Un spectacle co-écrit par Marianne James et Sébastien Marnier
Mise en scène : Éric-Emmanuel Schmitt et Steve Suissa
Avec Marianne James, Pablo Villafranca, Bastien Jacquemart, Romain Lemire et Phillippe d’Avilla
Dix ans après Ulrika Von Glott de L’Ultima Récital, Marianne James incarne un nouveau personnage débridé et haut en couleurs, taillé à sa « démesure », à la fois baroque, tempétueuse et fantasque : Miss Carpenter !
Miss Carpenter n’a pas l’âge de ses artères ; elle se voit toujours l’actrice belle et admirée qu’elle était.. au milieu du XXe siècle. Mais le temps et ses outrages — et surtout la crise et les huissiers — l’obligent un jour à sortir la Jaguar pour aller décrocher un rôle…
Chanter, danser, jouer la comédie, Miss peut tout faire ! Mais les auditions s’enchaînent au rythme des refus et des humiliations… Comment retrouvera-t-elle la flamme qu’elle dit avoir laissée à Hollywood ? Le succès sera-t-il à nouveau au rendez-vous ? Pour Miss, tous les excès sont permis lorsque l’on parle de son talent !
Notre avis (novembre 2013 au Théâtre Rive Gauche) :
Diva d’un jour, diva toujours ! Et Marianne James, co-auteure du spectacle, n’est jamais mieux servie que par soi-même dans ce qui constitue principalement une succession de sketches destinés à mettre en valeur ses multiples talents – ceux-là même qu’elle avait révélés sous les traits d’Ulrika von Glotte – au gré, reconnaissons-le, d’une histoire relativement ténue. Après une carrière à Hollywood qu’on imagine glorieuse, Andrée Carpentier Miss Carpenter, quatre-vingt-trois ans au compteur, « Best Actrice, Oscar nineteen sixty-seven », menacée d’être radiée par son conseiller Pôle-Emploi et de fait obligée de courir les auditions à petit budget, impose sa silhouette, son abattage, son charisme, son verbe haut, sa repartie, sa voix lyrique et ses caprices.
Malgré une mise en scène plutôt efficace qui rend fluides les transitions entre la « vraie » vie de l’héroïne et celles de ses rôles – jusqu’à les confondre –, on n’échappe ni à quelques baisses de rythme, ni à quelques vulgarités ou autres formes d’humour discutable. Mais qu’importe : le grotesque des situations, le piquant des répliques, une bonne dose de parodie et la vivacité des numéros musicaux, plus quelques adresses au public qui font mouche et autres clins d’œil à l’Ultima Récital, provoquent sans peine les rires et installent durablement la bonne humeur. Du coup, l’émotion inhérente à des sujets plus graves, comme la vieillesse ou la difficulté à trouver un emploi, ne fait qu’affleurer au cours de la soirée.
Plus qu’un simple faire-valoir, le trio d’hommes qui entoure Miss (Bastien Jacquemart, Romain Lemire et Pablo Villafranca) se montre impeccable de bout en bout, tour à tour toy boys ou domestiques préposés aux bruitages, mais faisant aussi la part belle au jeu et révélant la personnalité de chacun.
Un spectacle drôle et enjoué qui ravira les fans de Marianne James mais pas seulement.