Mécanicien automobile de formation, il reconnaît avoir eu un parcours assez particulier. » J’ai longtemps pensé qu’on naissait chanteur ou comédien, je n’imaginais pas qu’on pouvait suivre une formation pour ça. Je viens d’un milieu ouvrier, pour moi ce n’est pas un métier, il faut savoir faire autre chose, ce n’est pas ça la vie « .
Du Heavy Metal aux Années Twist et aux Insolistes
Il commence à chanter dans des petits groupes de rock heavy metal en Belgique mais » c’était le principe underground, on a une cave, on répète et puis ça ne marche jamais ! « . Vivant difficilement le fait de ne pas chanter pour des gens, il décide d’arrêter, de sortir de son » petit enfermement » et rentre dans un groupe de bal. » Là, j’ai commencé à m’ouvrir à autre chose que le rock, à la variété par obligation, faut avouer que ce n’était pas ce qui me faisait le plus rêver ! « . Mais comme il l’admet lui-même » le temps passe, l’esprit s’élargit » et puis » le but du jeu c’est de pouvoir chanter, si tu ne chantes pas, tu n’évolues pas « .
Puis un jour, il entend parler d’auditions pour Les Années Twist, le spectacle musical de Roger Louret. Il vient donc à Paris et passe avec succès l’audition. Et de s’exclamer en riant, » jamais de ma vie je n’aurais imaginé me retrouver dans un spectacle musical comme Les Années Twist, pour moi qui venais du heavy metal c’était carrément aux antipodes ! « . Et pourtant le voilà embarqué dans une longue aventure : plus de 600 représentations mais aussi Les Z’Années Zazous en tournée. Même si au début ça n’a pas été facile (danser le twist en particulier !), il reconnaît que cette expérience lui a beaucoup apporté. » C’est pour moi une avancée primordiale, ça m’a ouvert l’esprit et permis de découvrir d’autres possibilités et capacités. J’en ai retiré énormément de bénéfices « . Ce qui ne l’empêche pas de jeter un regard critique sur l’évolution du spectacle. » De la genèse des Années Twist, je garde un souvenir absolument impérissable parce que c’était une véritable aventure humaine, mais ensuite c’est devenu une grosse machine, beaucoup d’aspects humains ont disparu et ça a cessé de m’intéresser « . Il décide donc de quitter la troupe. » Ca ne collait plus, je n’avais plus la motivation pour rester « .
Début 1998, Pablo crée avec sa compagne Marie Vinoy et deux amis un spectacle : Les Insolistes. » On a monté ce spectacle à cinq avec Grégori Baquet (actuellement dans la troupe de Roméo et Juliette) comme oeil extérieur au départ « . Ce spectacle humoristique, joué et chanté, est composé de chansons allant de la fin du 19ème siècle jusqu’au début des années 70. » On l’a présenté au Festival d’Avignon en 1999 où ça s’est extrêmement bien passé, on a bénéficié d’un bon bouche à oreille « . Mais ensuite tout ne se passe pas au mieux. » L’effort en amont nécessaire à tout spectacle n’a pas été fait totalement ou convenablement « . Et de regretter, » on est toujours avec ce spectacle là qui n’a finalement pas réussi à vraiment décoller « , mais il garde espoir » ce n’est peut-être que partie remise car c’est un projet auquel je continue de tenir fortement « .
Fier de faire partie des Dix Commandements
C’est pendant qu’il joue à Avignon que Pablo reçoit un coup de téléphone de Pascal Obispo qui lui demande de venir passer l’audition pour Les dix commandements. » Avec Obispo, on s’était déjà croisé à plusieurs reprises mais la dernière fois c’était il y a bien longtemps. Quand Anne Warin (qui joue Yokébed) lui a parlé de moi, il a réalisé que je correspondais à son idée du personnage de Josué. Mais il ne m’avait jamais entendu chanter, j’ai donc passé l’audition et il faut croire qu’il a été convaincu ! « . Pablo avoue avoir été séduit d’emblée par » l’aspect classieux » des Dix Commandements, par les moyens mis en oeuvre et aussi par la présence dans la troupe de deux amis proches (Anne Warin et Ahmed Mouici (Pharaon)). » Il y avait suffisamment d’éléments qui faisaient que pour moi c’était absolument incontournable de me lancer dans cette aventure là, je ne pouvais pas passer à côté de cette mise en lumière « . Il admet que » si ça n’avait pas été Les Dix Commandements mais une autre des comédies musicales françaises actuelles, je pense que j’aurais été capable de refuser et que j’aurais préféré continuer avec Les Insolistes, je n’aime pas faire les choses uniquement pour des raisons alimentaires « .
Il ne regrette pas de s’être investi dans Les dix commandements et se réjouit de sa rencontre avec Elie Chouraqui. » Ce que j’apprécie particulièrement c’est l’esprit général dans lequel s’est monté ce spectacle, un esprit insufflé par Elie Chouraqui. En tant que producteur il a pris des risques considérables et jamais, à aucun instant, il ne nous l’a fait sentir. Jamais on n’a eu la moindre pression même artistique. C’est un homme qui gère bien le facteur humain « . A propos de facteur humain, outre la mise en scène qu’il juge remarquable pour les beaux moments d’émotion qu’elle amène, l’autre point fort du spectacle pour Pablo c’est incontestablement la qualité artistique de la troupe. » Avec les chanteurs, c’est une claque permanente. Quant aux danseurs, ils sont plein de jeunesse, de fougue et de talent « . Même s’il reconnaît que » c’est sûr il y a toujours à redire « , il rappelle que » c’est avant tout du spectacle, de la détente et du rêve. Et le plus important c’est que le public a l’air d’adhérer en masse et finit debout tous les soirs « . On l’aura compris, Pablo se sent bien dans ce spectacle. » Très sincèrement, bien que je sois un ancien ?heavy-métaleux’, je suis fier de participer à cette aventure « .
Au sujet de sa mise en avant avec la sortie du single » La peine maximum « , il avoue être heureux et avec modestie et un brin d’humour il se contente de dire » j’ai 35 ans, je sors mon premier single, c’est bien « . Quand on lui demande s’il n’est pas déçu de n’avoir qu’un solo et deux duos dans le spectacle, il répond avec franchise » bien sûr pour un chanteur c’est assez frustrant » puis il raconte en riant l’anecdote suivante » le soir de la première, quand j’ai eu fini de chanter mes chansons et que je me suis retrouvé en coulisses, je me suis dit ‘mon pauvre vieux, là tu ne chantes plus, terminé’ « . Mais plus sérieusement il est conscient de faire d’abord partie d’une troupe. » Je me fais un devoir de ne pas être qu’un chanteur, la chanson est au service de mon personnage. Je suis avant tout un acteur du spectacle « .
Un avenir pour la comédie musicale en France
Même si pour le moment il se consacre entièrement aux Dix Commandements, il n’oublie pas pour autant ses projets personnels. Outre Les Insolistes, il espère que » la conjoncture sera plus favorable pour réaliser un album sur lequel il travaille depuis longtemps « . Et puis il n’exclut pas de rejouer dans une comédie musicale » si le thème est intéressant, si c’est fait avec sérieux avec des gens de talent, si je me sens bien dedans, alors pourquoi pas ? « . Il refuse de se laisser enfermer dans un genre, il veut pouvoir faire tout ce dont il a envie.
Sur le phénomène des comédies musicales à la française et sur l’avenir du genre en France, il a sa propre analyse. S’il admet que pour le moment c’est un phénomène de mode, il précise que » il n’y a rien qui existe aujourd’hui qui n’ait pas été d’abord un phénomène de mode « . Il poursuit » pour le moment je ne suis pas sûr que des petits budgets permettent d’imposer des spectacles musicaux dans la mesure où, pour qu’un tel spectacle fonctionne, il faut d’abord enregistrer l’album pour donner envie aux gens de venir voir le spectacle. En cela on travaille à l’envers des anglo-saxons. Il faudra sans doute que ça continue ainsi encore quelque temps, mais quand le genre sera bien installé, ce ne sera plus un passage obligé et alors des comédies musicales pourront fleurir à foison « . Optimiste Pablo, espérons qu’il voit juste.
Au fait, vous voulez savoir quelle est sa « peine maximum » à lui ? » Ma peine maximum, elle est permanente, c’est mon combat avec moi-même « . Avant de conclure avec malice en hochant la tête » et oui, ce n’est pas facile tous les jours « . Comme quoi, le succès ne lui est pas monté à la tête !