Livret : Dove Attia et François Chouquet
Musique : Jean-Pierre Pilot, Olivier Schultheis, Rogrigue Janois, William Rousseau, Dove Attia, François Castello… et Wolfgang Amadeus Mozart
Texte des chansons : Vincent Baguian, Patrice Guirao et Dove Attia
Mise en scène : Olivier Dahan
Chorégraphie : Dan Stewart
Avec : Mikelangelo Loconte, Claire Perot, Florent Mothe, Melissa Mars, Solal, Maeva Meline, Delphine Grandsart, Marie Lenoir, Merwan Rim, Yamin Dib, Mathias Jung, Patrice Maktav, Jean-Michel Meunier, Nuno Resende, Estelle Micheaud,…
Audacieux projet que de monter un opéra rock sur la vie de Mozart en faisant se côtoyer chansons pop-rock et extraits d’œuvres du grand compositeur. Outre ce mélange de rock et de classique, Mozart l’Opéra rock marque une véritable évolution par rapport aux grands spectacles musicaux de ces dernières années : des chansons mieux écrites, moins formatées et sirupeuses, un récit mieux construit laissant plus de place à la comédie et des chorégraphies moins envahissantes et systématiques. Saluons également que pour la première fois depuis Ali Baba, tout (ou presque) est joué en live. Malheureusement, le son est tellement fort et mal réglé qu’on a beaucoup de mal à comprendre les paroles des chansons. Néanmoins, on suit l’histoire grâce aux scènes de comédie plutôt bien écrites. D’ailleurs, avec une part de comédie aussi importante, Mozart s’apparente plus à un musical qu’à un opéra rock où par définition tout est chanté.
Si le début du premier acte est plaisant, la deuxième moitié souffre d’une faiblesse dramaturgique, déçoit avec des chansons dont on ne comprend pas le rapport avec la situation (« Bim boum », « Tatoue-moi », « Je dors sur des roses ») et un improbable et risible tableau des muses. En revanche le deuxième acte s’avère plus intéressant et fonctionne mieux. C’est là qu’entre en scène Saliéri, le compositeur officiel de la Cour d’Autriche qui vit très mal la concurrence de Mozart bien meilleur que lui. Malgré une exposition trop rapide, son personnage tourmenté à l’extrême, certainement excessif par rapport à la réalité, permet des tableaux noirs et fantasmagoriques (« Le Bien qui fait mal« , « L’assasymphonie« ) qui contrastent avec des tableaux plus légers et amusants (« Si je défaille », « Les solos sous les draps »). C’est aussi dans cet acte que la musique de Mozart est la plus présente avec des extraits de L’enlèvement au sérail, des Noces de Figaro et du Requiem interprétés fidèlement par une formation classique et une talentueuse chanteuse lyrique, Estelle Micheaud. Le dernier tableau, la mort de Mozart, très fort et chargé d’émotion termine le spectacle en beauté.
Malgré son accent italien qui peut gêner la compréhension, Mikelangelo Loconte incarne avec sincérité un Mozart rebelle et impertinent, insouciant et grave. Ce n’est certes pas un grand comédien mais il dispose d’un certain charisme. Sombre et énigmatique à souhait, Florent Mothe campe un Saliéri froid et monocorde dans ses scènes parlées mais qui, dans ses chansons, exprime violemment sa folie intérieure, sa haine mêlée d’admiration pour Mozart puis sa culpabilité d‘avoir contribué à sa déchéance. C’est regrettable qu’il soit tant à la peine dans les aigus. Quant à Claire Pérot (inoubliable Sally Bowles dans Cabaret), on la retrouve avec plaisir dans le rôle de Constance Weber. Mutine et touchante, elle apporte au spectacle fraîcheur et légèreté. Mention spéciale au drôlatique Yamin Dib, irrésistible dans son personnage de Rosenberg, le teigneux et zélé intendant de l’empereur Joseh II.
Les décors nombreux et variés, allant du dépouillé au majestueux en passant par le kitsch, et les costumes 18ème siècle avec quelques touches extravagantes et contemporaines donnent au spectacle une belle esthétique. Pour sa première expérience sur un spectacle, Olivier Dahan (réalisateur du film La Môme) signe une mise en scène inspirée, pas trop chargée, jouant sur les ruptures d’ambiance et les éclairages particulièrement réussis. Bien intégrées à la mise en scène et en cohérence avec le récit, les chorégraphies de Dan Stewart mêlent classique et moderne et réservent quelques bonnes surprises par leur originalité et leur côté décalé anachronique dans l’humour comme dans la noirceur sulfureuse.