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Luc Plamondon — Le roi du musical francophone

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Luc Plamondon ©DR
Luc Pla­m­on­don ©DR

Luc Pla­m­on­don ne fait pas par­tie de ceux qui ont gran­di dans un envi­ron­nement famil­ial par­ti­c­ulière­ment musi­cal. Cepen­dant, il se décou­vre jeune une pas­sion pour la langue française puis pour les langues en général. Il écrit de nom­breux textes de chan­sons et des pièces de théâtre durant ses études mais sans ren­con­tr­er de grand suc­cès. Une représen­ta­tion de L’Opéra de Quat’­sous de Brecht et Kurt Weill va pour­tant lui ouvrir pour la pre­mière fois les portes du théâtre musi­cal. Il se des­tine cepen­dant vers une car­rière d’en­seignant ou de jour­nal­iste, con­tin­u­ant secrète­ment à écrire ses textes et pour­suiv­ant des études d’art, de let­tres puis de langues vivantes. Ses études le con­duiront ain­si en France, en Angleterre, Alle­magne, Ital­ie, Espagne… mais c’est lors de sa venue à New York l’an­née de la créa­tion de Hair que le choc se pro­duira. Il décou­vre sa voca­tion : c’est vers la comédie musi­cale qu’il doit se diriger.

Pla­m­on­don arrive en ville
En 1970, de retour au Québec, il fait la con­nais­sance de celle qui devien­dra sa plus fidèle inter­prète, Diane Dufresne et rem­porte ses pre­miers suc­cès auprès du pub­lic. Sa notoriété gran­dis­sante l’amène à tra­vailler avec des chanteurs français, comme Julien Clerc, Nicole Croisille, John­ny Hal­l­i­day. De ren­con­tre en ren­con­tre, il se posi­tionne peu à peu comme l’un des paroliers les plus en vue et sem­ble bien loin du Théâtre Musi­cal. Le «style Pla­m­on­don» com­mence à faire ses preuves. Des textes épurés, des mots sim­ples qui par­lent à tous et en dis­ent long. Trop sim­ples, aux dires de ses détracteurs, aux rimes faciles et thèmes dém­a­gogiques, bien loin de la poésie. Mais le pub­lic en redemande.

En 1978 après des années de tra­vail, Star­ma­nia naît de la ren­con­tre entre Luc Pla­m­on­don et Michel Berg­er. Cet opéra-rock sort tout d’abord sur disque, inter­prété par de jeunes artistes français et québé­cois qui pour beau­coup con­naîtront ensuite une bril­lante car­rière, Daniel Bal­avoine, Diane Dufresne, France Gall, Fabi­enne Thibault, Claude Dubois et Nanette Work­man. Les chan­sons phares du disque devien­dront de grand suc­cès pop­u­laires. En 1979 le spec­ta­cle est présen­té sur scène à Paris au Palais des Con­grès dans une mise en scène de Tom O’Hor­gan, pour quelques représen­ta­tions. Inspiré de faits divers de cette fin de décen­nie dénonçant à la fois les prob­lèmes économiques, écologiques, humains et poli­tiques de notre société, dans un «meilleur des mon­des» de l’an 2000 peu engageant, le spec­ta­cle ne rem­portera pas alors le même suc­cès que le disque. Mais ce n’est que par­tie remise. En 1988 Star­ma­nia revien­dra sur les planch­es puis en 1993 dans une mise en scène de Lewis Furey, et est encore actuelle­ment en tournée en France. En 1992, Tim Rice repren­dra même le livret de Luc Pla­m­on­don pour adapter Star­ma­nia en anglais,Tycoon. L’al­bum enreg­istré par des stars de la pop lon­don­ni­enne sera un grand suc­cès en France. Mais le spec­ta­cle en anglais ne sera joué qu’à Paris, une fois par semaine par la troupe français, et ne tra­versera pas la Manche… ni l’Atlantique.

Les années de galère
Après cette pre­mière expéri­ence, Luc Pla­m­on­don col­la­bor­era en 1984 avec Bar­bara à l’écri­t­ure des textes de Lily Pas­sion, Comédie musi­cale créée au Zenith avec Bar­bara et Gérard Depar­dieu. Puis, il ten­tera une nou­velle aven­ture en 1985 avec Diane Dufresne en créant un «opéra car­toon» Diox­ine de Car­bone et son Ray­on Rose au cirque d’hiv­er. Ce spec­ta­cle ne mar­quera pour­tant pas les mémoires !

Il tra­vaillera alors à l’écri­t­ure d’un sec­ond opéra-rock avec Michel Berg­er et c’est en 1990 que La Légende de Jim­my ver­ra le jour à Paris au Théâtre Mogador, mis en scène par Jérôme Savary. Cette comédie musi­cale, pour­tant portée par les mélodies de Michel Berg­er restera peu de temps à l’af­fiche en France. Le pub­lic québé­cois l’ac­cueillera plus chaleureusement.

Il col­la­bor­era ensuite à l’écri­t­ure de Sand et les Roman­tiques aux côtés de Cather­ine Lara. Une fois de plus, c’est l’al­bum qui rem­portera un franc suc­cès. C’est à cette occa­sion que Richard Coc­ciante et Luc Pla­m­on­don repren­nent con­tact et déci­dent de tra­vailler ensemble.

Retour en grâce avec Notre Dame
Ils passeront les trois années suiv­antes à tra­vailler à l’écri­t­ure de Notre Dame de Paris. A la recherche d’une grande his­toire pop­u­laire, les deux auteurs se penchent sur l’oeu­vre de Vic­tor Hugo afin de l’adapter à la scène. Une fois de plus, l’al­bum sor­ti­ra plus d’un an avant le début du spec­ta­cle. Luc Pla­m­on­don s’en­toure alors d’in­ter­prètes français et québe­cois, cer­tain de ses fidèles (Bruno Pel­leti­er, Rody Juli­enne) ou de par­faits incon­nus (Garou, Julie Zenat­ti) Il parie aus­si sur la pop­u­lar­ité nais­sante de la chanteuse Israéli­enne Noa pour porter son oeu­vre. La chan­son « Belle » sera LA chan­son de l’an­née 1998, l’al­bum restera de nom­breux mois pre­mier des ventes, le spec­ta­cle affichera com­plet en France et au Québec. Il sera joué en français à Toron­to où l’on entend déjà par­ler d’une adap­ta­tion en anglais.

Avec Notre Dame de Paris, Luc Pla­m­on­don réalise une pre­mière. Non seule­ment le spec­ta­cle est plébisc­ité par le publique fran­coph­o­ne, mais le spec­ta­cle a été adap­té dans une ver­sion courte à Las Végas au Paris Hotel, puis à Lon­dres en juin 2000. Mas­sacré par les cri­tiques du West Ende, le spec­ta­cle fait mal­gré tout salle comble, dans les pre­mières semaines grâce à un pub­lic français prenant d’as­saut les Eurostars du week-end !

L’au­teur laisse désor­mais le spec­ta­cle vivre sa vie à Lon­dres et part vers de nou­velles aven­tures. Il a déclaré tra­vailler à une comédie musi­cale sur les Amérin­di­ens mais on par­le aus­si d’un spec­ta­cle pour enfants. L’avenir dira si, après Star­ma­nia et Notre Dame, Luc Pla­m­on­don peut encore touch­er autant de spectateurs.

Liste des oeu­vres citées
1978 — Star­ma­nia, (pre­mière ver­sion en 1978, puis deux­ième ver­sion en 1988 et album live en 1998), musique de Michel Berger.
1984 — Lily Pas­sion, en col­lab­o­ra­tion avec Barbara
1984 — Diox­ine de Car­bone et Son Ray­on Rose (1984) en col­lab­o­ra­tion avec Ange­lo Finaldi.
1990 — La Légende de Jim­my, musique de Michel Berger.
1991 — Sand et les Roman­tiques en col­lab­o­ra­tion avec Cather­ine Lara.
1992 — Tycoon, paroles adap­tées en anglais par Tim Rice, musique de Michel Berger.
1998 — Notre Dame de Paris (1998 puis album live en 1999), musique de Richard Cocciante.