Livret : George Abbott, Douglass Wallop
Musique : Richard Adler
Lyrics : Jerry Ross
Mise en scène : Robert McWhir
Londres recèle de best kept secrets [NDLR: les secrets les mieux gardés] et le Landor Theatre est certainement l’un d’entre eux. Outre son pub traditionnel et son beer garden, ce lieu est le refuge d’un tout petit théâtre où sont produites des œuvres classiques et d’autres plus modernes. Evidemment, on est loin de l’ambiance (et des prix) de West-End : l’originalité et l’exiguïté de l’endroit donnent plutôt un sentiment de théâtre amateur. Mais les troupes sont formées de professionnels fraichement sortis d’école accompagnés de comédiens plus expérimentés qui s’accoquinent au « Off West-End » avec délice. Quelques musiciens live complètent le tableau pour un résultat saisissant.
Damn Yankees est une bonne occasion de venir découvrir le Landor Theatre. D’abord, c’est un classique de 1955 archi-récompensé aux Tony Awards et associé aux noms de Richard Adler & Jerry Ross (The Pajama Game), Gwen Verdon (Sweet Charity, Chicago) et Bob Fosse. L’ambiance, l’intrigue et les musiques sonnent un tantinet désuètes mais le jeu et l’humour sont bien de notre temps. Ensuite, la qualité de l’exécution et le souci du détail pour les décors, les lumières et les chorégraphies sont remarquables pour une production de cette envergure. Le swing voltige littéralement aux pieds des spectateurs au risque d’atterrir sur leurs genoux… ce qui ne serait pas forcément un mal vu le physique athlétique et attractif des artistes, un parti-pris clair de casting. Côté voix, Alex Lodge qui interprète Joe Hardy chante juste mais manque de coffre ; Poppy Tierney s’en tire mieux dans le rôle de l’excentrique Lola. Le jeu est globalement très bon mais la palme revient à Jonathan d’Ellis pour son interprétation du diable, un rôle extravagant et complice du public qu’il parvient à endosser avec juste la bonne dose de finesse, sous des applaudissements nourris et mérités.