Livret mise en scène et chorégraphies : Olivier Schmidt
Production : Leah Marciano
Piano Live et arrangements musicaux : Jonathan Marois. Distribution :
Olivier Schmidt (Lester), Xavier Ferreira (Jazz), Arnaud Laurent (Henri), Virginie Champagne (Lili), Estelle Donchéry (Armelle), Nicolas Liberman (le client), Faustine Dupont (Texas). Jonathan Marois (piano).
Notre avis :
Une fois admise l’idée de départ, un peu bancale, qu’un jeune désœuvré aux allures de geek inhibé vient chercher du travail dans un lieu dédié aux plaisirs charnels, on se laisse tenter par la découverte des personnages qui peuplent cette maison close : Henri, donc, le nouveau venu qui prend rapidement des allures angéliques ; Armelle, la tenancière à poigne qui couve ses employés comme une mère ; Lester, l’homo gothique ; Lili, la gentille naïve qui s’entiche d’un client qui ne l’aime pas ; ledit client ; Jazz, qui en pince ferme pour Lili ; et Texas, la méchante du groupe qui pousse au crime. Sept personnages qui évoluent dans un si petit vase clos, c’est beaucoup pour seulement une heure de spectacle. On peine parfois à être convaincu par des motivations trop artificielles et on aurait aimé des relations entre personnages plus subtiles et des profils psychologiques plus fouillés. De fait, l’intrigue utilise essentiellement la jalousie comme ressort et on n’échappe pas à quelques archétypes du genre : l’homo atteint du sida, la dépendance à la drogue (« le bien qui fait du mal »), le traumatisme d’une enfance difficile…
Un soin appréciable a été apporté aux costumes et aux maquillages : latex, cuissardes, chaussures bicolores à talons aiguilles à lacets, vernis à ongles sophistiqués, colliers… irradient la scène de rouge et de noir, couleurs propices à la luxure et au péché haut de gamme. On est par conséquent un peu surpris que le sexe ne soit pas plus évoqué, en paroles ou en action, dans cet univers où on est censé le pratiquer à haute dose ; heureusement les retrouvailles de Lili et de son client sont l’occasion d’y aller plus franchement.
Parmi les parties chantées, on retient les reprises de Cabaret (Mein Herr, Maybe This Time) et de tubes des années 80 (Balavoine, Niagara, Feldman) qui font mouche quand elles viennent en décalage de la situation. Quelques chorégraphies simples (le théâtre du Bout est particulièrement exigu quand on y danse à plus de cinq) mais efficaces et bien menées savent animer le plateau.
Avec son titre qui annonce le stupre, le spectacle mériterait probablement un peu plus de soufre et de répondre à l’une des questions posées par l’un des personnages « C’est si facile de faire le bien, pourquoi le mal ? ».