
Pour cette première à Paris (les précédentes soirées de clôture avaient lieu à Béziers), Matthieu Gallou a eu l’idée de « musicaliser » la remise de prix. De fait, on a pu assister à un véritable spectacle conçu, mis en scène et dirigé musicalement par Samuel Sené ; les textes étaient écrits par Ludovic-Alexandre Vidal et la musique composée, arrangée et jouée au piano par Raphaël Bancou au sein d’un orchestre dynamique. La présentation de la soirée a, quant à elle, été confiée à un maître de cérémonie talentueux et habitué du rôle : Fabian Richard. Le show était exclusivement chanté, à l’exception des remerciements des lauréats.
Et le Marius est attribué à…
Sans trop de surprise, Panique à Bord et Le Roi Lion se sont partagé l’essentiel des prix. Le premier a remporté le Marius du meilleur musical (catégorie théâtre musical), de la meilleure interprétation dans un premier rôle masculin pour Vincent Heden et le Prix Claude-Michel Schönberg pour la meilleure chanson « Mon âme pour un solo ». Après un premier Marius en 2006 dans la même catégorie, Vincent Heden est particulièrement content que « son » Kevin ait convaincu : « Je suis très heureux et très touché pour Kevin. Ce personnage me faisait très peur au départ, et je ne savais pas trop comment allait se passer notre « cohabitation »… son élaboration a été un véritable plaisir, et la rencontre avec Agnès Boury une chance rare, à tous les niveaux, pour moi ! La collaboration complice avec Stéphane Laporte (grand Papa de cette aventure) et Patrick Laviosa, et tous mes partenaires de scène est un plaisir chaque jour renouvelé ! Je suis heureux que cette création et notre joie commune ne soient pas passées inaperçues. Un grand merci à tout ceux qui ont exprimé leur appréciation de notre travail ! » Même plaisir du côté de Stéphane Laporte qui s’est dit : « ravi de ces récompenses qui couronnent un travail très collectif de deux ans. Je suis très reconnaissant d’avoir eu la chance de travailler avec cette magnifique troupe et un metteur en scène qui sait lire entre les lignes. »
La part du Lion est allée, de manière tout à fait méritée, à Zama Magudulela pour son rôle de Rafiki et David Eguren pour son interprétation de Zazu. Le spectacle a remporté, quant à lui, le Marius du meilleur musical dans la catégorie adaptation. Madame Raymonde a obtenu le Marius du meilleur musical, catégorie spectacle musical. Le trophée du meilleur ciné-musical français est allé au Silence des Machines de Paul Calori et Kostia Testut. Le Prince et le Pauvre, de Ludovic-Alexandre Vidal et Julien Salvia, a reçu le prix du meilleur musical dans la catégorie jeune public.
Enfin, West Side Story a été sacré meilleur musical, catégorie International, pour la production qu’a accueillie le Châtelet cette année. D’ailleurs, Jean-Luc Choplin, directeur du Châtelet, obtient le Marius d’honneur qui salue une personnalité ayant oeuvré pour le musical, succédant ainsi à Claude-Michel Schönberg et Jérôme Savary.
Deux « oubliés » de la cérémonie 2007 ont aussi pu recevoir leur prix. Il s’agissait du Prix Claude-Michel Schönberg de la meilleure chanson pour « Mon joli roi de mai » (Le Cabaret des hommes perdus) ainsi que du meilleur ciné-musical pour Zoé Melody d’Alexandre Athané. Même s’il n’a reçu sa récompense que cette année, ce dernier est ravi : « Ce prix me fait très plaisir. Quand j’ai achevé Zoé Melody, les Musicals est le premier festival à l’avoir accepté. C’était à Béziers, en février 2007. Depuis, Zoé a vécu sa vie à travers les festivals, les diffusions télévisées, etc. En recevant ce Marius aujourd’hui, on peut considérer que la boucle est bouclée. Je me consacre désormais au story-board de mon prochain court-métrage, qui abordera cette fois le fantastique. »
Les Découvertes des Musicals
Une des spécificités des Musicals réside dans la présentation des spectacles en devenir. Cette année, au nombre des votes et à l’applaudimètre, c’est Casting qui a eu les faveurs du public et remporté le Prix Découverte 2008. La sympathique équipe a d’ailleurs laissé explosé sa joie à l’annonce des résultats, tel David Koenig qui participait à deux des oeuvres récompensées, Le Prince et le Pauvre et Casting : « Je suis vraiment très ému, en particulier pour les auteurs de ces oeuvres. Pour Casting, qui commence, c’est un vrai coup de pouce et, sans pouvoir vous en dire plus, je vous donne rendez-vous très bientôt sur Paris pour la suite de l’aventure. »
La seule déception notable concerne le Prix SACD destiné à récompenser l’un des six spectacles en compétition. Or, sans doute suite à un dysfonctionnement, la récompense a été divisée et remise… à tous les concurrents, sous les huées du public.
Une soirée conviviale
La cérémonie qui s’était déroulée dans une réelle chaleur, tant pour la température que pour l’ambiance, s’est achevée par un cocktail où une grande partie des professionnels et amateurs de comédie musicale semblaient ravis de se retrouver de manière informelle. Certains des lauréats absents durant la remise des prix avaient eu le temps de rejoindre le Vingtième Théâtre pour accueillir leur récompense. Ce fut le cas de David Eguren, qui avait abandonné Zazu une fois retombé le rideau de Mogador : « Recevoir ce Marius est très agréable. Cela me touche énormément de recevoir un tel honneur des gens de la profession. J’ai appris la nouvelle en sortant de scène. C’est un réel plaisir ».
Alors, certes il reste des points à améliorer et l’on souhaiterait une programmation qui puisse davantage remporter l’adhésion du grand public. Certes, on continue de regretter l’ambiance particulière qui régnait à Béziers. Mais on ne peut que saluer ce festival qui permet de fédérer amateurs et professionnels et met en lumière la diversité d’un genre en réunissant Le Roi Lion et Casting, le Vingtième Théâtre et le Châtelet, Zoé et Raymonde…