Accueil Talent à suivre Mehdi Kerouani — Un comédien pas comme les autres

Mehdi Kerouani — Un comédien pas comme les autres

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Mehdi Kerouani ©DR
Meh­di Ker­ouani ©DR

Quelle a été votre formation ?
Tout a com­mencé à 18 ans par ma ren­con­tre avec Sébastien Cas­tro, le fils d’Oscar, le directeur du Théâtre Aleph à Ivry-sur-Seine. Il m’a pro­posé de pren­dre des cours de théâtre avec son père. Et comme je préférais faire le comique ? ça marche mieux avec les filles (rires) -, j’ai décidé de devenir comédien.
Nous sommes par­tis à Avi­gnon pour jouer Le Cabaret de la dernière chance. Je jouais un serveur. Ensuite, tout s’est enchaîné naturelle­ment. J’ai suivi les cours du théâtre et fait des stages divers : mime, pan­tomime, danse, chant, jeu, etc. On jouait tout le temps !

Le Théâtre Aleph est égale­ment une école de théâtre pluridis­ci­plinaire de plus 100 élèves. Quand avez-vous com­mencé à for­mer les élèves ?
Depuis l’âge de 25 ans, je donne des cours de théâtre au sein de l’é­cole. J’ef­fectue égale­ment des stages auprès de jeunes en dif­fi­culté. Les ado­les­cents nous appor­tent beau­coup. On a une prise directe avec la réal­ité. Pour les stages, nous avons des ado­les­cents en révolte, mal dans leur peau. A la fin du stage, ils ont con­stru­it quelque chose et ont eu le courage de mon­ter sur scène. C’est très posi­tif pour eux. Ils peu­vent repren­dre confiance.
Quand on apprend aux autres, c’est le meilleur moyen de con­tin­uer à apprendre.

En 2000, la Com­pag­nie Aleph est née. Pou­vez-vous nous expli­quer ses activités ?
La com­pag­nie se com­pose de sept comé­di­ens et de cinq musi­ciens. Nous nous con­nais­sons depuis plus de quinze ans ! Nous avons fait notre appren­tis­sage du méti­er et de la vie ensem­ble… Une par­tie de la com­pag­nie donne des cours au Théâtre Aleph, cha­cun dans sa spé­cial­ité. Nous faisons égale­ment des stages et du théâtre d’in­ter­ven­tion dans les col­lèges et les lycées de ban­lieue. Nous créons égale­ment des spec­ta­cles de manière col­lec­tive, de l’his­toire au décor. Ain­si depuis 2000, nous avons mon­té Sam et Lola, Ver­sion orig­i­nale, Jusqu’i­ci tout va bien, In Tem­po Ruba­to, En tous les K et Requiem enchan­té.

En tous les K est un one-man-show. Vous l’avez créé collectivement ?
Mon spec­ta­cle racon­te l’his­toire de la com­pag­nie, ce qu’est notre vie au quo­ti­di­en. Je car­i­ca­ture ? à peine ? cer­tains mem­bres ! Au moment d’écrire mon spec­ta­cle, je voulais écrire sur ma vie, sur le théâtre d’in­ter­ven­tion, sur l’aven­ture sin­gulière de la com­pag­nie et de tout le tra­vail fourni pour réussir.
Finale­ment et avec le recul, ce spec­ta­cle par­le de la pas­sion d’un homme. Ce spec­ta­cle a beau­coup de suc­cès, notam­ment auprès des jeunes. Le plus dur dans la vie, c’est de trou­ver sa pas­sion, son but. Le spec­ta­cle racon­te cette péri­ode charnière, où on décou­vre ce pour quoi on est fait et ce pour quoi on va se bat­tre jusqu’au bout. Je dis sou­vent que je suis un homme de gauche très adroit. Le tra­vail n’ap­par­tient pas qu’à Sarkozy (rires).

Vous avez énor­mé­ment de deman­des pour le théâtre d’in­ter­ven­tion dans les étab­lisse­ments sco­laires. En quoi con­sis­tent vos interventions ?
Nous inter­venons sur des thèmes de préven­tion comme le SIDA ou la drogue devant 150 élèves. Nous com­mençons par jouer un spec­ta­cle et ensuite il y a un débat avec les jeunes pen­dant qu’une autre par­tie des élèves monte quelques petites saynètes qu’ils doivent jouer devant leurs cama­rades. C’est très inter­ac­t­if et très enrichissant pour nous. Et si vous jouez devant un tel pub­lic, vous pou­vez jouer partout. C’est la meilleure école du monde (rires).

Votre impli­ca­tion col­lec­tive et sociale est une des par­tic­u­lar­ités de votre par­cours et de celui de la com­pag­nie. Com­ment con­crète­ment faites-vous pour écrire vos personnages ?
On se réu­nit autour d’un pro­jet. On écrit nos per­son­nages et on les fait évoluer en fonc­tion des remar­ques des uns et des autres. On s’au­to-dirige mutuelle­ment. Pour tra­vailler un rôle, je reste seul et je fais de la musique. Ca me per­met de me recen­tr­er et de réfléchir à mon personnage.

Que peut-on vous souhaiter pour la suite de votre carrière ?
Touch­er tou­jours un plus grand nom­bre de gens. J’aimerais pou­voir mon­tr­er ce qu’on fait avec les jeunes dans les lycées. Mais on ne peut pas les filmer. Ils ont un tal­ent incroy­able et une créa­tiv­ité inex­ploitée. Il faudrait con­stru­ire une uni­ver­sité théâ­trale et réap­pren­dre aux jeunes le goût du tra­vail et à ne pas baiss­er les bras. Ils veu­lent tout, tout de suite. Ca ne marche pas comme ça. Il faut se don­ner du temps pour réussir.