dramma giocoso per musica de Carldo Goldoni
un opéra-bouffe de Franz Joseph Haydn (1768)
avec : Jean-François Chiama, Karine Godefroy, Laurent Herbaut, Xavier Mauconduit, Romain Sénac, François Martigné, Guillaume Martigné, Jean-Marie Poupelin, Norbert Vergonjanne
mise en scène : Anne-Marie Lazarini
Goldoni écrit Lo Speziale en 1752 pour le carnaval de Bologne et si ses personnages ont acquis le pourvoir de chanter leurs aventures, il reste, dans ce livret, bien fidèle à ce qui singularise son théâtre : ne jamais séparer l’écriture de la vie, se pencher sur tous les milieux sociaux, observer malicieusement la réalité du monde.
Son génie comique le conduit à imaginer les situations les plus inattendues et les plus extravagantes, sans aucun souci de véracité ou de réalisme. La pièce est une sorte de tourbillon autour de la jeune Grilletta, convoitée par tous les hommes comme une exquise pâtisserie.
Goldoni dessine ce théâtre du monde qui lui était si précieux et la musique de Haydn, composée en 1768, s’y inscrit en parfaite harmonie : les airs sont superbes, déjà empreints de romantisme, les ensembles très enlevés et on y trouve les prémices des opéras de Mozart qui vont suivre.
La pièce s’achève en apothéose avec un air au répertoire des plus grandes sopranos.
Après le succès du Mariage secret de Cimarosa, metteur en scène et chef d’orchestre poursuivent ainsi avec Lo Speziale, à l’Artistic Athévains, une aventure musicale originale : sur la scène d’un théâtre, elles transportent l’univers d’un opéra que chanteurs et musiciens se promettent de faire vivre, pendant plusieurs mois, dans une belle proximité avec les spectateurs…
Pour en savoir plus, consultez le site de l’Artistic arthévains.
Notre avis : Voilà une oeuvre montée de manière amusante par Anne-Marie Lazarini qui s’amuse de ce marivaudage musical, en donnant également une place aux musiciens, installés sur une estrade. Le décor en toile peinte, qui donne une vision finalement assez poétique d’une place vénitienne, participe du charme qui se dégage de ce spectacle. En effet rien n’est fait pour moderniser les choses, mais bien au contraire plonger le spectateur dans un monde où chacun des codes du théâtre sont respectés. Le sur titrage des paroles permet de suivre l’intrigue (qui n’est pas des plus complexes !) et ce petit théâtre charmant propose cette expérience presque intime : faire connaissance avec un opéra, donner à ressentir différemment que dans une grande salle. Le pari est réussi et l’on se prend à penser, en rêvant sur ces échanges malicieux entre les prétendants pour ravir le coeur (enfin, pas que) de la mutine Grilleta, que la comédie musicale puise aussi ses bases sur ces oeuvres qu’il convient de découvrir.