
Jean-Michel Fournereau, pourquoi avez-vous créé ce festival ?
Au départ, nous avons voulu créer un festival de théâtre musical car nous trouvions que ce genre était sous-représenté. Je revenais d’Allemagne où j’avais découvert des formes musicales très variées, alors qu’ici, la comédie musicale a mauvaise réputation. Tout est très cloisonné. Nous avons voulu montrer qu’il pouvait y avoir des comédies musicales « sérieuses » en montant Un violon sur le toit qui parle des pogroms, ou encore L’Homme de La Mancha qui évoque l’Inquisition espagnole. Pour l’opéra, c’est l’effet inverse, pour le grand public, c’est considéré comme étant « chiant ». Nous avons voulu montrer des opéras très drôles, sur des sujets actuels. Nous avons proposé des oeuvres qu’on ne voit pas forcément ailleurs. Enfin, ce festival est aussi né du désir de faire bouger ma ville !
Comment ce festival a‑t-il évolué depuis 13 ans ?
Nous avons tout créé sans subventions au départ. Nous avions peu de spectacles et que des petits budgets. Au bout de la cinquième année, nous avons eu le soutien du Département, puis celui de la Région et de la DRAC au bout de la huitième. Le festival s’est donc étoffé d’année en année. Nous avions une moyenne de 30 spectateurs par soir la première année mais nous en sommes à 500 aujourd’hui, sans parler des spectacles de rue qui peuvent réunir plus de 1.000 spectateurs par soir.
Comment faites-vous votre sélection ?
Nous essayons de proposer un programme riche en contrastes et d’avoir au moins un représentant dans les catégories suivantes : lyrique, comédie musicale, cabaret / chanson. Nous privilégions les mises en scène originales. Cette année, nous aurons cinq spectacles en soirée, un spectacle jeune public et une dizaine d’apéros concerts gratuits.
Vous allez notamment mettre en scène Anges et Démons, de Laurent Couson et Dorine Hollier.
Tout à fait, et c’est la première fois que nous avons un spectacle aussi lourd et ambitieux. Il y a 13 chanteurs et 15 musiciens. Pour cette production, j’ai voulu travailler une nouvelle mise en espace. Il y aura donc un nouveau décor, qui est une structure métallique sur deux niveaux symbolisant l’enfer et le ciel et représentant une horloge géante. Quant à la distribution, il y a environ la moitié des chanteurs originaux qui reviennent. J’avais une vision un peu différente de certains personnages et j’avais envie d’essayer d’autres physiques, une autre façon d’aborder les rôles.
Qu’envisagez-vous pour le futur ?
Nous aimerions bien qu’Auray soit un petit Avignon du théâtre musical, que les passionnés viennent en sachant qu’il y aura un riche éventail de la création musicale. Et puis, nous nous ouvrons progressivement à toutes les formes musicales où le chanteur est aussi acteur et réciproquement, du lyrique à la chanson théâtralisée. Nous espérons petit à petit avoir des moyens plus importants et se développer sur plusieurs lieux où le public pourra découvrir une vingtaine de compagnies différentes.