Liza Minnelli
Cette critique a été faite lors de la seconde représentation de Liza’s at the Palace à The Palace Theatre, New York
Automne 2008. La crise économique touche les théâtres de Broadway et les producteurs de spectacles sont confrontés à la fermeture précipitée de certains shows. Ainsi Legally Blonde interrompt sa série de représentations contraignant le Palace Theatre à chercher un spectacle pour les fêtes de fin d’année.
Faire revenir Liza Minnelli à Broadway, 9 ans après son dernier passage dans ce même théâtre pour l’hommage à son père Minnelli on Minnelli et 6 ans après Liza’s back au Beacon Theatre était un pari, tant artistique que financier. Il fut relevé : devant le succès critique et l’engouement du public, le spectacle, initialement prévu du 3 au 14 décembre a été prolongé une première fois jusqu’au 28 décembre puis jusqu’au 4 janvier.
En ce 5 décembre, pour la deuxième représentation de la série, la tension des fans était palpable : Liza Minnelli serait-elle là ? Dans quel état physique ? Pourra-t-elle chanter, bouger, nul n’osant plus espérer utiliser le terme danser ?
La dernière décennie a été difficile pour la chanteuse et loin semble le temps de ses triomphes à Carnegie Hall ou à Radio City. Mais les divas ne meurent jamais et, tels des phénix, ne vivent que pour monter sur scène. C’est pour cela qu’elles ne peuvent pas faire les choses à moitié.
Mieux qu’un check-up, la Liza 2008 a subi une rénovation intégrale : sus aux kilos superflus ou aux rides tenaces, son visage semblant avoir été retouché avec Photoshop… le public présent a assisté à une sorte de retour vers le futur. Liza avait retrouvé le physique de ses années 80, dans sa glorieuse quarantaine. Surréel.
Afin de construire son spectacle, Liza Minnelli a repris tous les éléments qui ont fait sa légende. Avec elle ce sont les 50 dernières années d’Hollywood et de Broadway qui se retrouvent sur scène : les films musicaux (New York, New York, Funny Face), les musicals (Cabaret, Chicago) et les récitals (Judy Garland au Palace, le Cabaret Act de Kay Thompson). Tout est faux, tout sonne juste. Tout n’est que paillettes et sequins et elle pourrait n’être qu’une parodie d’elle-même, moins vraie finalement que les travestis l’imitant. Pourtant la voilà touchante, montrant une fois de plus son charisme, s’amusant de ses faiblesses (le souffle court, insistant sur son âge, ses addictions tant aux pilules et à l’alcool qu’au mariage). Toute une vie sur scène. Aucun artifice sous le maquillage et les projecteurs.
Elle enchaîne avec ses douze musiciens et ses 4 boys ses chansons les plus attendues (« New York, New York », « Cabaret », « Maybe this time » ou bien encore « But the World goes round »), réinvente quelques numéros de ses précédents spectacles (« Teach me Tonight » du Radio City ou « If you hadn’t, but you did » du Carnegie Hall), rend hommage à Charles Aznavour (« What makes a man a man », la version anglaise de « Comme ils disent »), à sa mère Judy Garland (en reprenant le « Palace Medley ») ou encore à sa marraine Kay Thompson pour un long hommage durant la seconde partie du spectacle dans lequel, en cuissardes, elle n’hésite pas à esquisser quelques pas de danse inattendus. Le public est conquis, lui réservant à chaque chanson de longues ovations, souvent debout.
Pour les fans, ce sont des retrouvailles, pour les autres spectateurs, juste l’idée qu’ils ont d’un concert de Liza Minnelli : la coupe de cheveux courts, les tenues en paillettes d’Halston, le bras levé sur la fin des chansons, l’entrée et la sortie de scène… Chacun de ses mouvements est une marque de fabrique. Seule la voix et plus encore le manque de souffle flagrant montrent l’épreuve des années et des excès. La puissance est là, la justesse plus aléatoire. Il lui sera pardonné pour son art de la Torch Song et du show. Ressortir vidée, épuisée, ayant tout donné.
Liza Minnelli sera en concert au Palais des Congrès de Paris le samedi 27 juin 2009, 3 ans après son dernier passage dans la capitale pour un concert exceptionnel au Palais Garnier.
Un enregistrement studio du spectacle a été réalisé par Phil Ramone. Le double CD était en vente au Palace pendant la série de représentation et sera en magasins début février.
Site Internet : www.officiallizaminnelli.com
www.lizasatthepalace.com