Quand Luc Plamondon a appelé Luck Mervil pour lui offrir le rôle de Clopin dans le futur Notre Dame de Paris, le jeune chanteur québécois s’est d’abord payé le luxe de refuser ! L’idée que le dernier méga-succès de la scène française, Starmania, datait déjà de près de 20 ans, le refroidissait un peu bien qu’il avoue lui-même adorer les comédies musicales. « Voir un chanteur sur scène, pour un enfant c’est déjà magique, alors le voir en plus bouger, jouer… Mais bon, en France, je n’ai pas l’impression qu’on prône cette multidisciplinarité ».
L’homme qui a failli dire « non »
Les cajoleries de Plamondon ont heureusement eu raison de sa résistance. Après tout, quel artiste pourrait refuser au pape du musical francophone un rôle écrit spécialement pour lui ? Car, comme le dit partout Plamondon : Clopin, c’est Luck . « Comme les gens vous identifient facilement à votre personnage et vous collent des étiquettes, autant que je me sente proche de lui, non ? ».
Avoir fait de Clopin le chantre des exclus n’est donc pas pour lui déplaire. « Tant qu’il y aura des frontières, il y aura des exclus pour rêver de passer de l’autre côté, là où sont les riches. C’est humain de vouloir le bonheur et on n’a pas le droit de leur en vouloir. Alors, c’est vrai qu’un Clopin black, surtout au moment de l’affaire des sans-papiers, c’était trop cool ! ». Et de comparer Plamondon à d’autres artistes « vindicatifs » : « C’est toujours ceux qui protestent, de Molière à Voltaire en passant par les pamphlétaires qui ont fait avancer l’art ».
Il est vrai qu’il se donne sur scène sans compter. Dans les coulisses en revanche, les choses se passent plus en douceur avec un groupe qui, des artistes aux techniciens, semble très bien s’entendre. « C’est vrai, on a gardé les pieds sur terre et il n’y a pas de problèmes d’ego. Dans toutes les salles où nous passons, on devient très vite amis avec les employés de la cantine ! ». C’est bien connu : la nourriture a toujours été cruciale pour le moral des troupes !
Mais un bon moral ne suffit bien-sûr pas à expliquer à expliquer le phénomène Notre-Dame de Paris. Pari risqué à ses débuts, c’est aujourd’hui un incontestable triomphe et Luck Mervil a bien conscience d’être un vrai privilégié. « On est en deuxième saison et, dès l’an prochain, on aura fait mieux que Starmania en 20 ans. Et puis on part à Londres, plus tard dans la capitale de la comédie musicale. Un succès comme ça, ça n’arrive qu’une fois dans la vie ». Il ne risque pourtant pas le blues post-Notre Dame puisqu’il en profite pour assurer en même temps la promotion de son album Rudeluck et qu’il prépare déjà ses 5e et 6e albums (un en anglais, un en français !).
La recette de la réussite de Notre Dame tient d’après lui en deux mots : « être vrai. Ni les musique, ni les textes, ni la mise en scène ne sont particulièrement ‘à la mode’. Mais les sentiments, eux, sont vrais, donc éternels ». On devine qu’être vrai ne s’applique pas uniquement à sa prestation dans tous les Zénith de France et de Navarre mais qu’il s’agit bien d’une règle de vie pour Luck. Et l’une des causes de son propre succès.