Voici donc Edwige Larralde, Emma Scherer, Dorel Surbeck, Romain Rachline qui font tous partie de l’ensemble et claquettent comme personne, ainsi que Scott Emerson, que l’on ne présente plus, qui incarne Mac et dirige d’une main de fer la troupe du spectacle.
Comment le recrutement s’est-il passé ?
Romain : Nous étions peu de candidats, l’audition a duré quelques heures et la réponse a été immédiate. Il n’y avait pas de difficulté technique particulière mais Stephen nous a testés sur notre endurance en nous faisant refaire de nombreuses fois les enchaînements. C’est cette endurance, qu’on retrouve dans le spectacle, qui a été le challenge (pour moi) à l’audition.
Emma : Il y eut deux tours d’audition. Présentation d’une chanson, apprentissage d’une chorégraphie de claquettes, puis une courte scène en anglais. Le deuxième jour il y avait une chorégraphie de jazz à apprendre en plus.
Dorel : C’était assez intense, mais j’ai l’habitude puisque, avec mon frère, nous avons été champions du monde de claquettes à plusieurs reprises. J’ai également travaillé avec Edwige. Il était vraiment intéressant d’aborder un autre style de claquettes, celui que vous pratiquez en compétition est très différent : sur un temps court vous devez montrer une technique irréprochable, une inventivité dans les mouvements… C’était vraiment bien de redécouvrir un peu les « origines » des claquettes avec ces auditions. J’étais un peu nerveux toutefois car c’est la première fois que je participe à une comédie musicale, j’ai donc été très scrupuleux sur le chant, le jeu. Une chose qui m’a marquée c’est que nous avons auditionné devant pas mal de monde, mais avec une réelle bienveillance.
Scott : J’ai eu la chance d’être contacté pour participer au spectacle. C’est ma septième production dans ce théâtre, je suis tellement chanceux ! Pour moi tout s’est passé en une journée, ai rencontré l’équipe pour les rôles matures, celui de Mac m’a été attribué. Je suis aussi doublure de Bert et d’Abner.
Quelle connaissance de l’œuvre aviez-vous ?
Scott : J’ai vu la version originale de 1981 en Amérique ainsi que de nombreuses autres productions, y compris la version revisitée de 2001. J’ai toutefois revu le film original pour préparer ce spectacle. J’ai découvert à quel point ce film a une valeur documentaire, cela m’avait échappé quand je l’avais découvert. Il possède en outre une gravité qui a disparu dans l’adaptation scénique.
Romain : J’avais vu le film de 1933 et entendu parlé du spectacle comme étant LA référence du show de claquettes mais ne l’avais jamais vu sur scène.
Edwige : Je savais que 42nd Street est une comédie musicale américaine créée à Broadway dans les années 80, emblématique pour ses numéros de claquettes, et adaptée du film américain de Lloyd Bacon sorti en 1933.
Emma : Je ne connaissais pas bien cette œuvre, je dois avouer, malgré le fait que ce soit un grand classique de la comédie musicale anglo-saxonne. Étant américaine c’était un peu honteux…! Mais je me suis rendu compte que je connaissais certaines chansons.
Parlez-nous des répétitions…
Dorel : Même si je n’ai pas d’expérience en comédie musicale, et n’ai donc pas de point de comparaison, je dois dire que tout fut confortable et très bien organisé. Lorsque nous avons joué devant le public, nous étions prêts, ce qui semble ne pas être toujours le cas en France… Cette méthode me convient parfaitement car elle permet de se concentrer sur la perfection : peaufiner des acquis, plutôt que de travailler dans l’urgence.
Quelles sont les différences notables entre le travail sur un spectacle à la française ou à l’anglo-saxonne ?
Romain : Je n’ai jamais travaillé en tant qu’interprète sur une création française, le spectacle le plus français auquel j’ai participé a été Le Bal des Vampires. Mais la méthodologie de Stage se rapproche des procédés anglo-saxons. La différence notoire entre une équipe française et une équipe anglo-saxonne est que les français adaptent leurs compétences au format de la comédie musicale alors que les américains et les anglais (en l’occurrence) sont formés spécifiquement pour ce type de production. De nombreux danseurs du Bal des Vampires ont chanté pour la première fois aux auditions tandis que tous les membres du cast de 42nd ont déjà dansé ce style de chorégraphie, chanté le même genre de partition et joué le même type de personnages de nombreuses fois. Ce processus de travail leur est très familier.
Emma : La question qui fâche souvent…! Je pense qu’il n’y a pas de différences au niveau des talents, des capacités, de l’investissement. La grande différence se trouve dans le fait que la comédie musicale ne fait pas partie de la culture française de base (malgré ses débuts dans le music-hall, opérette, etc.) Du coup, l’idée qu’on puisse TOUT faire, que les danseurs puissent chanter et jouer aussi, que les comédiens puissent être des claquetteurs hors normes, etc reste relativement nouveau. Ça ne veut pas dire que les français n’en sont pas capables, bien sûr ! Juste que la France n’a pas toujours cette attente de ses artistes. Enfin, pour l’instant… Ça se développe de plus en plus!
Edwige : Les Anglo-saxons font preuve dans le travail d’une grande rigueur et d’une organisation parfaite. Ayant été bien préparée, à l’approche de la première je n’ai pas ressenti de stress, juste la joie de monter sur scène pour ce beau spectacle.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
Romain : C’est la routine qui pour moi est difficile. Les répétitions ont été assez variées mais maintenant que les représentations ont débuté, la routine peut s’installer à tout moment.
Edwige : L’ anglais n’étant pas ma langue maternelle, j’ai dû travailler un peu plus pour avoir une prononciation parfaite dans les chansons.
Emma : Les difficultés se trouvent pour moi dans les claquettes, ce n’est pas ma spécialité mais j’ai travaillé très dur pour y arriver!
Dorel : Ce n’était pas une difficulté à proprement parler, mais d’habitude je m’exprime avec mon corps, avec les claquettes. J’ai dû ajouter à cela le jeu, le chant, me familiariser avec l’anglais. J’ai donc travaillé ces aspects, cela m’a beaucoup enrichi.
Scott : Mon rôle est essentiellement parlé, je chante peu : voilà une nouveauté pour moi qui me permet de me concentrer sur d’autres parties du travail. Je suis souvent sur scène, je joue avec ma nationalité, donnant un vrai accent de la côte Est à Mac ! Et, comme je ne fais pas de claquettes, je me régale à chaque représentation en regardant certains tableaux depuis les coulisses.
Comment définiriez-vous le travail avec Stephen Mear, chorégraphe devenu metteur en scène ?
Emma : Stephen Mear a une capacité assez extraordinaire de choisir des équipes qui s’entendent bien. C’était pareil pour Singin In The Rain. Il le dit lui même, quand il fait des castings, ça fait partie de ses critères : est-ce que cette personne va être facile à vivre et bien travailler en équipe ? Donc il y a plutôt une bonne ambiance. On travaille dur, il faut être au taquet, mais c’est ça qui nous permet de nous amuser ensuite!
Romain : Le travail avec Stephen a été très fluide. Il est exigent et rigoureux mais très humain et d’une profonde gentillesse. Il traite tout le monde avec simplicité et respect ce qui rend le travail très agréable. Le cast est super, c’est une compagnie très équilibrée avec des personnalités différentes mais pas d’égo. Il y a une très bonne ambiance en coulisses et une très bonne énergie sur le plateau et les équipes du Châtelet sont au top!
Dorel : Stephen Mear sait ce qu’il veut, ses indications sont très claires. Il avait beaucoup travaillé en amont. Par conséquent, le travail s’est déroulé avec rigueur, efficacité. Il était toutefois ouvert aux propositions, à l’écoute. Et, pour nous danseurs, il nous a demandé de nous trouver un nom, définir l’identité de notre personnage. Même si nous appartenons à l’ensemble, il a tenu à créer des individualités et en jouer. Je suis donc James, je viens de Reno !
Edwige : Stephen Mear a géré l’équipe avec beaucoup de professionnalisme et une grande bienveillance envers nous tous.
Scott : C’est vraiment quelqu’un de très organisé. Après la première lecture, le travail a été scindé pour ne pas perdre de temps. Son assistante, Nikki, est également très efficace. Nous avons pu faire deux filages complets, je parle de véritables filages, en salle de répétition. Cela nous a permis de gagner du temps lorsque nous sommes arrivés sur la scène du théâtre, pour mieux nous concentrer. Ce qui me touche également est que le travail de Stephen Mear est un hommage au couple mythique du show : Gower Champion et David Merrick.
Dorel : Une chose à ajouter, qui nous a tous saisi : ce sont les applaudissements de la salle en ouverture du spectacle, lorsque le rideau se lève en deux temps. La première fois il nous a fallu vraiment nous concentrer pour ne pas se laisser submerger par l’émotion, car c’en est une. Depuis nous sommes plus habitués, mais ressentons à chaque fois cette énergie de la salle qui nous porte. Inoubliable.
Lire notre critique de 42nd Street et l’interview de Alexander Hanson.
Voir l’album photo du spectacle.