 mil­lions de Glad­i­a­tor, un thème for­mi­da­ble m’est venu alors que je jouais… Je me le suis répété sans cesse en atten­dant la pause, je le visu­al­i­sais sur le piano. Heureuse­ment, j’ai pu le cap­tur­er sur papi­er avant qu’il ne s’en­v­ole. Dans ces moments là, on remer­cie le ciel!
Là je viens de com­pos­er une dizaine de chan­sons pour un spec­ta­cle de rue qui met en vedette Denis D’Ar­can­ge­lo, que beau­coup de gens con­nais­sent comme Mme Ray­monde (un per­son­nage de vieille « pute » qui n’ap­pa­raît pas dans ce nou­veau spec­ta­cle). Amour et Tor­tilla est une comédie musi­cale qui sera jouée dans toute la France, essen­tielle­ment lors des fes­ti­vals de théâtre de rue (Châlon sur Saône, Aurillac,…).

Si l’on vous dit : Patrick Laviosa et la comédie musi­cale, vous répondez ? 
West Side Sto­ry ! Quand j’é­tais petit, j’é­coutais les dis­ques de mes par­ents (Brassens, Reg­giani, Hugues Aufray, Anne Sylvestre,…). Mes goûts musi­caux étaient très tra­di­tion­nels. Vers 13 ans, j’ai vu au ciné­ma West Side Sto­ry, ce fut vrai­ment un gros choc. Encore aujour­d’hui c’est à mes yeux le sum­mum de la réus­site sur le plan musical.
Ensuite, j’ai décou­vert les films musi­caux améri­cains, puis les Jacques Demy et con­sort. Ça m’a ren­du fou pen­dant un cer­tain temps. On devient vite accroc et spé­cial­iste ! Je suis à chaque fois stupé­fait de décou­vrir que la moitié des gens ignorent qui est Sond­heim, alors qu’il est l’un des plus grands noms du théâtre musi­cal actuel.
Je n’ai per­son­nelle­ment qua­si­ment jamais joué dans des comédies musi­cales. Quelques opérettes, oui. J’ai un faible pour ces oeu­vres des années 20 et 30 avec leurs chan­sons typ­ique­ment français­es. Et puis, il faut quand même que je par­le de mon expéri­ence à Broad­way ! Alexan­dre Bon­stein a écrit une comédie musi­cale, Crea­tures que l’on a joué pen­dant 2 mois à New York l’au­tomne dernier dans un petit lieu de la 5ème rue. On a fait salle comble, on a dégoté un agent, on a eu un arti­cle dans Back­stage… Alexan­dre, qui a vrai­ment tout fait sur ce show, repart à New York pour retra­vailler le spec­ta­cle avec des pro­fes­sion­nels de Broad­way. Crea­tures devrait par­tir en tournée et puis venir, je l’e­spère, en Europe.
En 1991, j’ai fait la pre­mière par­tie de Vir­ginie Lemoine, en chan­tant mes pro­pres chan­sons. J’ai chan­té aus­si dans La fille de Madame Angot. De temps en temps on m’ac­corde donc ces petits plaisirs, ça change de : « tais toi et mets toi au piano » !

Quels sont vos projets ? 
J’en ai des tonnes mais je ne peux pas encore en par­ler ! (Rires). En fait, j’ador­erais pren­dre des vacances! Depuis la ren­trée dernière, je n’ai pas arrêté… Crea­tures à New York, puis Les 30 mil­lions de Glad­i­a­tor. Simul­tané­ment, j’ai écrit une mul­ti­tude de musiques, pour Amour et tor­tilla et pour le court-métrage La jeune fille et la tortue de Stéphane Ly-Cuong, les chan­sons pour Jean Guidoni. Dans le même temps j’ai répété avec Gay Mar­shall, Car­o­line Roë­lands, Char­lène Duval.
Je vais aller me repos­er à Tahi­ti, j’adore cette île. D’ailleurs j’ai appris le tahi­tien et je rêve de traduire l’opérette Phi-Phi et de mon­ter cette opérette là-bas. J’en suis au titre, la tra­duc­tion lit­térale est Fa-Fa !