
Quel a été votre parcours ?
Je suis complètement autodidacte. Mes parents se demandent encore quand et comment j’ai appris le piano… Mon premier contact avec la musique est une guitare miniature offerte par ma marraine, je devais avoir 6 ans. J’ai vite retranscris, à l’instinct, ce que je jouais à la guitare sur le piano.
Après deux ans à la fac de lettres durant lesquels j’ai surtout passé mon temps à jouer dans les cabarets de Montpellier (je suis originaire du Midi), je suis monté à Paris persuadé que j’allais devenir un grand chanteur ultra célèbre. Au début, j’ai beaucoup galéré. Pour payer mon loyer, j’ai joué de la guitare en chantant dans le métro et fait divers petits boulots. Je me suis inscrit dans une école, Joséphine B, au Ranelagh pour prendre des cours de chant que je payais en accompagnant les autres élèves au piano. Du coup, je me suis perfectionné dans l’accompagnement.
Une de mes grandes rencontres fut Pierre Philippe, un auteur, parolier, cinéaste qui m’a permis de faire mes premiers pas « en grand » avec l’écriture de sept heures de musique pour la rénovation des feuilletons muets Judex de Louis Feuillade, produits en 1917 par la Gaumont. Grâce à Pierre Philippe, je viens d’écrire des chansons pour Jean Guidoni qui vient de terminer un tour de chant au carré Sylvia Monfort).
Un lieu en particulier m’a marqué, c’est le Piano Zinc. Voilà 10 ans c’était une fourmilière de talents. J’y ai rencontré Virginie Lemoine à ses débuts, Denis D’Arcangelo, Alexandre Bonstein, Charlène Duval ou Anne Warin. Cette dernière m’a mis en contact avec Roger Louret qui m’a fait beaucoup travailler sur Les Années Twist, Les Z’Années Zazous et ses shows télé. Aujourd’hui, ma grande spécialité, en tout cas ce que l’on me demande le plus, c’est d’accompagner des chanteurs. Ce qui est formidable, c’est d’avoir la possibilité de travailler avec des amis. Bref, je ne suis pas devenu un grand chanteur célèbre.
Pour composer, êtes-vous du genre ultra discipliné ou désinvolte?
C’est très variable. Lorsque l’on a un délai imposé, comme pour Judex où tout devait être prêt en deux mois, je m’installe à ma table de travail/piano/ papier à musique toute la journée. J’avais calculé que je devais écrire trois minutes de musique par jour… Quand l’inspiration ne vient pas, on se débrouille pour la stimuler !
Lorsque la liberté est plus grande, les musiques viennent toutes seules, n’importe où et n’importe quand. Je me souviens que lors d’une représentations des 30 millions de Gladiator, un thème formidable m’est venu alors que je jouais… Je me le suis répété sans cesse en attendant la pause, je le visualisais sur le piano. Heureusement, j’ai pu le capturer sur papier avant qu’il ne s’envole. Dans ces moments là, on remercie le ciel!
Là je viens de composer une dizaine de chansons pour un spectacle de rue qui met en vedette Denis D’Arcangelo, que beaucoup de gens connaissent comme Mme Raymonde (un personnage de vieille « pute » qui n’apparaît pas dans ce nouveau spectacle). Amour et Tortilla est une comédie musicale qui sera jouée dans toute la France, essentiellement lors des festivals de théâtre de rue (Châlon sur Saône, Aurillac,…).
Si l’on vous dit : Patrick Laviosa et la comédie musicale, vous répondez ?
West Side Story ! Quand j’étais petit, j’écoutais les disques de mes parents (Brassens, Reggiani, Hugues Aufray, Anne Sylvestre,…). Mes goûts musicaux étaient très traditionnels. Vers 13 ans, j’ai vu au cinéma West Side Story, ce fut vraiment un gros choc. Encore aujourd’hui c’est à mes yeux le summum de la réussite sur le plan musical.
Ensuite, j’ai découvert les films musicaux américains, puis les Jacques Demy et consort. Ça m’a rendu fou pendant un certain temps. On devient vite accroc et spécialiste ! Je suis à chaque fois stupéfait de découvrir que la moitié des gens ignorent qui est Sondheim, alors qu’il est l’un des plus grands noms du théâtre musical actuel.
Je n’ai personnellement quasiment jamais joué dans des comédies musicales. Quelques opérettes, oui. J’ai un faible pour ces oeuvres des années 20 et 30 avec leurs chansons typiquement françaises. Et puis, il faut quand même que je parle de mon expérience à Broadway ! Alexandre Bonstein a écrit une comédie musicale, Creatures que l’on a joué pendant 2 mois à New York l’automne dernier dans un petit lieu de la 5ème rue. On a fait salle comble, on a dégoté un agent, on a eu un article dans Backstage… Alexandre, qui a vraiment tout fait sur ce show, repart à New York pour retravailler le spectacle avec des professionnels de Broadway. Creatures devrait partir en tournée et puis venir, je l’espère, en Europe.
En 1991, j’ai fait la première partie de Virginie Lemoine, en chantant mes propres chansons. J’ai chanté aussi dans La fille de Madame Angot. De temps en temps on m’accorde donc ces petits plaisirs, ça change de : « tais toi et mets toi au piano » !
Quels sont vos projets ?
J’en ai des tonnes mais je ne peux pas encore en parler ! (Rires). En fait, j’adorerais prendre des vacances! Depuis la rentrée dernière, je n’ai pas arrêté… Creatures à New York, puis Les 30 millions de Gladiator. Simultanément, j’ai écrit une multitude de musiques, pour Amour et tortilla et pour le court-métrage La jeune fille et la tortue de Stéphane Ly-Cuong, les chansons pour Jean Guidoni. Dans le même temps j’ai répété avec Gay Marshall, Caroline Roëlands, Charlène Duval.
Je vais aller me reposer à Tahiti, j’adore cette île. D’ailleurs j’ai appris le tahitien et je rêve de traduire l’opérette Phi-Phi et de monter cette opérette là-bas. J’en suis au titre, la traduction littérale est Fa-Fa !