» …L’Odéon est toujours désert. Ce n’est pas la faute des directeurs, ce n’est pas la faute des auteurs, c’est la faute de l’Odéon… « , ainsi s’exprimait Victor Hugo dans ses » Notes 1831 « . Sans aucun doute, nombreux sont ceux qui, comme Hugo, sont convaincus que le théâtre en tant que salle de spectacle joue un rôle prépondérant dans le plaisir d’assister à une représentation. La mise en scène de l’architecture et des décors participe pleinement à l’envoûtement des spectateurs. Se donner rendez-vous avec ses amis devant la façade imposante du théâtre, puis entrer dans le vestibule pour retirer ses billets, monter l’escalier d’honneur, accéder à la grande salle par le foyer et enfin suivre l’ouvreuse jusqu’à sa place numérotée sont autant de rituels indispensables pour nous faire croire à l’histoire qui sera jouée sur scène quelques minutes plus tard.
Pour découvrir tous les moyens artistiques déployés par les architectes et les décorateurs pour nous enchanter, nous vous recommandons la lecture de Paris et ses théâtres — architecture et décor, le catalogue de l’exposition éponyme qui s’est tenue à la mairie parisienne du 9e arrondissement du 8 octobre au 13 novembre 1998. Béatrice de Andia, Délégué Général à l’Action artistique de la Ville de Paris, et Géraldine Rideau, Commissaire de l’exposition, ont réuni les plus grands spécialistes de la question pour écrire ce livre : docteurs en histoire de l’art, architectes, historiens, archivistes paléographes et conservateurs. Cet ouvrage collectif d’une très belle facture — livre relié, toilé, doré au fer, sous jaquette pelliculée — offre un panorama complet de l’histoire des lieux de spectacles et plus précisément celle des théâtres publics à Paris en vingt siècles.
La visite approfondie des édifices sanctuaires, disparus ou existants encore, conduit le lecteur sur des chemins parallèles à la découverte de l’histoire des spectacles et de leur évolution : tantôt populaires et pourchassés, tantôt sacrés et intellectuels. Par exemple, le théâtre se fait » discret au XVIIe siècle, lorsqu’il se fond dans l’alignement des ruelles étroites et sinueuses « . Mais au XIXe siècle, il est au coeur de toutes les attractions, » mieux son péristyle devient l’axe des rues qui partent en étoile de sa façade « . On apprend également que la Capitale a abrité toutes sortes d’espaces dédiés aux spectacles : un amphithéâtre de quinze mille places érigé par les légions romaines, des tréteaux au Moyen-Age, cent treize salles de jeu de paume, etc. Aujourd’hui, Paris compte dans ses murs plus de cent cinquante salles. Obligation, donc, pour les auteurs de faire un choix et de n’étudier que les théâtres publics. Gageons que le succès de ce premier ouvrage les encouragera à rédiger un autre livre consacré cette fois-ci aux théâtres privés.