Un rockeur raté qui vient de se faire renvoyer de son propre groupe décide d’usurper l’identité de son ami et colocataire afin de devenir professeur de musique remplaçant dans une école privée à cheval sur le règlement. Il va alors créer un groupe de rock avec ses élèves dans le plus grand secret et essayera de gagner un concours de rock dans un club local.
Notre avis :
Adapté du film du éponyme mettant en avant le comédien Jack Black (avec quelques apparitions d’Adam Pascal, le tout premier Roger de Rent), Andrew Lloyd Webber signe là une magnifique version. Avec quatorze nouvelles chansons ajoutées à celles présentes dans le film, ce musical terriblement rock dépoussière le Winter Garden Theatre qui a récemment vécu l’échec de la production de Rocky. Utilisant tous les codes de la comédie musicale habituelle (une chanson d’ouverture avec le personnage principal chantant son but, un problème survenant dans celui-ci et la résolution du problème), School of Rock est néanmoins très rafraîchissant. Et cela est dû aux de treize enfants sur le plateau tous les soirs avec une pêche incroyable qui donne envie aux spectateurs de monter sur scène pour faire du rock. Car ce musical repose entièrement sur eux, constamment présents et pratiquant tour à tour le chant, la danse, la comédie et aussi la musique. Soutenus par un orchestre, ces petits génies feraient pâlir de jalousie les plus grands musiciens, tant ils sont doués à leur âge, le plus étonnant restant la prestation d’acteurs de chacun d’entre eux, que l’on peut remarquer à tour de rôle, et qui évolue au fur et à mesure de l’histoire. Sans aucun doute ces enfants ont tout compris au jeu de comédien et relèguent leurs collègues adultes au second plan. Une mention spéciale à l’extraordinaire Bobbi Mackenzie qui joue le rôle de Tomika et qui, du haut de ses onze ans, chante merveilleusement a cappella en nous donnant des frissons pendant plusieurs minutes. Une artiste à suivre sur la grande avenue.
Ainsi, si vous passez par New-York et que vous êtes en compagnie d’amis réfractaires à la comédie musicale, n’hésitez pas à pousser la porte de cette école hors norme qui leur fera changer d’avis et passer un bon moment qui changera un peu du Roi Lion ou de Wicked.
School of Rock est au Winter Garden Theatre, 50th street et Broadway. Jusqu’en octobre 2016, du mardi au dimanche. Plus d’informations : http://schoolofrockthemusical.com/
Inspiré de l’histoire d’Alison Bechdel et de sa bande dessinée autobiographique du même nom, Fun Home suit le parcours d’Alison, une jeune fille qui découvre à l’université qu’elle est attirée par les filles. On la voit tour à tour à l’enfance, à l’université et à l’age de quarante ans. On suit tout particulièrement les relations qu’Alison a entretenues avec son père.
Notre avis :
Récompensé par cinq Tony Awards dont celui du meilleur musical en 2015, Fun Home est sans aucun doute notre coup de cœur parmi les trois spectacles.
Il n’y a aucun bémol a reprocher à cette production tant elle bouleverse par le sujet sublimé par le moindre élément de scénographie, lumière et mise en scène.
Installé dans le Circle in the Square Theatre, ce théâtre, comme son nom l’indique, est construit comme une piste de cirque, les spectateurs se trouvant en gradins et entourant la scène à 180 degrés. On se retrouve dans le salon de la famille Bechdel qui parfois se transforme en funérarium, lieu de travail du père de famille, ou bien en université quand Alison est plus âgée. L’ingéniosité du système de plateau, tournant par endroits, ainsi que la simplicité des décors installe tout de suite une intimité avec le public qui est tout de suite pris par l’émotion de cette histoire. Ainsi, parfois tour à tour et parfois toutes ensembles, les trois Alison, représentant trois âges différents de ce personnage, se partagent la scène sans difficulté offrant toutes les trois une prestation remarquable. La présence de la jeune Alison, particulièrement lors de la chanson Ring of Keys laisse le public dans l’incapacité d’applaudir, tant la jeune comédienne/chanteuse nous transmet son émotion dans la justesse. Notons le travail précis du créateur sonore, Kai Harada qui nous fait oublier la sonorisation des artistes et nous force à tendre l’oreille dans les moments non chantés, ce qui est très rare à Broadway, mais par ce principe simple, nous invite à nous immiscer dans la vie d’Alison Bechdel, comme si nous écoutions aux portes.
Une seule recommandation pour aller voir Fun Home : essayez de ne pas lire l’histoire intégrale avant d’y entrer, cette famille se chargera de tout vous révéler sans détours.
Fun Home est au Circle in the Square Theatre, 235 West 50th Street. Jusqu’en octobre 2016, du mardi au dimanche. Plus d’informations : http://funhomebroadway.com/
Something Rotten, comprenez littéralement « quelque chose de pourri », raconte l’histoire de deux frères souhaitant écrire une pièce ayant autant de succès que leur ennemi : William Shakespeare.
Notre avis :
Mené par le trio impeccable et décapant : Christian Borle (gagnant du Tony Awards du meilleur acteur pour ce rôle) dans le rôle de William Shakespeare et Brian D’Arcy James et John Cariani dans le rôle des deux frères Bottom, Something Rotten est indéniablement une comédie hilarante. Elle nous étonne car très différente des spectacles habituellement à l’affiche à Broadway et nous surprend par son humour pinçant et ses nombreuses références musicales. Enchaînant les chansons et les numéros dansés (dont un excellent de claquettes), Something Rotten ne se prend pas au sérieux et en profite pour se moquer gentiment des fans de comédies musicales. Le public en ressort avec le sourire et l’envie de voir encore plus de rideaux rouges se lever. Malgré tout, le spectacle reste extrêmement drôle pour les fans du genre mais met un petit peu à l’écart les novices qui ne connaîtraient pas par cœur les répliques de Chicago en passant par Cabaret.
Something Rotten est au St James Theatre, 246 West 44th street entre le 7eme et la 8eme avenue. Jusqu’en septembre 2016, du mardi au dimanche. Plus d’informations : http://rottenbroadway.com/