Saison 2016–2017 — Spectacle en tournée :
7 et 8/10/16 — La Barcarolle — Centre culturel Balavoine — Arques
14 et 15/16 — L’Escapade — Hénin-Beaumont
18/10/16 — Le Colisée, Roubaix
Du 3 au 12/11/2016 — Théâtre de la Croix-Rousse, Lyon
16 et 17/11/16 — Maison de la Culture, Bourges
25/11/16 ‑Théâtre du Vellein, Villefontaine
29/11/16 – Maison de la Culture, Nevers
2/12/16 — Les Scènes du Jura, Dole
8/12/16 — Le Manège, Reims
Du 13 au 17/12/16 — Théâtre Jean Arp, Clamart
5 et 6/01/17 — Théâtre de Cornouaille, Quimper
12/01/17 – Théâtre, Privas
17/01/17 — Maison de la Culture, Amiens
27/01/17 — Centre cult. Aragon Oyonnax
31/01/17 – Théâtre, Villefranche sur Saône
Une pièce avec musique, un prologue et huit tableaux
Musique Kurt Weill – texte Bertolt Brecht
Nouvelle production
Textes en français — chansons en allemand, surtitrées
Nouvelle traduction René Fix
Mise en scène Jean Lacornerie
Direction musicale Jean-Robert Lay
Chorégraphie Raphaël Cottin
Scénographie Lisa Navarro
Costumes Robin Chemin
Lumières David Debrinay
Marionnettes Emilie Valantin
Chef de chant Stan Cramer
Maquillages Elisabeth Delesalle
Assistant mise en scène Maxime Vavasseur
Construction décors Thomas Ramon
avec
Gilles Bugeaud «Tiger» Brown
Pauline Gardel Polly Peachum
Vincent Heden Mackie Messer
Nolwenn Korbell Jenny
Amélie Munier Lucy
Florence Pelly Celia Peachum
Jean Sclavis Filtch
Jacques Verzier Jonathan Jeremiah Peachum
Orchestre :
Romuald Ballet-Baz, guitare
Jessy Blondeel, saxophone
Stan Cramer, piano
Yannick Deroo, percussions
Samir Ferhahi, trompette
Nicolas Lapierre, trombone
Jean-Robert Lay, trompette
Romuald Lefèbvre, accordéon
Arnaud Thuilliez, saxophone
Résumé : Bienvenue dans les bas-fonds de Londres où règnent voleurs, prostituées, mendiants et flics compromis. Tout le monde trahit tout le monde. Seul l’argent fait loi. Celui de la bourgeoisie, du capital qui écrase. Créé en 1928 par Kurt Weill et Bertolt Brecht, L’opéra de quat’sous est un portrait brutal de l’humanité moderne, mêlant drame, cabaret sensuel et burlesque dans une énergie de crépuscule du monde. Pour cette nouvelle production, la Clef des Chants a sollicité Jean Lacornerie, metteur en scène spécialiste et amoureux du répertoire pour qui ce théâtre ne s’encombre pas de psychologie et va à l’essentiel. Il s’attaque à ce chef‑d’oeuvre où les chansons sont comme des coups portés au plexus du spectateur, en faisant appel à des acteurs-chanteurs rompus aux codes du music-hall et à un orchestre de neuf musiciens régionaux férus de jazz, dirigé par Jean-Robert Lay, directeur du Conservatoire de Calais. Il les mélange avec les gueules cassées des grandes marionnettes d’Émilie Valantin qui peuplent le plateau de mendiants, malfrats et prostituées.
Une plongée dans la fange pour s’y ébrouer, prendre de la distance et regagner l’humanité.
Notre avis :
L’Opéra de Quat’Sous renaît dans une version la plus proche possible de l’originale datant de 1928. Jean Lacornerie a souhaité s’appuyer sur une nouvelle traduction et sur une partition plus complète de l’oeuvre. C’est Jean-Robert Lay, qui a accompagné plusieurs grands noms du jazz, qui assure la direction musicale de cette version de l’oeuvre de Bertolt Brecht (textes) et Kurt Weill (musique).
Jean Larcornerie retrouve plusieurs comédiens-chanteurs qu’il affectionne, ainsi que les passionnés de théâtre musical : Jacques Verzier, Vincent Heden, Florence Pelly, Gilles Bugeaud… Les nouveaux venus s’intègrent bien dans ce cercle. Les artistes se glissent avec aisance dans ce monde de malfrats, policiers véreux et prostituées. C’est Vincent Heden qui incarne avec charisme Macheath/Mackie le brigand qui joue avec le feu en séduisant Polly (Pauline Gardel), la fille de Jonathan Peachum, le chef d’un réseau de mendiants.
La scénographie retenue donne au premier abord l’impression de se situer dans une sorte d’entrepôt. Cet espace très ouvert accueille au fur et à mesure, avec un minimum de modifications et une véritable efficacité, des lieux variés : un repaire de mendiants, une écurie, un poste de police… L’orchestre présent sur scène, est parfois sollicité pour jouer la comédie. Les différents artistes incarnent plusieurs rôles en manipulant des marionnettes (créées par Emilie Valantin), en se dissimulant parfois complètement derrière elles. Ce parti pris permet d’accentuer le caractère décalé ou parfois cynique de certaines situations.
Le choix a été fait d’interpréter les chansons en allemand (avec surtitres). C’est l’occasion de rappeler entre autres que le standard de jazz « Mack the Knife » vient d’un spectacle musical écrit dans la langue de Goethe. A propos de ce titre, la belle interprétation faite en ouverture par Amélie Munier n’est pas sans rappeler l’esprit sensuel de plusieurs numéros créés par Bob Fosse (Cabaret, Chicago…). Plus globalement, il est difficile pour un non-germanophone de se prononcer catégoriquement sur la qualité de la diction des artistes dans les séquences musicales mais il se laisse embarquer sans rechigner dans ces tableaux, ce qui est en soi un point positif. Le bel orchestre aux couleurs jazzy/cabaret de Jean-Robert Lay est un allié précieux dans cet exercice ambitieux du chant en allemand.
Cette adaptation constitue un retour aux sources réussi pour un « opéra » qui brille encore bel et bien comme un sou neuf près de quatre-vingt-dix ans après sa création !