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L’Italienne à Alger (Opéra de Massy)

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Opéra-bouffe en deux actes de G. Rossi­ni (1792–1868), livret d’An­ge­lo Anelli
spec­ta­cle sur­titré en français

Pro­duit par : Opéra de Massy
Décors et cos­tumes : Opéra Nation­al de Montpellier
Direc­tion Musi­cale Dominique Rouits
Mise en scène Emmanuelle Cordoliani
Col­lab­o­ra­tri­on artis­tique, choré­gra­phie : Vic­tor Duclos
Décors : Alice Laloy
Lumières : Kelig Le Bars
Cos­tumes : Julie Scobeltzine
Études musi­cales / Con­tin­uo Samuel Jean

Avec
Mari­ta Papari­zou : Isabella
Franck Leguérinel : Mustafa
Juan-José Lopera : Lindoro
Nigel Smith : Taddeo
Marie-Béné­dicte Sou­quet: Elvira
Vladimir Sto­janovic : Haly
Sarah Bre­ton : Zulma
Orchestre de Massy
Choeur de l’Opéra Nation­al de Montpellier

L’empire Ottoman est encore puis­sant et red­outé lorsque Rossi­ni crée en 1814 son opéra-bouffe l’I­tal­i­enne à Alger. À cette époque, les turcs con­stituent un sujet à la fois exo­tique et d’ac­tu­al­ité. L’i­tal­i­enne du titre s’ap­pelle Isabel­la, elle est aus­si char­mante que déter­minée. Son fiancé Lin­doro est retenu à Alger comme esclave par le chef turc Mustapha. Elle se rend donc à Alger pour ten­ter de le libér­er en séduisant ce chef turc. Le livret abra­cadabrant offre de nom­breux moments comiques que le com­pos­i­teur de 22 ans a mer­veilleuse­ment exploités. Cet opéra fig­ure aux côtés du Bar­bi­er de Séville par­mi ceux qui ont fait sa gloire.

Avec des moyens décents sans être mirobolants, les chanteurs s’a­musent sur scène et nous font partager leur plaisir. Prenant appui sur des pho­tos pro­jetées sur le fond de la scène, le décor alterne entre deux ensem­bles mod­u­laires. L’un est polis­son car il pro­pose un sérail de grandes pho­tos en noir et blanc de beautés dénudées. Les cos­tumes arborent des couleurs vives et l’at­mo­sphère se situe à mi-chemin entre art-déco et bande dess­inées. Franck Leguérinel et Mari­ta Papari­zou, qui inter­prè­tent respec­tive­ment Mustapha et Isabel­la, sont des chefs de file impec­ca­bles. Leur fibre comique est vit­a­m­inée et ils emmè­nent une troupe nom­breuse et enjouée. La direc­tion des artistes tient de la bande dess­inée, de l’opérette et des films muets des années 20. La comédie musi­cale hol­ly­woo­d­i­enne a aus­si ses instants de par­o­die. On est plongé dans un melt­ing-pot comique bour­ré de clins d’oeil. À cette fête, l’orchestre enjoué dirigé par Dominique Rouits n’est pas en reste. Si l’I­tal­i­enne à Alger fig­ure au réper­toire de l’opéra, l’oeu­vre reste acces­si­ble pour le pub­lic plus large de l’opérette ou de la comédie musi­cale. La par­en­té est d’ailleurs soulignée par les cos­tumes et la mise en scène de cette pro­duc­tion. La musique de Rossi­ni fait le reste et l’on passe deux actes et trois heures de réjouis­sance immédiate.