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L’Opéra de Sarah

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Une saga musi­cale en deux épo­ques écrite, mise en musique et réal­isée par Alain Marcel
Col­lab­o­ra­tion artis­tique : Gre­go­ry Antoine
Avec Jérôme Pradon
et Damien Roche pour l’arrange­ment pianis­tique et l’accompagnement
Lumières de Lau­rent Beal
Son de Hervé Lombard

Dis­ons le tout net : L’opéra de Sarah est une bril­lante réus­site. Le trop rare Alain Mar­cel a pris le temps de peaufin­er cette pre­mière par­tie d’un dip­tyque, et pro­pose un texte ciselé, accom­pa­g­né de musiques sub­tiles, sur la vie de la mythique Sarah Bern­hardt. L’au­teur s’a­muse à décrire les événe­ments clefs de l’en­fant, puis de la jeune femme. De la rival­ité avec sa soeur, des rap­ports com­plex­es avec sa mère, de son ambi­tion dévo­rante, de ses appuis qui lui per­me­t­tent de brûler les étapes et d’en­tr­er au con­ser­va­toire mal­gré son piètre niveau : la chronolo­gie d’une vie hors pair s’é­tale sous nos yeux. Il n’élude pas les ratés, les pre­miers pas de travi­o­le tant en pub­lic qu’en coulisse, sa naïveté face à un prince qui lui fera un enfant avant de la con­gédi­er. Puis arrive le suc­cès, frag­ile, qu’elle parvient à con­solid­er avec ruse et tal­ent. Nous l’ac­com­pa­gnons à Lon­dres et la quit­tons juste avant son départ pour l’Amérique, sujet du sec­ond volet que nous atten­dons, cela va sans dire, avec impatience.

Et pour nous racon­ter cette for­mi­da­ble his­toire Jérôme Pradon est seul en scène, accom­pa­g­né remar­quable­ment par Damien Roche au piano, joli­ment mis en lumière par Lau­rent Béal. Ce qui pour­rait être une gageure se trans­forme dès les pre­mières min­utes en un réel éblouisse­ment. Si vous l’avez déjà vu dans des oeu­vres musi­cales antérieures, des Mis­érables à Lord of The Rings en pas­sant par Nine, vous ne pour­rez qu’être fasciné par les nou­velles facettes que Jérôme Pradon dévoile en inter­pré­tant tous les rôles de cette oeu­vre. Tou­jours juste, sans fior­i­t­ure, il nous entraîne dans cette ronde folle et exquise. Qui plus est, et ce n’est pas la moin­dre de ses qual­ités, il sait par­faite­ment faire oubli­er la prouesse que représente une telle presta­tion. Le comé­di­en chanteur domine avec une aisance remar­quable cet opéra (sans doute à com­pren­dre au sens ital­ien du terme : opéra = oeu­vre) et l’on attend avec une impa­tience non dis­simulée le sec­ond volet.