Milton Craig Nealy, quand et comment avez-vous décidé que vous seriez un « performer » ?
Je ne sais pas quand et comment cela a commencé, j’ai toujours voulu faire ça depuis ma plus tendre enfance. Ma mère raconte que, tout petit, je prenais une cuillère ou une brosse à cheveux et je m’en servais comme micro, et je chantais dans toute la maison. Je faisais même des roues ! J’ai toujours voulu chanter et être sur scène.
Quel genre de musique écoutait-on chez vous ?
Toutes sortes de musique. Personne n’est musicien dans ma famille mais tout le monde aime la musique. Ma mère mettait des disques de jazz, de la pop, du rythm’n blues, de la country, des chansons de Broadway. La seule chose qu’elle n’écoutait pas, c’était de la musique classique que j’ai appris à apprécier plus tard.
Quel est le premier spectacle que vous ayez vu à Broadway ?
J’habitais à Chicago et j’ai vu beaucoup de spectacles qui étaient en tournée, mais le premier que j’ai vu à Broadway même, c’est justement Ain’t Misbehavin’ ! Et j’ai adoré !
Vous vous êtes dit : « un jour, je jouerai dedans » ?
Non. En fait, à l’époque, j’étais marié, et ma femme ressemblait à Armelia McQueen, une des interprètes originales. Et comme ma femme est également chanteuse-comédienne, on se disait qu’elle pourrait tout à fait jouer dans ce spectacle. Un an plus tard, il y a eu une audition à Chicago. J’ai accompagné ma femme, et pendant que je l’attendais, le stage manager m’a dit que la production recherchait encore un homme pour la distribution. J’ai passé l’audition de façon tout à fait inopinée. J’ai été engagé… mais pas ma femme.
Vous avez fait vos débuts à Broadway dans la production originale de Dreamgirls, en 1981. Quels souvenirs gardez-vous de cette expérience ?
Le premier jour des répétitions, ce qu’on appelle le « meet-and-greet » où tout le monde se présente et fait connaissance, mon souvenir le plus marquant est que les femmes étaient toutes magnifiques ! Ca a été ma première impression ! Puis, j’ai réalisé que j’étais à New York, que j’allais travailler pour la première fois à Broadway ! Ensuite, j’ai été impressionné par la quantité de talents réunis. Et cela se sentait déjà avec juste un piano et quelques miroirs. C’était magique même si je n’avais aucune idée de ce à quoi le spectacle allait ressembler.
Justement, au cours des répétitions, avez-vous réalisé que Dreamgirls allait être un spectacle aussi marquant ?
Je ne pensais même pas à ça. C’était mon premier spectacle à Broadway, j’étais avant tout très excité et impatient de monter sur scène. Donc, je n’ai pas eu ce recul pendant les répétitions. En revanche, quand on a commencé les previews et que j’ai vu le spectacle, je me suis dit qu’il était incroyable. La technologie, notamment, était incroyable pour l’époque.
Vous avez joué dans un autre grand succès, Miss Saigon, où vous avez interprété le rôle de John, à Londres, Sydney et Broadway. Quels souvenirs gardez-vous ?
C’était génial ! Pendant longtemps, le directeur de casting m’a appelé pour que je passe les auditions mais j’étais à chaque fois sur d’autres spectacles. Finalement, en 1993, au retour d’une tournée de Five Guys Named Moe, le directeur de casting est venu me voir et m’a dit qu’il cherchait quelqu’un pour Miss Saigon à Londres. Je lui ai répondu que j’avais envie de rester un peu à New York, il a insisté pour qu’on fixe un rendez-vous. C’était un mardi. Le vendredi, j’étais à Londres. Je me demandais : ‘Mais dans quoi je me suis fourré !’ car je devais jouer le spectacle la semaine suivante ! Je ne connaissais par le rôle avant ! De là, j’ai joué le spectacle en Australie, puis à Broadway.
Venons-en à Harlem Swing / Ain’t Misbehavin’. Comment décririez-vous le spectacle ?
C’est une revue musicale avec des chansons de Fats Waller, dont certaines que tout le monde connaît. J’étais surpris de voir qu’elles sont connues partout. A Istanbul, où nous venons de jouer, quand nous interprétions le medley final, le public chantait ! Ce qui m’a attiré dans ce spectacle, c’est que j’adore cette période, des années 20 à 40, ces tenues glamour et sophistiquées. Et puis cette musique ! Elle n’a pas d’âge ! Visuellement, c’est très beau, simple mais élégant, un peu coquin parfois.
Vous incarnez un personnage défini ?
Fats Waller avait une personnalité très intéressante, de multiples facettes. Nous sommes cinq interprètes sur scène et nous incarnons divers aspects de sa personnalité. En ce qui me concerne, je suis plus insouciant, je suis celui qui ne se préoccupe pas du lendemain, j’aime m’amuser. Ce n’est pas vraiment un « personnage » et nous utilisons même nos propres prénoms, c’est plus une « personnalité ».
Vous avez déjà joué à Paris ?
Oui, j’ai joué Dreamgirls à Paris, au Palais des Congrès, dans le cadre de la tournée. C’est un lieu si grand où il est difficile d’avoir une connexion avec le public, mais on a eu beaucoup de plaisir à jouer ce spectacle ! J’ai hâte de jouer aux Folies Bergère. J’y étais allé en tant que spectateur avec ma femme, pour notre lune de miel. Je suis ravi aujourd’hui d’être sur scène !
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