
Je pars sur la base de mon act : Back On The Boulevard, mais en intégrant les dix ans qui se sont écoulés depuis sa création. J’ai donc nombre de nouvelles histoires à raconter, des anecdotes qui croustillent, des nouvelles chansons. Et quelque chose d’incroyable, d’inouï (à tel point que j’ai du mal à réaliser que j’ai choisi cette option) : je serai habillée… simplement ! Je suis très « less is more » actuellement. Il me faut du velours, forcément, mais avec une forme qui me permette de pouvoir poser mon pied sur le piano en faisant un grand étirement si j’en ai envie. Vous comprenez : avec une robe c’est tout bonnement impossible. Donc je pars d’une base vestimentaire aussi sobre que possible, mais je me connais : je vais bien rajouter des fanfreluches, des trucs et des machins par-dessus. Je suis mes idées et suis prête à lancer une nouvelle mode d’habits de scène !
Et l’accompagnement musical ?
Je suis fidèle à mon superbe pianiste anglais : Nathan Martin qui est d’une beauté renversante et qui, en plus, chante divinement. Un violoniste fera également son apparition. Je suis certaine que le public voyant un, puis deux musiciens, ne pourra que penser : « mais elle va être accompagnée par un orchestre symphonique. » Oh well, on peut toujours rêver. En tout cas, ce qui est très pratique dans ce spectacle seule, c’est que je peux changer comme bon me semble. J’ai ma trame, mais je brode d’une représentation à une autre. Autant dire qu’elles sont toutes différentes : je réagis en fonction de ce que me renvoie le public, j’adore cette liberté.
Quelles sont les nouvelles histoires ou chansons que vous allez incorporer au spectacle ?
L’un des grands souvenirs de ces dernières années reste le rôle de Mistinguett que m’a offert Jérôme Savary. Ce ne sont pas les anecdotes qui manquent, tant lors de la fabrication du spectacle que durant les représentations. Toutefois comprenez-moi bien : je vais m’employer à faire rire mon auditoire, mais pas uniquement. Et j’ai beaucoup de respect pour les gens avec qui j’ai travaillé, qui m’ont fait confiance. Je ne suis pas là pour me moquer, ce n’est pas mon style.
« Hello darling ! Mais qu’il est beau, non ? » [NDRL : Liliane vient de voir apparaître sur son écran de télévision Barack Obama].
Et parmi les chansons ?
Je vais mettre plus en lumière « I never do anything twice » de Sondheim. En fait, lorsque je préparais Follies, la chanson « Ah, Paree » m’a donné énormément de fil à retordre. La présence de Sondheim me glaçait. Après chaque tentative, il me disait : « Liliane, vous ne faîtes jamais deux fois la même chose quand vous interprétez cette chanson, ça ne va pas. » Ce à quoi je répondais « Stephen darling, je ne fais jamais deux fois la même chose, c’est un principe » et lui de répondre : « dans ce cas, Liliane, soyez gentille et ne le refaites plus jamais ! », sous-entendu : ne chantez plus jamais cette chanson. What a choc. Enfin je m’en suis vite remise. Outre le fait que j’acquiers une sagesse, l’âge me rend plus sage. Enfin from time to time.
Comment définiriez-vous le public de Londres ?
Je l’adore, il est exquis. A chaque fois que je suis venue en Angleterre, soit à Pizza On The Park ou pour Divorce Me Darling à Chichester, j’ai reçu un accueil chaleureux. Des gens sophistiqués, attentifs, élégants. J’espère aussi que des Français viendront me voir. Je suis là pendant deux semaines, profitez-en ! Le seul souvenir pénible que je conserve avec Londres remonte à Grand Hotel. Nous jouions le spectacle au Dominion Theatre, pas du tout adapté à ce musical. Moderne, sans âme, ce théâtre a fichu le spectacle en l’air. Dommage.
Pourquoi ne donnez-vous pas ce spectacle en France ?
Je suis heureuse de refaire mon act à Londres, du coup je vais sans doute le reprendre pour quelques dates à New York au Manhattan Room. Le spectacle est principalement en anglais, il faudrait donc le traduire. Et je ne sais pas si le public en France serait intéressé… Je me tâte. Enfin, dans le même temps, si on m’enchaîne au piano à Londres ou à New York parce que ce sera un triomphe tel qu’on refusera de me laisser partir, je penserai à l’exporter vers Paris. C’est vrai que j’aimerais bien refaire quelque chose en France, j’attends les propositions ! Enfin je dis ça, mais je ne suis pas libre avant fin 2010… Enfin, je ne sais pas si vous avez eu l’occasion de regarder la cérémonie des Oscars à Hollywood, mais j’ai été subjuguée par le numéro mené par Hugh Jackman, c’était divin et son message : « the musical is back » me plaît !