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Critique Canada : Les Misérables

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Geneviève Charest dans le rôle de Fantine dans la comédie musicale <i>Les Misérables</i> © Victor Diaz Lamich
Geneviève Charest dans le rôle de Fan­tine dans la comédie musi­cale Les Mis­érables © Vic­tor Diaz Lamich

Musique : Claude-Michel Schönberg
Livret : Claude-Michel Schön­berg et  Alain Boublil
Paroles : Her­bert Kretzmer
Mise en Scène : Frédéric Dubois
Direc­tion vocale et musi­cale : Claude Soucy
Chef d’orchestre : Yves Bouchard
Arrange­ments et orches­tra­tions : Gilles Ouel­let, Gilles Léveil­lé et, Pierre Olivi­er Roy
Décors : Chris­t­ian Fontaine
Cos­tumes : Yas­mi­na Giguère

Dis­tri­b­u­tion : Gino Quil­i­co (Jean Val­jean), Kevin Houle (Enjol­ras), Geneviève Charest (Fan­tine), Alexan­dre De Grand­pré (Javert), Jean-Ray­mond Châles (Thé­nardier), Myr­i­am Brousseau (Cosette), Carl Poliquin (Mar­ius), Kath­leen Fortin (Madame Thé­nardier), Sophie Trem­blay (Épo­nine), Émi­lien Néron (Gavroche), Alyson Gagnon (Cosette enfant), Joanie Banville (Épo­nine enfant).

Ensem­ble : Guil­laume Bois­briand, Judith Bouchard, Yan­ick Côté, Olyvvia Lab­bé, Patrick Brown, Dominic Lor­ange, Katee Julien, Julie Lapierre, David LeBlanc, Andréanne Mar­coux, Fred-Éric Sal­vail, Marie-Michèle Roberge, Jef­frey Brown, Éric Paul­hus, Elise Cormi­er, Marisol For­est, Maude Laper­rière,  Paul-Roger Gagnon, Mar­tin Robert, Charles Pomer­lo, Nadine Meloche, Bertin St-Onge, Isabeau Proulx Lemire.

Digne, 1815 : la scène com­mence au bagne. Jean Val­jean, numéro 24601, est finale­ment libéré après 19 ans de travaux for­cés, dont cinq pour avoir volé un pain et qua­torze pour avoir ten­té de s’échap­per. Le polici­er Javert lui donne un passe­port jaune, qu’il lui fau­dra mon­tr­er. Jean Val­jean quitte Toulon plein d’e­spoir d’une nou­velle vie, mais il décou­vre bien vite que son passé de forçat le pour­suit partout : s’il trou­ve du tra­vail, il ne reçoit que la moitié de son salaire et aucune auberge ne le reçoit. Seul l’évêque de Digne lui donne à manger et un lit pour la nuit. Mais Val­jean, enhar­di par sa longue cap­tiv­ité à Toulon, le paye en lui volant son argen­terie. Cap­turé, on le ramène à Digne. L’évêque, qui con­naît le passé de Val­jean, ment pour le sauver et lui offre égale­ment deux chan­de­liers en argent. Il lui demande en retour de recom­mencer une vie hon­nête. Val­jean, stupé­fait face à la pitié de l’évêque, s’en­gage à accepter sa demande.

Dès les pre­mières notes du pro­logue, l’effervescence s’empare du pub­lic… Il faut dire que Les Mis­érables est une comédie musi­cale qui sus­cite de nom­breuses émotions.
Cette ver­sion avait été présen­tée deux fois au Capi­tole de Québec ; la pre­mière fois en 2008, avec une toute nou­velle mise en scène et une orches­tra­tion mod­ernisée, mais aus­si en 2009 où l’orchestration avait quelque peu été mod­i­fiée, à la demande de Mon­sieur Bou­blil lui-même. Nous avons droit à Mon­tréal à cette dernière version.

Côté orches­tra­tion, le renou­veau de la musique est à l’honneur. L’orchestre de 16 musi­ciens s’approprie aisé­ment la par­ti­tion de Claude-Michel Schön­berg et les adap­ta­tions musi­cales de Messieurs Léveil­lé, Ouel­let et Roy ont pour but de mod­erniser l’œuvre.

La mise en scène est très con­va­in­cante et fort réussie, même si elle pour­rait être mod­i­fiée sur cer­tains tableaux. Plusieurs scènes présen­tant l’interprète devant un rideau, seul devant le pub­lic, font per­dre un peu de magie au spec­ta­cle bien que cela n’enlève rien aux presta­tions des inter­prètes, au con­traire. Il suf­fit de voir Geneviève Charest (Fan­tine) nous livr­er un « J’avais rêvé » tout à fait éblouis­sant, devant une pluie de flo­cons de neige. C’est à don­ner des frissons.

Soir de pre­mière oblige, les Mis­érables ont eu droit à leur lot de prob­lèmes, côté éclairages et côté son… Le pub­lic a ain­si eu le bon­heur de  décou­vrir la mag­nifique et puis­sante voix de Kath­leen Fortin (Mme Thé­nardier). Par son jeu et sa voix mi-ange mi-démon, Mme Fortin habite son rôle avec effi­cac­ité, tout comme son mari, sur scène comme à la ville, Jean-Ray­mond Châles (Thé­nardier).

Gino Quil­i­co incar­ne un Jean Val­jean tout en sagesse, peu mor­dant, mais avec une voix vigoureuse et puis­sante, mal­gré quelques faib­less­es en ce soir de pre­mière. Alexan­dre de Granpré (Javert) a fait d’immenses pro­grès depuis 2008. Lui qui était moins à l’aise a main­tenant une présence forte et une voix tout en con­trôle. Sophie Trem­blay, quant à elle, offre une Épo­nine tout en douceur, mais cori­ace ! Et que dire de Carl Poliquin (Mar­ius) qui, avec son charme et sa prestance, fait frémir le pub­lic dans sa ver­sion de « Seul devant ces tables vides », seul devant un rideau, mais avec en arrière-plan ses amis dis­parus : un moment fort émou­vant du spec­ta­cle. La dis­tri­b­u­tion est tout sim­ple­ment fantastique.

La pro­duc­tion a fait un très bon usage des décors, tout comme la nou­velle ver­sion des Mis­érables, actuelle­ment en tournée en Europe : il n’y a plus de scène tour­nante, depuis la ver­sion 2008, et la scène de la bar­ri­cade est tout à fait épous­tou­flante. Mal­gré la gigan­tesque scène de la salle Wil­frid-Pel­leti­er, le décor rem­plit bien tout l’espace.

L’édition 2010 des Mis­érables est quelque peu dif­férente de l’originale, que ce soit au niveau de la mise en scène ou des orches­tra­tions, mais on y retrou­ve tou­jours la magie et l’empreinte de ce grand classique.