Le cancan surgit au carnaval de Paris de 1825 comme une improvisation réservée aux hommes. Simple image de la gaîté parisienne ? Pas seulement…
Qu’une femme s’avise d’entrer dans la danse et voici la subversive arrêtée, puis traînée devant les tribunaux. Au bal Chicard, à la Closerie des Lilas, au bal Mabille, à l’Élysée-Montmartre ou au Moulin Rouge, les pas du cancan se moquent de l’armée, de l’Église et de la morale bourgeoise. Le cancan, ce n’est pas une danse, c’est un délit ! Battant la cadence de leurs gambettes gainées de noir, Rigolboche, la Goulue, Grille d Égout, Nini Patte en l’Air et tant d’autres agitent leurs jupons comme le drapeau de leur émancipation.
Nadège Maruta, danseuse au Moulin Rouge et chorégraphe pour Jérôme Savary, signe un très beau livre richement illustré sur ces femmes « rebelles et insolentes », les parisiennes qui mènent la danse. Paru aux éditions Parigramme, cet ouvrage savant, au style alerte, permet de tout connaitre sur le cancan en faisant exploser au passage les clichés liés au genre. Il est vrai que cette danse est souvent caricaturale et dénaturée. L’auteur rend également un hommage aux danseuses et aux danseurs qui ne peuvent maîtriser ce style qu’après de longues heures de travail. Sans souplesse ni endurance physique, point de cancan… Il est également passionnant de découvrir tous le sous texte puisque cette danse fut révolutionnaire et critique, grâce à ses figures, le militaire comme le religieux. Elle peut évoquer diverses pratiques érotiques et, par le biais des frou frou et de la liberté des danseuses, demeure très sexuée. Les différentes figures sont étudiées et expliquées, de la crevette à la cathédrale en passant par le coup de pied à la lune… De son origine chaotique, vers 1825, à aujourd’hui, le cancan n’a jamais quitté la scène. Amoureuse de son sujet, Nadège Maruta le partage avec bonheur.
Commander le livre sur Amazon