Célèbre grâce à sa chanson titre popularisée par Liza Minnelli ou Frank Sinatra, ce film de 1977 signé Martin Scorcese est un hommage gigantesque à la comédie musicale de l’âge d’or hollywoodien. Le réalisateur le confirme : l’hommage est post-mortem, la comédie musicale ayant cessé d’exister à partir des années 1960 en dépit de quelques soubresauts (West Side Story, My Fair Lady, Hello Dolly). Si on ajoute que durant les années 70, c’est Hollywood lui-même qui lutte financièrement pour sa survie, victime des assauts de la télévision, nous conclurons que New York, New York ressemble à une tentative folle de refaire danser un mort par un médecin sous perfusion …
Se déroulant entre 1945 et 1975, le long-métrage raconte l’histoire d’un ombrageux joueur de saxophone (Robert DeNiro) et d’une chanteuse douée (Liza Minnelli). Ils sont unis maritalement et rivaux artistiquement. Si vous connaissez le film, les commentaires audio de Martin Scorcese (activables en option) apportent des enrichissements considérables qui renouvellent l’intérêt du film. Ils mettent en perspective les intentions du réalisateur et les évocations des films qui l’ont inspiré. C’est érudit, précis et pertinent tout en restant accessible. À ce jeu-là, Scorsese s’avère plutôt bon pédagogue. Les intrépides essaieront les voix du film en français, et les sous-titres en français des commentaires, le tout en simultané. L’exercice est stimulant pour un amoureux du cinéma, il apporte une vue panoramique sur le pourquoi du devant et de derrière la caméra. Mais ce traitement de choc est à réserver à ceux qui sont déjà familiers avec le film et veulent en savoir plus.
Le profane se tournera de préférence vers une projection normale. Le film de 2h50 environ est baroque et crépusculaire. Cette version comprend « Happy Endings », film dans le film et point culminant de l’hommage à la comédie musicale. « Happy Endings » vient en contrepoint ironique d’un film assombri par le personnage caustique et irritant incarné par Robert de Niro. C’est la conséquence du choix artistique du réalisateur : braquer sans prendre de gants le projecteur sur des forçats anonymes dans un genre musical — le jazz de big-band — qui périclite après la victoire de 1945. Les personnages ne sont donc pas forcément sympathiques car ils luttent pour leur survie artistique. Cette crudité occasionne des moments inconfortables, mais en contrepartie il y a des instants grandioses notamment l’ouverture virtuose et les scènes musicales en général. Avec ses qualités et malgré les indéniables défauts cités ci-dessus, New York, New York reste un monument très amoureux sur le cinéma musical, à la fois pour ceux qu’il montre et ce qu’il fait revivre.
La qualité d’image est assez marquée années 70, avec une sensation d’images « liquides » et sombres. Si cela est troublant au début, on s’y fait vite en leur attribuant un cachet d’époque. Techniquement, le film est impeccable compte tenu du matériau d’origine.
La chanson titre « New York, New York » a été écrite par John Kander (musique) et Fred Ebb (paroles). Les créateurs étaient également associés pour Cabaret ou Chicago. Ils font partie des vieux routiers de Broadway mais leur association a hélas pris fin en septembre 2004 avec la disparition de Fred Ebb.
Cette édition DVd est accompagnée d’un petit livret de 8 pages avec des photos et un texte de présentation et d’anecdotes.