
Quelle est votre formation artistique ?
J’ai commencé à 18 ans par me former en tant que chanteuse dans deux écoles de jazz. Pour gagner ma vie, je chantais des standards dans les clubs de jazz. Je ne connaissais pas du tout la comédie musicale mis à part de très grands films. J’ai pris des cours d’improvisation et de théâtre par la suite…
Comment avez-vous découvert la comédie musicale ?
A mes débuts , j’étais complètement étrangère au théâtre musical. Je trouvais ça un peu ringard même. Comme j’écris, je voulais avant tout faire mes chansons.
Comment vous êtes-vous retrouvée sur le Soldat Rose alors ?
Le pianiste qui m’accompagnait sur scène a été embauché pour faire passer les auditions du Soldat Rose. C’est lui qui a insisté pour que je vienne m’y présente. Après avoir été choisie, j’ai pris des cours de théâtre pour être au niveau, et j’y ai pris goût.
Que retirez-vous de cette expérience ?
Cette expérience représente un virage extrêmement fort dans ma vie artistique et professionnelle. J’y ai rencontré Cyril Taieb, directeur musical, avec qui j’ai écrit et composé les chansons des Malheurs de Sophie et une chanson de Dracula. Marie Facundo est devenue ma meilleure amie. Je n’en reviens pas qu’on joue sur scène deux meilleures amies. C’est trop fort ! Ce spectacle m’a bousculée sur le plan humain et au niveau du métier. J’ai pris goût à la comédie musicale ! On m’a proposé d’auditionner pour Cendrillon, et là ce fut un véritable coup de foudre artistique pour Agnès Boury [NDLR : metteur en scène du spectacle]. Du coup, j’ai commencé à me cultiver sur le sujet et je suis tombée sur Hairspray. Le rôle de Tracy m’a beaucoup attirée.
Vous étiez prête le jour du casting alors ?
J’attendais ardemment le casting, oui ! En revanche, le jour des auditions, j’étais angoissée et très stressée. Ned [Grujic, metteur en scène] avait entendu parler de moi et était en attente. J’avais une immense pression… J’y croyais, mais j’étais très fébrile.
Comment voyez-vous Tracy, votre personnage ?
Une fois engagée, j’ai regardé les deux films, et j’ai fait un choix entre les différentes Tracy. J’ai choisi d’être toujours sincère et de ne jamais jouer la blague ou le second degré. Cette proposition a tout à fait convenu à Ned Grujic. Nous étions sur la même longueur d’ondes. Tracy n’est pas un personnage engagé au niveau politique. C’est plutôt une héroïne romantique. Ned m’a insufflé le rapport avec les parents. C’est une petite fille gâtée, parfois capricieuse. C’est un vrai travail de composition à deux.
Comment vous êtes-vous préparée, notamment en danse ?
Même si j’ai beaucoup dansé en boîte de nuit, je n’ai aucune formation de danseuse… J’ai eu une grosse frayeur à ce sujet d’ailleurs. Pendant le casting, je me suis accrochée comme jamais. J’ai fait plein d’heures supplémentaires avec le chorégraphe et avec mon partenaire, Julien Husser. Je l’ai un peu vécu comme un combat durant les premières semaines. Ensuite, j’ai commencé à prendre du plaisir.
Vous êtes habituée des spectacles pour enfants. Dans quelle mesure ces aventures sont-elles différentes ?
Je réalise que Hairspray est mon premier spectacle pour adultes ! Mes premières expériences de comédies musicales sont toutes des spectacles pour enfants ! Oui c’est très différent, notamment la réaction du public. Les enfants sont très silencieux, attentifs et tout à coup, ils lâchent une réaction, une petite phrase…Il faut attendre le fin du spectacle pour entendre s’ils ont aimé. Les adultes réagissent davantage pendant le spectacle. J’aime les grilles de lectures différentes que l’on peut proposer sur un spectacle pour enfants.
A la rentrée, vous interpréterez le rôle de Poison dans Dracula, c’est un autre style de théâtre musical. Pourquoi ce choix ?
Participer à Dracula est une opportunité fabuleuse pour moi de faire de nouvelles rencontres artistiques, d’avancer dans mon travail d’écriture et de continuer à tisser mon réseau. La collaboration avec Kamel Ouali m’a également permis de faire évoluer mon personnage. Je joue une adulte qui est restée petite fille avec toute une dimension macabre. Jusque-là, j’ai toujours été employée dans un registre rigolo ; là c’est beaucoup plus sombre… Ce que j’aime chez Kamel, c’est son talent visuel. J’aime son côté paillettes. Il a le don de savoir contenter le grand public. J’apprécie aussi énormément le travail réalisé avec Philippe Lelièvre. Nous nous voyons déjà une fois par semaine pour parler et travailler sur nos personnages.
Vous aller interpréter l’une de vos chansons sur scène, il paraît ?
Oui, je suis très contente car j’ai écrit l’un de mes solos avec Cyril Taieb pour le spectacle, et il a été retenu par les réalisateurs de l’album. C’est une chanson que j’avais écrite pour mon rôle quand j’ai su que j’étais choisie.
Dracula est une très grosse production. Cela change quoi, concrètement ?
Concrètement, quand le casting a été divulgué, j’ai reçu 650 demandes d’ami Facebook ! C’est un signe… On a déjà fait un show-case et les répétitions démarrent au mois d’août. Nous avons enregistré les deux albums. Le premier est déjà en vente. Le second est prévu pour le mois de septembre.
Quelles sont les contraintes d’une grosse production comme celle-ci ? Et ses avantages ?
L’inconvénient, c’est que ça demande un investissement énorme. On peut difficilement être sur différents spectacles comme je le fais actuellement sur Hairspray et Les Malheurs de Sophie. Mais le gros avantage, c’est d’être vue par le grand public. Visuellement : les costumes, les décors, le fait d’avoir un coach pour le théâtre, c’est le grand luxe. Je pensais que c’était très formaté. Mais Kamel est à l’écoute et très ouvert à nos propositions. Son but est de nous valoriser. C’est une collaboration artistique très créative et qui me rend pleinement heureuse.
Retrouvez notre critique du spectacle, la galerie photos, notre interview de Marc Shaiman et de Franck Vincent.