Réalisation : Tom Hooper
Scénario : William Nicholson d’après la comédie musicale éponyme de Claude-Michel Schönberg, Alain Boublil et Herbert Kretzmer.
Avec Hugh Jackman, Russell Crowe, Sacha Baron Cohen, Helena Bonham Carter, Anne Hathaway, Amanda Seyfried, Eddie Redmayne, Samantha Barks, Aaron Tveit…
Dans la France du XIXe siècle, une histoire poignante de rêves brisés, d’amour malheureux, de passion, de sacrifice et de rédemption : l’affirmation intemporelle de la force inépuisable de l’âme humaine. Quand Jean Valjean promet à Fantine de sauver sa fille Cosette du destin tragique dont elle est elle-même victime, la vie du forçat et de la gamine va en être changée à tout jamais.
Notre avis : Depuis quelques années, Hollywood s’intéresse de nouveau à la comédie musicale, des films comme Chicago remportant Golden Globes, Oscars et, plus important encore, des bénéfices substantiels. Rien d’étonnant, donc, que Les Misérables, qui jouit d’une grande popularité, ait sa version « big screen ». Durant deux heures trente, Tom Hooper fait revivre les aventures des personnages de Victor Hugo. Jean Valjean est toujours poursuivi par le monomaniaque Javert. Le condamné (pour avoir volé un pain) a toujours un cœur d’or et sauve Cosette, la fille de cette pauvre Fantine, des griffes des Thénardier, présentés ici en couple tragi-comique un rien outrancier. Éponine, l’un des personnages les plus attachants, mourra bien d’amour pour Marius qui ne voit en elle qu’une amie.
Ce musical passe-t-il bien la rampe du grand écran ? Globalement oui, le réalisateur offrant un film à grand spectacle «à l’ancienne » (on attendrait presque le carton « intermission ») et ne ménageant pas ses efforts dans des reconstitutions historiques soignées, des décors souvent splendides. L’autre parti pris, dont on parle énormément et pour cause (il constitue, d’un point de vue technique, une véritable prouesse), tient en l’interprétation « en direct » des chansons. Ce parti pris constitue un atout indéniable et participe amplement à la réussite du film. Bien entendu certains comédiens s’en sortent mieux que d’autres : Hugh Jackman semble à l’aise, ce qui n’est pas le cas de Russell Crowe, plus limité vocalement. Par ailleurs la mise en scène n’est jamais meilleure que lorsqu’elle délaisse un montage saccadé, trop rythmé, pour des plans longs, aptes à saisir l’émotion. Ainsi Anne Hathaway bénéficie-t-elle d’un plan séquence qui rend son interprétation de « I Dreamed a Dream » particulièrement touchante. Le film ouvrira-t-il des perspectives pour un public qui ne connaît déjà le spectacle ? C’est à souhaiter, d’autant que, sur scène, un souffle lyrique emporte davantage l’œuvre que sur l’écran et que la version scénique développe une plus grande proximité avec les personnages. Musicalement, l’orchestration joue sur de nouvelles nuances tout à fait séduisantes, en adéquation avec la mise en scène. Plusieurs airs sont tronqués, quelques dialogues s’interposent, ce qui est tout naturel dans le cadre d’une véritable adaptation d’un musical. Il aurait été dommage de respecter à la lettre le spectacle ; cette nouvelle vision offre d’autres perspectives. Quant à « Suddenly », la chanson inédite, sorte de soliloque de Valjean qui vient d’extraire Cosette des griffes des Thénardier, non seulement elle permet à ses auteurs de concourir pour les Oscars, mais elle séduit par sa délicatesse. Un film à grand spectacle, donc, à découvrir.
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