Spectacle présenté en version anglaise,sous titrée en français.
Comédie musicale d’Alain Boublil et Claude-Michel Schönberg, d’après le roman de Victor Hugo.
Nouvelle production présentée par Cameron Mackintosh
Texte anglais Herbert Kretzmer
Texte français original Alain Boublil et Jean-Marc Natel
Production londonienne originale adaptée et mise en scène par Trevor Nunn et John Caird
Orchestrations originales John Cameron
Mise en scène Laurence Connor et James Powell
Avec John Owen-Jones (Jean Valjean), Earl Carpenter (Javert), Gareth Gates (Marius), Madaleno Alberto (Fantine), Katie Hall (Cosette), Ashlay Artus (Thénardier), Lynne Wilmot (Mme Thénardier), Rosalind James (Eponine), Jon Robyns (Enjolras).
Clôturant une saison riche en comédies musicales (The Sound of Music, A Little Night Music), le Théâtre du Châtelet accueille aujourd’hui Les Misérables de Boublil et Schönberg, une des plus célèbres œuvres du répertoire.
D’abord présenté en France en 1980 avant d’être retravaillé à l’initiative du producteur anglais Cameron Mackintosh, Les Misérables a été créé à Londres en 1985 dans la version qui fera ensuite le tour du monde. 25 après sa création, cette adaptation musicale du roman de Victor Hugo aura donc joué dans une quarantaine de pays et dans une vingtaine de langues, du japonais au créole mauricien. Elle est présentée ici en anglais sur-titré.
Dans le cadre d’une tournée internationale célébrant son quart de siècle, Les Misérables s’offre une nouvelle mise en scène sous la houlette de Laurence Connor et James Powell. Tous deux ont démarré leur carrière en tant qu’acteurs dans… Les Misérables. Leur connaissance de l’intérieur a sans conteste joué un rôle de poids dans leur façon d’aborder ce spectacle sous un nouvel angle. Car s’il semblait difficile de se détacher de la mythique mise en scène originale de John Caird et Trevor Nunn, avec son célèbre plateau tournant, le pari est pourtant complètement réussi. Dès le prologue, la réinvention est surprenante, insufflant un vent d’une rare fraîcheur.
Une des grandes nouveautés de cette production est l’utilisation de projections de dessins et de peintures de Victor Hugo. Utilisé avec intelligence et parcimonie, ce procédé ajoute tantôt une dimension cinématographique, tantôt une atmosphère d’une grande mélancolie.
Cette production permet également de découvrir de nouvelles orchestrations (dont une partie avait déjà été instaurée lors de la production de Broadway en 2007). Les effets synthétiques de la version originale ont été remplacés par des arrangements parfois plus intimes (une délicate et émouvante introduction sur « Empty Chairs At Empty Tables », un « Turning » poignant et dépouillé) mais les grands numéros d’ensemble ne perdent pas pour autant de leur puissance et de leur force. Le final du premier acte (« One Day More ») est d’une redoutable et indémodable efficacité.
Pour servir cette nouvelle version, la distribution est de choix. Gareth Gates, jeune artiste issu de la télé-réalité, est un Marius attachant, accompagné d’un fort charismatique Enjolras (Jon Robyns). Earl Jones Carpenter incarne un Javert complexe et inquiétant. Enfin, il y a John Owen-Jones, campant un époustouflant Jean Valjean. On a rarement vu un Valjean aussi habité tant dans son jeu que dans son chant. Son interprétation est telle qu’on ne ressent jamais la performance vocale mais que l’on voit toujours le personnage. Sa performance est d’une évidence qui mériterait à elle seule le détour.
Que l’on connaisse par cœur les moindres effets de la mise en scène originale ou que l’on soit totalement novice en la matière, Les Misérables, dans cette production du 25e anniversaire, est un spectacle à ne pas manquer. C’est aussi l’occasion de se rappeler qu’un des plus grands triomphes de la comédie musicale a été écrit par des Français, et de souhaiter que cette œuvre revienne prochainement dans le pays d’Hugo, mais dans sa langue cette fois.