Mise en scène : Marion Bierry
Avec : Bernard Ballet, Robert Bouvier, Thomas Cousseau, Jacques Michel, Carine Martin, Odile Roire, Eric Verdin, Arthur Vlad.
Lee Hall est un auteur britannique à qui l’on doit le scénario de Billy Elliot. Le monde ouvrier, et plus particulièrement celui de la mine, sert de nouveau de décor à ce récit, lui-même inspiré du livre de William Feaver qui relate l’histoire vraie de mineurs qui, dans les années 30 et à la faveur de cours du soir, voient leur fibre artistique se développer. Ces mineurs, sous la houlette de leur professeur d’histoire de l’art, ne cachent pas leur ennui, la théorie des cours ce n’est pas pour eux. Rapidement ils vont peindre. Et pas n’importe comment ni n’importe quoi. Une expression brute, parfois naïve de leur vécu, de leurs idéeaux. Une riche veuve et collectionneuse remarque leur peinture et s’entiche de leur talent. Mais est-ce possible de passer d’une vie au fond de la mine à une vie d’artiste ?
Autant le dire tout de suite : Les peintres au charbon est une totale réussite. Procédant par « tableaux » courts, qui chacun présente les personnages de leur premier cours d’histoire de l’art jusqu’aux musées londoniens, tableaux eux-mêmes ponctués par des projections de véritables peintures (de peintres célèbres… ou des véritables mineurs). Cela rythme le spectacle et titille l’intérêt du spectateur, sans cesse renouvelé. Misant sur le texte, délicieux mélange de critique sociale, d’humour et de portraits hauts en couleur, Marion Bierry offre des portraits touchants de ces hommes, permettant à tout un chacun de découvrir leur intimité. De nombreuses réflexions émergent alors de la part de ces personnages, des conflits qu’ils peuvent rencontrer, de la séduction d’une éventuelle célébrité à la confiance aveugle qu’ils mettent dans leur professeur — lui-même mû par des motivations où l’ambition l’emporte. Il est également question de la place de l’art dans la société, de ce qui est à la mode un temps. Le tout au travers de regards candides et sûrs. Aucune facilité, aucun manichéisme, mais un délicat tableau, reflet de la complexité de la nature humaine. Spectacle généreux, servi par une troupe qui offre une belle épaisseur à chacun des personnages, Les peintres au charbon méritent amplement l’exposition que leur offre le théâtre Artistic Arthévains !
Pour la petite histoire, Pitmen Painters, la version anglaise du spectacle, est à l’affiche à Broadway au Samuel J. Friedman Theatre (avec la troupe britannique) jusqu’au 12 décembre…