Sorti voilà quelques semaines, le film d’animation Mary and Max est un diamant noir, fascinant, brillant et bouleversant. Soit l’histoire de Mary, 8 ans, fillette australienne binoclarde, complexée, dépassée par la vie et Max, new-yorkais de 44 ans souffrant de troubles du comportement qui le font qualifier de « débile » par ses concitoyens « normaux » et leur correspondance épistolaire étalée sur 20 ans. Quoi ? Un film en pâte à modeler avec cette histoire sinistre ? Détrompez-vous car si une certaine noirceur baigne jusqu’aux images (en tout point superbes) de cette oeuvre, c’est pour mieux éclairer de l’intérieur une intrigue poignante et baignée d’un humour extraordinaire.
Adam Elliot, l’auteur-réalisateur et concepteur des marionnettes, s’est inspiré de sa correspondance échangée avec un « Max » de la vraie vie, pour écrire ce long-métrage. Bien lui en a pris. Déjà remarqué par un moyen métrage : Harvie Krumpet (récipiendaire d’un Oscar), le réalisateur possède un univers très personnel, d’une originalité folle. L’écriture du scénario, qui lui a demandé un an, mérite elle aussi tous les éloges. Fine, imagée, surprenante, elle participe de la tendre jubilation que le spectateur ne manque pas de ressentir. Il est rare que, dès les premières images, l’évidence que l’on se trouve face à un très grand film étreigne le spectateur. C’est le cas ici. Les aventures drôles et touchantes (et bouleversantes) de Mary et Max, sans oublier tous les personnages secondaires, s’accompagnent de musiques judicieusement sélectionnées. Un point d’orgue d’une fulgurance beauté, berçant un moment crucial du film, est atteint avec la chanson « Que sera, sera », dans la version de Pink Martini.
Et, détail qui ne trompe pas, rares sont les spectateurs qui se lèvent dès que les lumières du cinéma se rallument… Heureux d’avoir passés, ensemble, un moment fort, se surprenant presque, la larme à l’oeil et le sourire aux lèvres, d’avoir été à ce point émus par des personnages en pâte à modeler. Si le film ne s’adresse pas forcément aux plus jeunes spectateurs, il serait fort dommageable de passer à côté de ce pur chef d’oeuvre (les mots, ici, sont pesés !).
Pour en savoir plus, visitez le site du film, lui aussi magique.
Mary and Max
Scénario, création des personnages et réalisation de Adam Elliot
Avec les voix de : Toni Collette, Phillip Seymour Hoffman, Eric Bana, Barri Humphries, …
sortie le 30 septembre 2009 – durée : 92 minutes
Sélection officielle du festival de Sundance 2009. Grand Prix Cristal du festival du film d’animation d’Annecy.