
Une comédie musicale de Claude-Michel Schönberg (musique) et Alain Boublil (paroles). Paroles anglaise de Herbert Kretzmer, d’après le texte original français de Alain Boublil et Jean-Marc Natel.
Création
Paris : 17 septembre 1980 au Palais des Sports (107 représentations)
Londres : 30 septembre 1985 (toujours en cours)
New York : 12 mars 1987 (6680 représentations).
Principales chansons
J’avais rêvé, Maître Thénardier, Sous les étoiles, Rouge la flamme de la colère, A la volonté du peuple, Le coeur au bonheur, Mon histoire, Un peu de sang qui pleure, Comme un homme, Le suicide de Javert, Seul devant ces tables vides, Final : c’est pour demain.
Synopsis
1815. Jean Valjean a purgé sa peine de 19 ans de bagne pour avoir volé du pain. A sa sortie, il est rejeté par les gens qui lui reprochent son passé de bagnard. Il est poursuivi par le policier Javert qui guette sa rechute. Au désespoir, il change d’identité pour refaire sa vie. Devenu notable, il provoque involontairement la déchéance d’une ouvrière Fantine qu’il a fait chasser de son travail à l’usine. Au chevet de celle-ci, il promet de recueillir sa fille Cosette. Il parvient à l’arracher à la répugnante famille Thénardier et disparaît.
1832. Paris bruit de la colère des miséreux. Des jeunes étudiants idéalistes rêvent de Révolution. L’un d’eux, Marius, tombe amoureux de Cosette, devenue jeune fille. Après une longue tension, l’insurrection éclate. Jean Valjean se mêle aux insurgés pour veiller sur celui que Cosette aime. La répression est violente et sanglante. Jean Valjean parvient à sauver Marius inconscient. Javert qui perçoit enfin la bonté d’âme de Valjean le laisse partir. Marius et Cosette se retrouvent et se marient. Jean Valjean peut enfin mourir tranquille, l’amour ayant triomphé.
Le thème
Le thème qui traverse de bout en bout Les Misérables, c’est l’Amour. Lorsque Jean Valjean est plongé dans le plus profond désespoir, il est sauvé par l’amour du prochain dont un évêque lui fait la grâce. Lorsqu’il est démasqué comme ancien forçat, il se découvre un amour filial pour Cosette qu’il adopte. L’amour est ainsi décliné en de multiples situations : contrarié, passionné, l’amour de la Liberté, de la vie et enfin, la mort d’amour. Dans la détresse et la misère, c’est lui qui redonne la dignité, la force de lutter. Il inspire une bonté qui force le respect, et finit par imposer encore de l’amour. Les multiples déclinaisons de l’amour à travers des personnages simples, tragiques et passionnés donnent cette puissance à l’oeuvre et explique certainement son universalité. Comme celle du roman, la dimension politique en moins.
L’histoire derrière l’histoire
Le roman était riche et complexe. En tirer un spectacle a constitué un exploit. Une longue gestation a été nécessaire pour parvenir à la reconnaissance. Initialement, Les misérables se présentent sous la forme d’un concept-album, un double 33 tours en 1980. Les auteurs Boublil et Schönberg, assistés de Jean Marc Natel, avait capitalisé sur l’énorme succès de leur premier spectacle en 1973, La révolution française. Le disque comporte dans sa distribution de prestigieux invités : Adamo, Michel Delpech et Michel Sardou. La version scénique a été dirigée par Robert Hossein. 500.000 spectacteurs l’ont vu, et puis plus rien !
Il a fallu de l’abnégation, et beaucoup de chance pour que le célèbre producteur écossais Cameron Mackintosh se décide à jeter une oreille à l’enregistrement. C’est immédiatement le déclic.
Le texte est adapté en anglais par Herbert Kretzmer et le spectacle, profondément modifié par rapport à la première version, est monté en 1985 à Londres. Malgré des critiques sceptiques, le public répond immédiatement avec enthousiasme. Broadway réserve un même accueil chaleureux aux Miz. Le spectacle conquiert également les grandes capitales.
En 1991, Les Misérables sont à nouveau montés à Paris, adaptés en français à partir de la nouvelle version de Londres. Le succès est resté en deçà des espérances des auteurs et de son producteur. C’est ainsi que s’est perdu pour longtemps l’espoir de revoir du Boublil/Schönberg sur les scènes parisiennes. Ils ne sont pas prophètes en leur pays. Et nombreux sont ceux qui le regrettent. Les miz, hors de France, sont un classique de l’initiation au théâtre musical. C’est grâce à eux que de nombreux fans sont venus au théâtre musical, dans le public ou sur scène.
Versions de référence
C’est étonnant ce que les fans peuvent posséder comme versions différentes — et dans toutes les langues — des Misérables ! En français, la version de référence, longtemps épuisée, aujourd’hui rééditée, est celle des représentations parisiennes de 1991 au Théâtre Mogador, avec Robert Marien et Jérôme Pradon.
On pourra aussi goûter à la version de 1980, pleine de charme, pour en reconstituer la genèse. Les différences sont nombreuses, ce qui en fait une version à part, mais le matériel de base est déjà présent. (Trema 710 086)
La version de concert, réalisée à l’occasion du 10e anniversaire de la production de Londres, avec ses interprètes de légende, est un morceau d’anthologie. (First Night, Relativity, 88561–1559‑2)
Et également :
L’enregistrement de la troupe originale de Broadway, avec notamment la délicieuse Judy Kuhn dans le rôle de Cosette.
L’enregistrement de la troupe originale de Londres, avec Patti LuPone dans le rôle de Fantine.
La version symphonique intégrale, seul enregistrement intégral, avec un cast composé des comédiens de différentes troupes du monde entier.
Enfin, le DVD du concert du dixième anniversaire : un must.