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Les Frenchies de 42nd Street

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Romain Rachline, Edwige Larralde, Scott Emerson, Emma Scherer, Dorel Surbeck
Romain Rach­line, Edwige Lar­ralde, Scott Emer­son, Emma Scher­er, Dorel Surbeck

Voici donc Edwige Lar­ralde, Emma Scher­er, Dorel Surbeck, Romain Rach­line qui font tous par­tie de l’ensemble et cla­que­t­tent comme per­son­ne, ain­si que Scott Emer­son, que l’on ne présente plus, qui incar­ne Mac et dirige d’une main de fer la troupe du spectacle.

Com­ment le recrute­ment s’est-il passé ?
Romain 
: Nous étions peu de can­di­dats, l’audition a duré quelques heures et la réponse a été immé­di­ate. Il n’y avait pas de dif­fi­culté tech­nique par­ti­c­ulière mais Stephen nous a testés sur notre endurance en nous faisant refaire de nom­breuses fois les enchaîne­ments. C’est cette endurance, qu’on retrou­ve dans le spec­ta­cle, qui a été le chal­lenge (pour moi) à l’audition.
Emma : Il y eut deux tours d’au­di­tion. Présen­ta­tion d’une chan­son, appren­tis­sage d’une choré­gra­phie de cla­que­ttes, puis une courte scène en anglais. Le deux­ième jour il y avait une choré­gra­phie de jazz à appren­dre en plus.
Dorel : C’était assez intense, mais j’ai l’habitude puisque, avec mon frère, nous avons été cham­pi­ons du monde de cla­que­ttes à plusieurs repris­es. J’ai égale­ment tra­vail­lé avec Edwige. Il était vrai­ment intéres­sant d’aborder un autre style de cla­que­ttes, celui que vous pra­tiquez en com­péti­tion est très dif­férent : sur un temps court vous devez mon­tr­er une tech­nique irréprochable, une inven­tiv­ité dans les mou­ve­ments… C’était vrai­ment bien de redé­cou­vrir un peu les « orig­ines » des cla­que­ttes avec ces audi­tions. J’étais un peu nerveux toute­fois car c’est la pre­mière fois que je par­ticipe à une comédie musi­cale, j’ai donc été très scrupuleux sur le chant, le jeu. Une chose qui m’a mar­quée c’est que nous avons audi­tion­né devant pas mal de monde, mais avec une réelle bienveillance.
Scott : J’ai eu la chance d’être con­tac­té pour par­ticiper au spec­ta­cle. C’est ma sep­tième pro­duc­tion dans ce théâtre, je suis telle­ment chanceux ! Pour moi tout s’est passé en une journée, ai ren­con­tré l’équipe pour les rôles matures, celui de Mac m’a été attribué. Je suis aus­si dou­blure de Bert et d’Abner.

Quelle con­nais­sance de l’œuvre aviez-vous ?
Scott 
: J’ai vu la ver­sion orig­i­nale de 1981 en Amérique ain­si que de nom­breuses autres pro­duc­tions, y com­pris la ver­sion revis­itée de 2001. J’ai toute­fois revu le film orig­i­nal pour pré­par­er ce spec­ta­cle. J’ai décou­vert à quel point ce film a une valeur doc­u­men­taire, cela m’avait échap­pé quand je l’avais décou­vert. Il pos­sède en out­re une grav­ité qui a dis­paru dans l’adaptation scénique.
Romain : J’avais vu le film de 1933 et enten­du par­lé du spec­ta­cle comme étant LA référence du show de cla­que­ttes mais ne l’avais jamais vu sur scène.
Edwige : Je savais que 42nd Street est une comédie musi­cale améri­caine créée à Broad­way dans les années 80, emblé­ma­tique pour ses numéros de cla­que­ttes, et adap­tée du film améri­cain de Lloyd Bacon sor­ti en 1933.
Emma : Je ne con­nais­sais pas bien cette œuvre, je dois avouer, mal­gré le fait que ce soit un grand clas­sique de la comédie musi­cale anglo-sax­onne. Étant améri­caine c’é­tait un peu hon­teux…! Mais je me suis ren­du compte que je con­nais­sais cer­taines chansons.

Par­lez-nous des répétitions…
Dorel 
: Même si je n’ai pas d’expérience en comédie musi­cale, et n’ai donc pas de point de com­para­i­son, je dois dire que tout fut con­fort­able et très bien organ­isé. Lorsque nous avons joué devant le pub­lic, nous étions prêts, ce qui sem­ble ne pas être tou­jours le cas en France… Cette méth­ode me con­vient par­faite­ment car elle per­met de se con­cen­tr­er sur la per­fec­tion : peaufin­er des acquis, plutôt que de tra­vailler dans l’urgence.

Quelles sont les dif­férences nota­bles entre le tra­vail sur un spec­ta­cle à la française ou à l’anglo-saxonne ?
Romain 
: Je n’ai jamais tra­vail­lé en tant qu’interprète sur une créa­tion française, le spec­ta­cle le plus français auquel j’ai par­ticipé a été Le Bal des Vam­pires. Mais la méthodolo­gie de Stage se rap­proche des procédés anglo-sax­ons. La dif­férence notoire entre une équipe française et une équipe anglo-sax­onne est que les français adaptent leurs com­pé­tences au for­mat de la comédie musi­cale alors que les améri­cains et les anglais (en l’occurrence) sont for­més spé­ci­fique­ment pour ce type de pro­duc­tion. De nom­breux danseurs du Bal des Vam­pires ont chan­té pour la pre­mière fois aux audi­tions tan­dis que tous les mem­bres du cast de 42nd ont déjà dan­sé ce style de choré­gra­phie, chan­té le même genre de par­ti­tion et joué le même type de per­son­nages de nom­breuses fois. Ce proces­sus de tra­vail leur est très familier.
Emma : La ques­tion qui fâche sou­vent…! Je pense qu’il n’y a pas de dif­férences au niveau des tal­ents, des capac­ités, de l’in­vestisse­ment. La grande dif­férence se trou­ve dans le fait que la comédie musi­cale ne fait pas par­tie de la cul­ture française de base (mal­gré ses débuts dans le music-hall, opérette, etc.) Du coup, l’idée qu’on puisse TOUT faire, que les danseurs puis­sent chanter et jouer aus­si, que les comé­di­ens puis­sent être des cla­que­t­teurs hors normes, etc reste rel­a­tive­ment nou­veau. Ça ne veut pas dire que les français n’en sont pas capa­bles, bien sûr ! Juste que la France n’a pas tou­jours cette attente de ses artistes. Enfin, pour l’in­stant… Ça se développe de plus en plus!
Edwige : Les Anglo-sax­ons font preuve dans le tra­vail d’une grande rigueur et d’une organ­i­sa­tion par­faite. Ayant été bien pré­parée, à l’ap­proche de la pre­mière je n’ai pas ressen­ti de stress, juste la joie de mon­ter sur scène pour ce beau spectacle.

Quelles dif­fi­cultés avez-vous rencontrées ?
Romain 
: C’est la rou­tine qui pour moi est dif­fi­cile. Les répéti­tions ont été assez var­iées mais main­tenant que les représen­ta­tions ont débuté, la rou­tine peut s’installer à tout moment.
Edwige : L’ anglais n’é­tant pas ma langue mater­nelle, j’ai dû tra­vailler un peu plus pour avoir une pronon­ci­a­tion par­faite dans les chansons.
Emma : Les dif­fi­cultés se trou­vent pour moi dans les cla­que­ttes, ce n’est pas ma spé­cial­ité mais j’ai tra­vail­lé très dur pour y arriver!
Dorel : Ce n’était pas une dif­fi­culté à pro­pre­ment par­ler, mais d’habitude je m’exprime avec mon corps, avec les cla­que­ttes. J’ai dû ajouter à cela le jeu, le chant, me famil­iaris­er avec l’anglais. J’ai donc tra­vail­lé ces aspects, cela m’a beau­coup enrichi.
Scott : Mon rôle est essen­tielle­ment par­lé, je chante peu : voilà une nou­veauté pour moi qui me per­met de me con­cen­tr­er sur d’autres par­ties du tra­vail. Je suis sou­vent sur scène, je joue avec ma nation­al­ité, don­nant un vrai accent de la côte Est à Mac ! Et, comme je ne fais pas de cla­que­ttes, je me régale à chaque représen­ta­tion en regar­dant cer­tains tableaux depuis les coulisses.

La troupe de 42nd Street au Théâtre du Châtelet (c) Marie-Noëlle Robert
La troupe de 42nd Street au Théâtre du Châtelet © Marie-Noëlle Robert

Com­ment définiriez-vous le tra­vail avec Stephen Mear, choré­graphe devenu met­teur en scène ?
Emma 
: Stephen Mear a une capac­ité assez extra­or­di­naire de choisir des équipes qui s’en­ten­dent bien. C’é­tait pareil pour Sin­gin In The Rain. Il le dit lui même, quand il fait des cast­ings, ça fait par­tie de ses critères : est-ce que cette per­son­ne va être facile à vivre et bien tra­vailler en équipe ? Donc il y a plutôt une bonne ambiance. On tra­vaille dur, il faut être au taquet, mais c’est ça qui nous per­met de nous amuser ensuite!
Romain : Le tra­vail avec Stephen a été très flu­ide. Il est exi­gent et rigoureux mais très humain et d’une pro­fonde gen­til­lesse. Il traite tout le monde avec sim­plic­ité et respect ce qui rend le tra­vail très agréable. Le cast est super, c’est une com­pag­nie très équili­brée avec des per­son­nal­ités dif­férentes mais pas d’égo. Il y a une très bonne ambiance en couliss­es et une très bonne énergie sur le plateau et les équipes du Châtelet sont au top!
Dorel : Stephen Mear sait ce qu’il veut, ses indi­ca­tions sont très claires. Il avait beau­coup tra­vail­lé en amont. Par con­séquent, le tra­vail s’est déroulé avec rigueur, effi­cac­ité. Il était toute­fois ouvert aux propo­si­tions, à l’écoute. Et, pour nous danseurs, il nous a demandé de nous trou­ver un nom, définir l’identité de notre per­son­nage. Même si nous appartenons à l’ensemble, il a tenu à créer des indi­vid­u­al­ités et en jouer. Je suis donc James, je viens de Reno !
Edwige : Stephen Mear a géré l’équipe avec beau­coup de pro­fes­sion­nal­isme et une grande bien­veil­lance envers nous tous.
Scott : C’est vrai­ment quelqu’un de très organ­isé. Après la pre­mière lec­ture, le tra­vail a été scindé pour ne pas per­dre de temps. Son assis­tante, Nik­ki, est égale­ment très effi­cace. Nous avons pu faire deux filages com­plets, je par­le de véri­ta­bles filages, en salle de répéti­tion. Cela nous a per­mis de gag­n­er du temps lorsque nous sommes arrivés sur la scène du théâtre, pour mieux nous con­cen­tr­er. Ce qui me touche égale­ment est que le tra­vail de Stephen Mear est un hom­mage au cou­ple mythique du show : Gow­er Cham­pi­on et David Merrick.
Dorel : Une chose à ajouter, qui nous a tous saisi : ce sont les applaud­isse­ments de la salle en ouver­ture du spec­ta­cle, lorsque le rideau se lève en deux temps. La pre­mière fois il nous a fal­lu vrai­ment nous con­cen­tr­er pour ne pas se laiss­er sub­merg­er par l’émotion, car c’en est une. Depuis nous sommes plus habitués, mais ressen­tons à chaque fois cette énergie de la salle qui nous porte. Inoubliable.

Lire notre cri­tique de 42nd Street et l’in­ter­view de Alexan­der Han­son.

Voir l’album pho­to du spectacle.