
Comment en êtes-vous venus à travailler ensemble ?
Julien Salvia : Nous avons tous les deux étudié à l’Ecole Centrale. J’avais l’idée d’écrire une comédie musicale. Ludo a gagné un concours d’éloquence. Je lui ai demandé d’écrire des paroles, puisque je suis plutôt compositeur. Je voulais faire une comédie musicale sur la Révolution Française. J’avais le début et la fin du spectacle et je lui ai dit « Ecris-moi une histoire entre les deux ». [rires]
Ludovic-Alexandre Vidal : Ca a été un vrai coup de foudre artistique. A partir du moment où nous en avons fait une, nous nous sommes dit que nous allions en faire une autre, puis une autre…
Quelles sont les comédies musicales qui vous inspirent ?
JS : Les Misérables. Celles d’Andrew Lloyd Webber, les Disney. Le compositeur des ces dernières, Alan Menken, est un peu mon idole.
LAV : Et Howard Ashman pour les paroles, ce n’est pas mal non plus. C’est un tandem référence pour nous. Et j’ai eu un gros coup de coeur récemment pour Mary Poppins. Pourtant, j’y allais à reculons.
On vous a découverts avec Révolution cet été au Festival des Musicals. Qu’est-ce que le festival a changé pour vous ?
JS : Les interprètes savent maintenant qui nous sommes. Cela nous a aidés pour Le prince et le pauvre ; les gens savaient ce que nous faisions, donc ils nous ont fait plus confiance.
LAV : Nous avons profité du fait d’être en école d’ingénieurs, où il y avait un club comédies musicales, pour monter des versions étudiantes et les faire tourner. Révolution était notre première expérience avec des professionnels, donc c’était très différent. Dans un temps très réduit, et dans le cadre du festival, c’était très motivant.
Allez-vous monter Révolution dans un avenir proche ?
LAV : Nous avons attendu d’avoir la captation vidéo réalisée par Olivier Ciappa pour envoyer des dossiers aux producteurs. Nous avons lancé les premiers envois début octobre et nous attendons les retours. Il y a plus de comédiens que sur Le prince et le pauvre, donc on sait que ça va être une histoire de coup de coeur. C’est un projet ambitieux qui ne se monte pas en un jour.
Pouvez-vous nous raconter la genèse du Prince et le pauvre ?
LAV : La production, Double D., cherchait un spectacle familial. Fabrice Todaro [l’un des comédiens du spectacle], qui travaillait à l’époque sur Big Manoir, nous a recommandés. Pendant une dizaine de jours, nous avons fait des recherches sur plusieurs livres et histoires familiales jusqu’à trouver cette histoire épique qui était proche de notre univers artistique avant de l’adapter pour essayer de la rendre plus scénique.
JS : Ludovic m’a dit : « En un mois c’est écrit ». Et moi, je ne peux pas écrire en aussi peu de temps, ce n’est pas possible. On a fini il y a tout juste quinze jours. Il nous aura fallu six mois.
De quoi parle le spectacle ?
LAV : C’est l’adaptation du roman de Mark Twain. Ca se passe dans l’Angleterre du XVIème siècle, aux environs de 1560/1570. C’est l’histoire d’un jeune pauvre, Tom Canty, et du jeune prince Tudor, héritier de la couronne d’Angleterre. Ces deux enfants se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Un jour, ils se rencontrent et ils vont échanger leur identité. Chacun a envie de vivre la vie de l’autre. Le prince rêve de liberté et de jeux qu’il n’a jamais connus et au contraire, le petit pauvre rêve de connaître un jour les fastes et de ne plus connaître la violence de la rue et la pauvreté. Ce jeu d’enfants va dégénérer à cause de l’oncle du prince, un homme méchant qui va essayer de profiter de cet échange d’identité pour mettre la main sur la couronne.
C’est votre baptême du feu. Dans quel état d’esprit êtes-vous à trois jours de la première ?
LAV : Très stressé !
JS : Les costumes sont arrivés aujourd’hui et ne sont pas finis, on vient de recevoir le décor, il y a des problèmes de plateau… je suis un peu stressé aussi.
LAV : Ceci étant dit, un projet qui ne connaît pas de stress à la fin… C’est plutôt rassurant qu’il y ait plein d’ennuis, ça remotive. Mais c’est du bon stress. J’ai très hâte de voir le spectacle sur scène et de voir la troupe s’amuser. L’enthousiasme de l’équipe nous a beaucoup aidés dans l’aventure. On n’aurait pas pu rêver mieux.
Dans Révolution, il y avait plus d’une vingtaine de personnes sur scène, ici il y en a tout de même huit. Les spectacles intimistes, ça vous ennuie ?
LAV : Ca ne m’ennuie pas du tout. Sans vouloir paraître prétentieux, il se trouve que dans notre écriture, nous avons beaucoup de mal à écrire pour très peu de personnes. Nous sommes amoureux des grands ensembles, des harmonies, des contrepoints. Se limiter à huit personnes a déjà été un effort ! [rires]
JS : Ca ne m’ennuie pas non plus. J’adore Camille C. par exemple. Il y a quatre personnes sur scène et c’est une référence pour nous. Mais c’est vrai que j’aime beaucoup tout ce qui est épique, les costumes, etc. J’aime quand c’est spectaculaire. Après, ce n’est pas facile à monter !