La salle du Grand Rex, décor idéal, a accueilli jeudi 10 mars le classieux Max Raabe et son Palast orchester. Ou comment vivre un bond dans le temps par le biais de cette épatante formation orchestrale de douze musiciens, menés par ce chanteur à l’ironie mordante, pince sans rire, qui introduit chacune de ses chansons par un petit mot senti. Le chanteur fait revivre le répertoire Allemand, Français, Américain, des années 20 aux années 30. On ne serait pas surpris de croiser Christopher Isherwood ou Sally Bowles dans la salle. Elégance extrême, en frac, posture aristocratique teintée d’une décontraction toute germanique, Max Raabe poursuit son entreprise salutaire de séduction du public français. Chaque musicien est installé derrière un mini box aux couleurs (crème et noir) de la formation. Le tout devant un immense rideau blanc agrémenté en son centre d’un gigantesque « M ». Pour mettre l’accent sur un solo ou une mélodie particulière, les musiciens se lèvent, comme il était de coutume. C’est bien simple, le spectateur a le sentiment d’être plongé dans les séquences de films comme Some like it hot ou Purple rose of Cairo… Si la voix sûre, le geste l’est tout autant et le chanteur enchaîne les mélodies sans se prendre au sérieux, à l’aise grâce à une technique vocale à toute épreuve. Secondé par des musiciens hors pair, où les cuivres ont une place de choix (sans oublier les cordes : chaque musicien est multi-instrumentiste). Seule touche féminine, une violoniste sensationnelle recueille des ovations nourries. Installé devant son piano à queue, le pianiste entretient une complicité avec le chanteur, qui se sert de l’instrument pour s’accouder, jambes croisées, pour s’effacer derrière l’orchestre. Entre deux chansons allemandes, s’invitent « Singin’in the rain » ou un titre d’Irving Berlin, ou un « J’attendrai » particulièrement émouvant. Il n’en faudra pas moins pour que ces deux heures de spectacle passent comme un rêve, avec un seul désir : accueillir de nouveau cet artiste qui perpétue la tradition d’un groupe comme les Comedian Harmonists.
De nombreux enregistrements existent. Max Raabe a d’ailleurs sorti, chez Decca, un nouvel opus : « Küssen kann man nicht alleine ».
Toutes les informations sur Max Raabe sur le site du Palast orchester.