
Une nouvelle tendance dans le paysage de la comédie musicale en Grande Bretagne : le pop musical. Il s’agit de prendre un groupe de variétés dont les titres sont plus que connus à travers le monde et d’intégrer ses chansons au sein d’une comédie musicale. L’idée n’est pas neuve (on se souvient de la réjouissante comédie musicale Buddy née en 1989) mais le phénomène s’accentue sérieusement depuis le succès rencontré par Mamma Mia !. La recette pourrait donc paraître un peu facile. Tout le monde aime et connaît les chansons : public et succès assuré ! Et pourtant comme toujours dans le milieu du spectacle, le succès artistique et commercial ne se satisfait pas de recettes (et heureusement !).
Il n’y a qu’à se pencher de plus près sur le premier type de pop musical, assez proche du récital. Pas d’histoire globale, juste quelques moments de vie situés dans un café ou un appartement et accolés le temps des chansons. Le show ne repose que sur la qualité des interprètes et quelques chorégraphies et jeux de scène bien trouvés. Pour Smokey Joe’s Café, créée en 1995 à partir des chansons de Leiber et Stoller, la sauce a pris. Ce n’est malheureusement pas le cas de All you need is love créé à partir des chansons des Beatles en 2001. Par peur de trahir les chansons originales les rythmiques n’ont pas été adaptées pour la scène et le tout donne un cocktail bien ennuyeux (imaginez les Beatles sans les Beatles !).
Pourtant, We Will Rock You qui triomphe à présent sur scène, prouve que même les chansons les plus cultes peuvent être modifiées pour la comédie musicale. Ce nouveau spectacle (2002) écrit à partir des musiques de Queen est un parfait exemple du deuxième type de pop musical qui existe actuellement et qui consiste à insérer les chansons dans une histoire globale. On retrouve ici la bonne vieille comédie musicale avec un charme en plus : la surprise d’entendre nos tubes cultes prendre une autre résonance dans le contexte nouveau qui leur est donné. Et souvent les chansons n’y perdent pas au change. Les titres de Queen à plusieurs voix (masculines et féminines) n’en sont que plus beaux. Le pari est parfois plus difficile quand le répertoire des groupes est musicalement moins varié. Pari pourtant relevé par les créateurs de Our House (2002), fondée sur les chansons du groupe Madness. Dans ce cas, un bon livret et une mise en scène à en couper le souffle font oublier le manque de diversité. Mamma Mia ! (1999), à l’origine du succès de ce nouveau type de musical est sans doute aussi la plus réussie. Enchevêtrées dans une histoire pleine d’humour, les chansons d’Abba retrouvent toute leur jeunesse, avec une pointe d’ironie qui ne gâche rien.
Le plus difficile est sans doute de trouver le fil conducteur qui donnera une cohérence aux chansons. L’idée la plus simple a été trouvée par les créateurs de Buddy qui ont raconté l’histoire de Buddy Holly chantant le plus naturellement du monde les chansons qu’il écrit. De même, la dernière comédie musicale en date est celle de Boy George, Taboo (2002), dans laquelle celui-ci narre sa propre ascension puis sa disparition du star system. La particularité de cette petite dernière est que Boy George a eu le courage de ne pas se reposer sur ses lauriers. Même si l’histoire est son histoire et que l’on retrouve quelques uns de ses tubes de l’époque, il a écrit pour ce spectacle 16 titres totalement nouveaux. Cette recette est sans doute celle à suivre pour les pop musicals à venir : un peu d’ancien pour les repères, du nouveau pour la cohérence du show et comme d’habitude… du talent à foison. Le dramaturge Ben Elton, responsable du livret de We will rock you, est déjà en train de plancher sur Tonight’s the night une comédie musicale basée sur les chansons de Rod Stewart ! Who’s next ?
Liste des oeuvres citées :
All you need is love (chansons des Beatles, 2001).
Buddy (chansons de Buddy Holly, 1989).
Mamma Mia ! (chansons de Abba, 1999).
Our House (chansons de Madness, 2002).
Smokey Joe’s café (chansons de Leiber et Stoller, 1995).
Taboo (chansons de Boy George, 2002).
We Will Rock You (chansons de Queen, 2002).