Love Circus (Critique)

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love-circusMise en scène : Stéphane Jarny (directeur artis­tique) et Patri­cia Delon.
Livret : Agnès Boury (direc­tion d’acteurs), Stéphane Laporte (dia­logues).
Choré­graphe : Emi­lie Capel.
Décors: Sté­fanie Jarre.

Avec Lola Cès, Vin­cent Heden, Alexan­dre Faitrouni, Fan­ny Fourquez, Aurore Delplace, Sofia Moun­tas­sir, Max­im­i­lien Philippe, Golan Yosef.  Cir­cassiens : Simon Heulle, David Girard, Tia­go Eusébio, Vin­cent Maggioni.

Deux sœurs extrav­a­gantes diri­gent les Folies Bergère. Épaulées par un maître de céré­monie imprévis­i­ble et fan­tasque, elles présen­tent sur scène une revue large­ment inspirée des arts du cirque qui ren­con­tre un véri­ta­ble suc­cès et leur apporte la prospérité. Une seule chose leur manque : l’Amour. Le retour inat­ten­du de leur 3e sœur et la nou­velle qu’elle vient leur annon­cer leur redonneront-ils foi en l’Amour ?

Notre avis : C’était l’inconnu de cette ren­trée musi­cale, au titre énig­ma­tique, à l’affiche intri­g­ante et au con­tenu inédit… En choi­sis­sant d’inventer de toutes pièces un spec­ta­cle, d’imaginer une his­toire orig­i­nale et d’y inté­gr­er numéros de cir­cassiens et d’équilibristes, Stéphane Jarny osait un pari risqué et pour tout dire un peu fou. Mais voilà, si les his­toires d’amour finis­sent mal en général, celle qui unit le choré­graphe et la scène n’est pas prête de s’arrêter. Car Love Cir­cus est un feu d’artifice. Qui éblouit, étonne et émer­veille. À mi-chemin entre music-hall, cirque et cabaret, ce show en met plein les yeux. Basé sur les grandes chan­sons d’amour du réper­toire, il nous plonge dans un XXIe siè­cle tein­té de mer­veilleux, au cœur d’un monde poé­tique et fan­tasque, celui d’une famille d’artistes à la tête des Folies Bergère. Dans cet univers féerique, les fan­tômes sem­blent bien vivants, les femmes frap­pées d’étranges malé­dic­tions et les aïeules dis­parues révè­lent de déli­cieux secrets lorsque l’on décide de les faire parler…

Bur­lesque dans son intrigue, ses héros et ses dia­logues savoureux, Love Cir­cus est une suc­ces­sion de rebondisse­ments, de sur­pris­es et de superbes scènes visuelles. Ciselée à mer­veille, l’attachante galerie de per­son­nages enchaîne une quar­an­taine de titres dans un show où la place des acro­bates est juste­ment dosée. Loin d’étouffer les chanteurs, leur présence per­met de décu­pler le dynamisme des tableaux. Les ath­lètes s’y fondent par­faite­ment et cette union des dis­ci­plines devient source d’instants de grâce où l’intensité d’une voix rejoint celle – remar­quable – de l’effort physique. La reprise du légendaire « Quand on a que l’amour », porté vocale­ment par Lola Cès et physique­ment par Simon Heulle au mât chi­nois, est sans nul doute l’un des moments forts du spectacle.

Out­re qua­tre gym­nastes, la chanteuse est d’ailleurs très bien entourée. Une dis­tri­b­u­tion for­mi­da­ble porte le show et lui donne incon­testable­ment tout son charme. Maître de céré­monie par­fait, Vin­cent Heden est un fan­tôme tout en poésie et en ten­dresse. Fan­ny Fourquez, Aurore Delplace et Sofia Moun­tas­sir font hon­neur à Per­cy Sledge, Whit­ney Hous­ton, Jevet­ta Steele ou Piaf. Quant à Alexan­dre Faitrouni, il s’affirme défini­tive­ment comme un show man ; hila­rant ou atten­dris­sant, son jeu et sa grande sen­si­bil­ité font lit­térale­ment fon­dre le pub­lic. Enfin, Max­im­i­lien Philippe et Golan Yosef réus­sis­sent haut la main leur arrivée dans la bande. Au milieu de tableaux « spec­tac­u­laires » et entraî­nants, tous offrent, cha­cun à leur tour, de beaux instants de déli­catesse et d’émotion, un sen­ti­ment omniprésent dans le spectacle.

Mais Love Cir­cus célèbre aus­si la joie de l’amour. Sur des titres var­iés aux arrange­ments dynamiques, c’est alors un bal­let bien réglé de per­for­mances physiques et vocales dans un fes­ti­val de couleurs, de pail­lettes et de jeux de lumières.

Alliance de poésie, de légèreté et de fan­taisie au goût de Tim Bur­ton, Love Cir­cus est finale­ment à l’image de toutes les his­toires d’amour : exci­tant, ent­hou­si­as­mant, touchant et ten­dre. Il s’achève sur un évi­dent « Hap­py » partagé avec la salle. Les his­toires d’amour finis­sent mal en général ? Gageons qu’il faut tou­jours une excep­tion à la règle.