ABBA, le B.A BA
Est-il utile de présenter le groupe ABBA ? Pour les éventuelles personnes ayant passé les trois dernières décennies sur une autre planète, voici néanmoins quelques faits essentiels.
Groupe suédois formé en 1972 et composé de Benny Andersson, Björn Ulvaeus, Frida Lyngstad et Agnetha Fältskog, ABBA marque son premier coup d’éclat en remportant le concours de l’Eurovision en 1974 avec « Waterloo ». S’enchaînera alors une série de tubes avec un son très identifiable : mélodies accrocheuses, paroles simples, harmonies soignées. Au son s’ajoute également l’image : des costumes kitschissimes (même pour l’époque !), des brushings et des moustaches, des vidéos inoubliables… Bref, le style ABBA est unique et
remporte un succès mondial jusqu’à la séparation du groupe en 1982.
En route vers le musical
Après la séparation, les deux femmes du groupe s’essaient à une carrière solo tandis que les hommes orientent leur chemin, parfois de façon détournée, vers le musical.
En 1983, ce sont d’abord les Français qui décident d’utiliser les chansons du groupe pour en faire une comédie musicale. Les trentenaires se souviennent peut-être de cette série musicale intitulée Abbacadabra dans laquelle Daniel Balavoine, Plastic Bertrand ou encore Fabienne Thibault incarnaient des personnages de contes de fées. Les tubes d’ABBA étaient réinterprétés avec des paroles françaises écrites par Alain et Daniel Boublil. « Money, Money » devenait ainsi « Mon nez, mon nez » et « Fernando », « L’enfant do ». Le concept fait ensuite l’objet d’une version scène, produite à Londres par Cameron Mackintosh, avec Elaine Paige.
L’année suivante, le concept album Chess, écrit par Ulvaeus, Andersson et Rice, sort et révèle deux tubes : « One Night In Bangkok » et « I Know Him So Well ». Le spectacle est créé en 1986 à Londres, avec un certain succès. Il n’en sera pas de même à Broadway où Chess est un échec malgré la présence de l’envoûtante Judy Kuhn dans la distribution.
Enfin, près de dix ans plus tard, en 1995, le duo écrit Kristina från Duvemåla, une grande fresque musicale qui triomphe en Suède mais qui n’en dépasse pas les frontières. Il faut donc attendre 1999 et le musical Mamma Mia ! pour que le style ABBA gagne les scènes du West End, puis de Broadway, puis du monde entier.
Mamma Mia ! le musical
Si Mamma Mia ! triomphe aujourd’hui sur toutes les grandes scènes, ses débuts ne se firent pas pour autant dans la facilité. Judy Craymer, productrice, eut l’idée de monter une comédie musicale à partir du répertoire d’ABBA, inspirée par la théâtralité de certaines chansons telles que « The Winner Takes it All ». Elle eut cependant du mal à convaincre Andersson et Ulvaeus, au départ sceptiques. Une fois le feu vert donné, elle engage la scénariste Catherine Johnson pour lui demander d’écrire le livret. La légende voudrait que ces deux femmes, fauchées au moment où elles planchaient sur le projet, font désormais partie des plus grosses fortunes anglaises.
Le spectacle voit le jour à Londres en avril 99 et le succès public est immédiat. Si les critiques rechignent devant la futilité de l’argument, le public ne peut pas résister à l’énergie et la bonne humeur qui se dégagent du spectacle. Mamma Mia ! ne cherche qu’à divertir, mais il le fait avec brio, et avec un humour et une dérision bon enfant.
Le spectacle est ensuite créé à Broadway avec dans le rôle principal, la canadienne Louise Pitre (que les Français avaient pu applaudir en Fantine dans Les Misérables en 1991).
Aujourd’hui, Mamma Mia ! a été vu par plus de 30 millions de spectateurs et a été interprété dans de nombreuses langues différentes parmi lesquelles le japonais, l’allemand, l’espagnol et le néerlandais.
Hollywood is calling
Depuis ces quelques dernières années, encouragées par le succès du Chicago de Rob Marshall, les adaptations cinématographiques de comédies musicales commencent à avoir le vent en poupe. Dreamgirls, Hairspray ou encore Sweeney Todd ont su trouver un certain écho auprès du public et il semblait naturel que Mamma Mia ! les suive sur le chemin de l’immortalisation sur grand écran.
La productrice Julie Craymer a cependant attendu que le spectacle ait été joué sur quatre continents avant de se décider à entamer une adaptation cinématographique. Ne souhaitant pas changer une équipe qui gagne, elle demande à Phyllida Lloyd, metteur en scène de la version scénique, de réaliser le film, et à Catherine Johnson d’adapter son livret pour le cinéma. On retrouve également le chorégraphe original, Anthony Van Laast.
Quant à la distribution, le passage au grand écran requiert forcément des têtes d’affiches et à cet égard, le film fait fort. Meryl Streep est choisie pour interpréter le rôle de Donna, la mère célibataire ex-hippie, drôle et attachante. Streep, qui n’a jamais caché son amour pour la comédie musicale — il était un moment question qu’elle incarne Evita à l’écran — se déclare ravie de l’opportunité et devrait en surprendre plus d’un. Après l’avant-première londonienne du 30 juin dernier, Ray Bennett, critique du Hollywood Reporter, juge que la performance de Streep est digne d’un Oscar.
Le reste de la distribution se révèle tout aussi surprenante qu’éclectique : un ex-James Bond (Pierce Brosnan), le très british Colin Firth, le suédois Stellan Skarsgard (que l’on a vu dans l’univers plus austère de Lars von Trier), et pour les femmes, la joviale Julie Walters (Billy Elliot, Harry Potter) et Christine Baranski, populaire actrice de Broadway.
C’est le 10 septembre prochain que les français pourront découvrir Mamma Mia ! le film, dont les extérieurs tournés en Grèce prolongeront agréablement la sensation de vacances. Regard en Coulisse reviendra sur le film lui-même dès le mois prochain et, en partenariat avec Universal Pictures International, vous fera gagner de nombreuses places pour les avant-premières. En attendant, la tournée qui passe par le Palais des Congrès nous donnera l’occasion de réviser nos classiques.
« You can dance ! You can jive ! Having the time of your life ! »