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Master class

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Une pièce de Ter­rence McNally
Mise en scène : Didi­er Long
Avec : Marie Laforêt, Leïla Ben­hamza, Maud Darizcuren, Juan Car­los Echev­ery, Fred­er­ic Rubay, Olivi­er Hardouin

1972 . Maria Callas a per­du sa voix et donne sa dernière Mas­ter Class. Par­mi les audi­teurs de la Jul­liard School of Music, le jeune Ter­ence McNal­ly, futur cri­tique lyrique du New York Times, prend des notes , pas­sion­né. Il atten­dra vingt ans avant de retran­scrire cette leçon magis­trale dans sa pièce Mas­ter Class.

Leçon de chant. Leçon de chem­ine­ment intérieur, d’hu­mil­ité et d’amour absolu. Leçon de vie. Une diva incom­pa­ra­ble peut-elle partager le secret intime de son idéal artistique ?

Une tragédie grecque
Cela com­mence comme la Recherche de la nou­velle star et finit comme le Divan de Chapi­er. Une jeune chanteuse lyrique se fait lit­térale­ment hum­i­li­er par une diva capricieuse et sadique pour qui l’ap­pren­tis­sage ne peut pass­er que par la sueur et les larmes. Ses com­men­taires fausse­ment out­rés sur le per­son­nel de l’étab­lisse­ment (et sur les spec­ta­teurs) et les remar­ques com­plète­ment déplacées sur le physique de l’élève rap­pel­lent les exé­cu­tions som­maires du cast­ing de M6 qui brisent les rêves d’ado­les­cents et réjouis­sent les téléspec­ta­teurs. Maria Callas s’é­coute par­ler plutôt qu’elle écoute les autres chanter. Son ironie cru­elle fait sourire un temps mais au bout d’une longue séance de tor­ture, on ne peut que détester cette femme imbue d’elle-même et passéiste. Marie Laforêt tient le rôle, dont on espère qu’il est de pure com­po­si­tion, avec un naturel qui pour­rait con­stern­er ses admi­ra­teurs. De fait, elle con­naît bien le per­son­nage de La Callas pour avoir eu la chance d’as­sis­ter elle-même à plusieurs réc­i­tals de l’artiste, alors au som­met de son art, et pour l’avoir déjà incar­née dans Mas­ter Class il y a une dizaine d’an­nées. Pro­gres­sive­ment, on com­prend que si La Callas est odieuse, c’est qu’elle est, au soir de sa vie, aigrie par les cri­tiques, meur­trie par la trahi­son d’Onas­sis et surtout aphone. La diva passe sur le divan. Au cours du long mono­logue qui ter­mine le pre­mier acte, La Callas se remé­more ses scènes de ménage avec « Ari » Onas­sis et ses scènes de con­cert. A mesure qu’elle s’emporte dans ses sou­venirs, un enreg­istrement orig­i­nal envahit la salle. Maria Callas com­mente sa pro­pre presta­tion en guise de leçon à son élève. On est cen­sé être trans­porté 50 ans plus tôt à la Scala mais, à moins d’être mélo­mane et fin con­nais­seur des rares enreg­istrements de La Callas, on a du mal à y croire, mal­gré le grand ren­fort d’ef­fets spé­ci­aux déto­nant avec une mise en scène par ailleurs min­i­mal­iste. Au bout du compte, les artistes font une presta­tion sans faute, mais le thème reste pointu et peu diver­tis­sant pour un pub­lic non aver­ti. Les fans de Marie Laforêt, eux, trou­veront peut-être leur bon­heur dans le seul fait d’en­ten­dre sa voix aux into­na­tions inim­ita­bles. Et ça vrai­ment, c’est cadeau !