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Notre Dame de Paris

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Comédie musi­cale de Richard Coc­ciante (musique) et Luc Pla­m­on­don (livret et paroles)
Mise en scène : Gilles Maheu
Choré­gra­phie : Mar­ti­no Muller. Arrange­ments musi­caux : Richard Coc­ciante, Serge Pérathon­er, Jan­nick Top
Avec (en alter­nance): Hélène Ségara (Julie Zenat­ti), Garou (Matt Lau­rent), Daniel Lavoie (Her­bert Léonard), Bruno Pel­leti­er (Syl­vain Cos­sette, Michel Cer­roni), Patrick Fiori (Richard Charest), Luck Mervil (Rod­dy Juli­enne), Véron­i­ca Antico. 

Notre Dame en majesté

L’un des aspects les plus exci­tants du théâtre et de la scène est de revenir à inter­valles réguliers : les « musi­cals » vieil­lis­sent plus ou moins bien, pren­nent de la bouteille ou au con­traire se repren­nent, bref, ils sont comme vous et moi, des êtres de chair et de sang ‘enfin presque !), ce qui mar­que la supéri­or­ité du spec­ta­cle vivant et évo­lu­tif sur le ciné­ma figé.
Un an après, com­ment donc se porte Notre Dame de Paris, désor­mais estampil­lé « phénomène de société de cette fin de siè­cle », au moment où ses inter­prètes, propul­sés stars de la chan­son, s’ap­prê­tent à pass­er la main à une nou­velle distribution ?
En fait, remar­quable­ment bien. En tournée en France et ailleurs (je l’ai vu à Brux­elles en mat­inée et soirée du 25 sep­tem­bre 1999) avant le grand retour parisien de févri­er 2000, Notre Dame est une grande réus­site qui touche tou­jours autant un pub­lic tour à tour atten­tif, par­tic­i­patif et ému même s’il n’a plus le respect tétanisé du début. Le spec­ta­cle, loin de la scène trop grande et glaciale du Palais des Con­grès, a gag­né en con­ci­sion et chaleur, les lumières sont plus belles et la mise en scène plus resser­rée. Les défauts demeurent (pas de musi­ciens en direct, un livret un peu erra­tique) mais ces amélio­ra­tions les ont ren­du moins pregnants.
La grande ques­tion pour tous ceux qui ont acheté leurs bil­lets des mois à l’a­vance sans savoir si Hélène, Garou ou Patri­i­i­ick joueraient eux-mêmes leurs rôles, c’est de savoir com­ment s’en sor­tent les « petits nou­veaux » (l’al­ter­nance est de règle entre anciens et nou­veaux et rien n’est annon­cé à l’avance !).
Dis­ons le tout net : ils sont à la hau­teur. Michel Cer­roni a la lourde tâche d’ou­vrir le spec­ta­cle quand tout le monde attend encore Bruno Pel­leti­er et s’en sort avec les hon­neurs. Matt Lau­rent est un Qua­si­mo­do moins mas­sif que Garou (ce dernier, avec son 1m 92, don­nait à son per­son­nage un côté plus bes­tial) mais très promet­teur. Quant à Richard Charest, nou­veau Phoe­bus, j’ai un scoop pour vous les filles : ce garçon va explos­er dans les mois qui viennent.
Mais la vraie vedette de Notre Dame, c’est bien sûr désor­mais Julie Zénat­ti. Elle était une mag­nifique Fleur-de-Lys l’an dernier et elle a gag­né ses galons ain­si. Oserai-je l’avouer ? Je la trou­ve en tous point supérieure à Hélène Ségara : elle a une présence extra­or­di­naire, joue et bouge beau­coup mieux sur scène et elle a une voix à tomber par terre. Son rôle de Fleur-de-Lys est repris par Véron­i­ca Anti­co, une jeune fille for­mi­da­ble que nous avions dis­tin­guée l’an dernier dans le naufrage de Méga­lopo­lis. A elles deux, elles illu­mi­nent le spectacle.
Par­mi les anciens tou­jours act­ifs lors de mon pas­sage, Luck Mervil et Bruno Pel­leti­er ont une présence tou­jours aus­si forte et une jubi­la­tion intacte. On sent en revanche une las­si­tude chez Daniel Lavoie dans un rôle qui l’a sans doute usé plus vite que les autres. Nadia Bel, dou­blure d’Es­mer­al­da depuis l’o­rig­ine, a une très belle voix mais une présence qui demande encore à se développer.
Les bil­lets pour la tournée et le retour à Paris sont, dit-on, déjà tous ven­dus. L’avenir sem­ble donc déjà nous garan­tir une troisième sai­son de Notre Dame de Paris. Au vu de l’évo­lu­tion du spec­ta­cle, on ne saurait s’en plaindre.