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My Fair Lady (Critique)

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My Fair LadyMusique : Fred­er­ick Loewe.
Livret et lyrics : Alan Jay Lerner.
Direc­tion musi­cale : Jayce Ogren.
Mise en scène : Robert Carsen.
Décors : Tim Hatley.
Cos­tumes : Antho­ny Powell.
Choré­gra­phie : Lynne Page.
Lumières : Adam Silverman.

Avec : Kather­ine Man­ley ou Chris­tine Arand, Alex Jen­nings, Nicholas Le Pre­vost, Don­ald Maxwell, Car­o­line Black­iston, Ed Lyon, Lee Delong…

Orchestre Pas­de­loup & le choeur du Châtelet.

Pro­duc­tion sur­titrée en français.

Notre avis (écrit en 2011) :

Clas­sique par­mi les clas­siques, créée sur scène par Julie Andrews, puis immor­tal­isée à l’écran par Audrey Hep­burn, My Fair Lady, la comédie musi­cale de Lern­er and Loewe, illu­mine la scène du Châtelet pour les fêtes de fin d’an­née. Adap­ta­tion musi­cale de Pyg­malion, la pièce de Bernard Shaw, My Fair Lady racon­te l’his­toire d’un défi : celui de Hig­gins, émi­nent – et misog­y­ne – pro­fesseur de phoné­tique qui promet de trans­former une petite marchande de fleurs en véri­ta­ble lady en lui enseignant le lan­gage de la haute société. Le spec­ta­cle (1956) comme le film (1962) ont tri­om­phé en leur temps et sont restés dans les annales, de même que leurs interprètes.

Pour cette nou­velle pro­duc­tion (en anglais, avec sur­titres), le met­teur en scène Robert Carsen s’est entouré de comé­di­ens par­ti­c­ulière­ment fam­i­liers de cette oeu­vre. Alex Jen­nings (Pro­fesseur Hig­gins) avait rem­porté un Lau­rence Olivi­er Award pour son inter­pré­ta­tion de ce même rôle en 2003, et Nicholas Le Pre­vost (Colonel Pick­er­ing) reçut une nom­i­na­tion pour sa per­for­mance. Tous deux fai­saient par­tie de la pro­duc­tion de Cameron Mack­in­tosh, orig­inelle­ment créée au Nation­al The­atre de Lon­dres. On retrou­ve égale­ment Jen­ny Gal­loway (« la » Thé­nardier des Mis­érables) en Mrs Pierce. A leurs côtés, Sarah Gabriel (en alter­nance avec Chris­tine Arand), jeune espoir lyrique, campe une Eliza d’une grande fraîcheur et tout à fait attachante, même si on aurait peut-être aimé de la voix de poitrine (du « belt » comme dis­ent les Améri­cains) dans les chan­sons plus énergiques (« Just You Wait », « Show Me »).

Avec cette jolie dis­tri­b­u­tion, Robert Carsen pro­pose une mise en scène clas­sique mais visuelle­ment très sophis­tiquée. Les décors de Tim Hat­ley — que cer­tains trou­veront peut-être min­i­mal­istes – décli­nent le blanc dans toutes ses nuances, du crème à l’ivoire, mais con­fèrent à la pro­duc­tion une extrême élé­gance et un cachet cer­tain. Les mag­nifiques cos­tumes d’An­tho­ny Pow­ell n’en ressor­tent que mieux. A cet égard,les scènes d’ensem­ble sont par­ti­c­ulière­ment réussies (les cours­es d’As­cot, le bal des Ambas­sades) qu’on en oublie les quelques longueurs du spec­ta­cle (3 heures 15 au total) et l’aspect répéti­tif des airs d’Hig­gins, ce fameux « par­lé-chan­té » (écrit spé­ci­fique­ment pour Rex Har­ri­son, créa­teur du rôle) qui peut finir par lass­er. Quant à « Get Me To The Church In Time », le « eleven o’clock num­ber » typ­ique des spec­ta­cles de cette époque, apporte une énergie com­mu­nica­tive et l’on se dit qu’un peu plus de fan­taisie aurait pu être dis­til­lée au long du spectacle.

Enfin, on ne peut pas ne pas citer l’orchestre Pas­de­loup sous la direc­tion de Kevin Far­rell. Il devient qua­si­ment impos­si­ble de nos jours, pour des raisons économiques, d’en­ten­dre à Broad­way un clas­sique joué par un nom­bre con­séquent de musi­ciens (il suf­fit de com­par­er la taille des orchestres pour A Lit­tle Night Music à Broad­way et au Châtelet). Cette pro­duc­tion nous per­met de savour­er la par­ti­tion de Fred­er­ick Loewe et dès l’ou­ver­ture, la célèbre attaque de cordes séduit par son ampleur.

My Fair Lady est donc un spec­ta­cle à appréci­er dans sa beauté clas­sique, telle une page incon­tourn­able de l’his­toire du théâtre musical.