Comédie musicale de Gadi Inbar
Adaptation française : Laurence Sendrowicz
Mise en scène : Thomas Le Douarec
Chorégraphie : Sophie Tellier
Avec Grégory Benchenafi, Eric Boucher, Gilles Nicoleau, Jean-Paul Bazziconi, Christian Mulot, Antonio Interlandi, Prisca Demarez, Aurore Delplace, Alexandra Sarramona, Caroline Devismes, Valérie Vogt, Harold Haven, Roman Bonaton, François Doppia.
Quelle bonne surprise ! Voilà bien un spectacle qui démontre qu’il ne faut jamais se faire d’idées préconçues à la simple vue d’une affiche. Contrairement à ce que pourraient laisser penser le portrait iconographique de Mike Brant et le sous-titre « Laisse nous t’aimer », la comédie musicale Mike ne s’adresse pas exclusivement aux fans du chanteur et n’est pas une évocation énamourée, sirupeuse et ringarde en forme de concert hommage. Il s’agit bien là d’une pièce de théâtre musicale qui raconte la destinée tragique d’un chanteur dont on ne connaît au fond que la belle voix, les costumes à paillettes et les chansons guimauves. Fils de parents juifs qui ont vécu l’horreur de la shoah, le jeune Moshé (Mike) a grandi entre un père austère et autoritaire et une mère, rescapée d’Auschwitz où elle a vu sa mère se faire tuer devant ses yeux, hantée par ses cauchemars. Des cauchemars et des traumatismes qui, selon le point de vue de l’auteur Gabi Inbar, expliquent la culpabilité, la fragilité mentale et le mal de vivre qui ont conduit Mike Brant à l’autodestruction. De ses débuts en Israël où il chante des standards d’Elvis Presley et des Rolling Stones à sa découverte par Sylvie Vartan dans un night-club de Téhéran, de sa fulgurante ascension, avec une description impitoyable de l’envers peu reluisant du décor, jusqu’à sa fin tragique, on prend plaisir à suivre cette histoire, entre biographie et fiction mêlant personnages réels et inventés. Les séquences s’enchaînent avec une remarquable fluidité grâce à la mise en scène efficace, parfois décalée et toute en contraste de Thomas Le Douarec où l’humour et la force émotionnelle font bon ménage. Il faut dire qu’il est servi par d’excellents comédiens tous impeccables dans leur(s) rôle(s). Grégory Benchenafi réalise une sacrée performance en incarnant un Mike Brant proche de l’original (accent, voix) sans jamais tomber dans le grotesque du sosie. Il est aussi crédible dans les tableaux chantés avec costume à paillettes et chemise à jabot que dans les moments plus dramatiques et touchants. Tout simplement bluffant.
Même si vous avez des a priori en entrant dans la salle, vous en ressortirez très certainement avec le sentiment d’avoir passé une belle soirée à la fois légère et grave, drôle et émouvante, et pourquoi pas avec …« Rien qu’une larme » dans vos yeux !