Livret : Larry Gelbart
Musique : Cy Coleman
Lyrics : David Zippel
Mise en scène : Josie Rourke
Notre avis :
Cy Coleman est surtout connu pour avoir composé la musique de Sweet Charity en 1966 mais il cumule nominations et récompenses aux Tony Awards jusqu’en 1997, dont 2 statuettes en 1990 pour City of Angels, meilleures comédie musicale et partition originale. Le Donmar Warehouse offre un revival à Londres pour quelques semaines qui se joue à guichets fermés.
Le show est fascinant dans le fond et la forme : dans les années 40, un écrivain new-yorkais est embauché par un producteur hollywoodien pour transposer un de ses livres en scénario, prétexte à une histoire rocambolesque mêlant les personnages réels avec ceux, fictifs, du livre. Il faut bien s’accrocher pour repérer les passerelles nombreuses entre les deux mondes. Sur scène, cela donne des ambiances aux couleurs vives, représentant la réalité, et d’autres désaturées dans le pur esprit du polar américain en noir et blanc, représentant le film en gestation. Prévoir un double jeu de décors, costumes et de lumières est déjà une gageure, mais quand les deux mondes se rencontrent, notamment quand l’écrivain et son héros se lancent “You’re Nothing Without Me” en repoussant les limites de leurs mondes coloré et monochrome, cela devient une prouesse technique géniale. Il y a du Qui veut la peau de Roger Rabbit ? dans l’exécution et le résultat saisissant.
Comme partout à Londres, dans le West End, Off-West End ou encore dans les petites salles derrière les pubs, le jeu est parfait. Les personnages de City of Angels sont caricaturaux et ceux de “la fiction dans la fiction” le sont deux fois plus. Autant dire que les acteurs s’en donnent à coeur joie pour parodier gentiment le cinéma de l’âge d’or.
Cy Coleman signe une partition qui s’apprécie dès la première écoute, c’est suffisamment rare pour le mentionner. David Zippel fait lui aussi des miracles aux lyrics. Certaines chansons, comme “It Needs Work” par exemple, paraissent si fluides et naturelles qu’on en oublierait qu’elles sont chantées ! Leur interprétation par la troupe au Donmar Warehouse est un régal. Rebecca Trehearn, déjà repérée au Southwark Playhouse dans Dogfight cette année, mérite une mention spéciale dans un lot de grands talents.
Les productions à succès du Donmar Warehouse donnent lieu à des transferts vers le West End. Il n’y a qu’à espérer que ce sera aussi le cas de City of Angels.
