
Puis début avril, les annonces des auditions pour La Cage aux Folles à Mogador, mise en scène par Alain Marcel, mettent un terme à tous les bruits pour offrir enfin du concret. Sortez boas et talons aiguilles, la chasse à la Zaza est enfin ouverte.
Alain Marcel n’avait pas monté de comédies musicales à Paris depuis Kiss Me, Kate en ce même Théâtre Mogador début 1993. Entre la Belgique et la province, Alain Marcel a surtout travaillé à des mises en scène d’opéras ces dernières années. C’est donc avec une excitation mêlée de curiosité que le milieu du théâtre musical parisien attend sa production de La cage.
Chorus Line devant l’entrée des artistes de Mogador
Juste après le week-end de Pâques, les premières auditions commencent par la sélection des danseurs. Sans avoir besoin de forcer les comparaisons, il y dans cette atmosphère d’évidentes réminiscences de A Chorus Line ou de All That Jazz. Sur cette foule d’artistes qui se présentent le premier jour, seuls quelques uns seront retenus pour former le chorus des fabuleuses Cagettes (ou Cagelles dans la version américaine), les « girls » du cabaret « La Cage aux Folles ». Zane Booker, chorégraphe américain, apprend aux candidats les combinaisons classique et modern-jazz. Après quelques démonstrations, ceux qui correspondent le mieux au profil recherché reviendront le lendemain pour montrer leurs talents vocaux. La Cagette 1999 sera définitivement grande, racée et teintée d’un soupçon d’exotisme.
Quelques jours plus tard, Alain Marcel et son équipe proposent deux jours d’auditions libres ouvertes à tous. Jeunes ou moins jeunes, professionnels ou pas, la chance d’être vu, écouté et peut-être « découvert« est donnée à tous ceux qui le souhaitent pendant deux journées intensives.
Alain Marcel explique que c’est dans ce type d’auditions qu’il a trouvé deux de ses choristes de La petite boutique des horreurs. Le second jour, avec les effets du bouche-à-oreille, les candidats sont de plus en plus nombreux à attendre dans l’arrière-cour du Théâtre Mogador et il leur arrive d’avoir à patienter pendant plusieurs heures. Starmania et Notre Dame de Paris remportent un succès certain en répertoire d’auditions, Les Misérables sont juste derrière. De cette fournée, ce n’est qu’un nombre très limité de candidats qui ira jusqu’à la sélection finale. La compétition la plus dure reste encore à venir.
Le Tout-Paris musical auditionne devant Alain Marcel
En effet, en deuxième semaine viennent les auditions sur rendez-vous. Pour cette partie plus sélective, ce sont des artistes confirmés qu’Alain Marcel a choisi de recevoir individuellement pour un petit rendez-vous personnalisé. Le Tout-Paris musical défile allègrement, comédiens-chanteurs venus de Hair ou des spectacles de Roger Louret, des Misérables ou du Passe-Muraille. Petit à petit, la sélection se resserre. Alain Marcel explique à ses comédiens potentiels que la distribution entière dépendra de sa Zaza. Si la Zaza est de grande taille, le reste suivra. Et sa Zaza sera effectivement grande en la personne de Patrick Rocca. Ce dernier s’était déjà illustré sur la scène de Mogador en interprétant le rôle plus viril de Javert dans Les misérables. Sa belle voix de baryton semble parfaite pour la partition — pas si évidente que ça — de Jerry Herman. A ses côtés, on retrouve un complice d’Alain Marcel et un habitué des scènes parisiennes, Bernard Alane en Georges-Renato. Alane avait déjà travaillé avec Marcel sur Peter Pan, Kiss Me, Kate et My Fair Lady (en Belgique). Alane peut même se targuer d’avoir joué à Londres (Can-Can) ainsi qu’en Australie (South Pacific) sous la direction de Christopher Renshaw (qui a mis en scène la reprise récente du Roi et moi à Broadway).
Le couple de jeunes premiers (le fils de Georges-Renato et sa fiancée) sera interprété par deux jeunes artistes issus de la troupe de Roger Louret : Arnaud Denissel que l’on a pu voir dans La Fièvre des Années 80 et Alexandra Gonin qui était dans Les Années Twist. Certains se souviendront plutôt d’Alexandra comme étant la petite Samantha dans La Boum (1 et 2 !). Les personnages de La cage commencent enfin à avoir un visage, une voix, une démarche. Cette première étape passée, Alain Marcel se retire à la campagne pour finir définitivement son adaptation du script.
Début juin, Alain Marcel réunit toute sa distribution pour leur offrir la première lecture complète du spectacle. Assis à une grande table avec d’autres membres du staff, Alain Marcel va livrer son adaptation encore toute chaude à son cast réuni en arc de cercle devant lui. Il lit toutes les indications scéniques, interprète tous les personnages et chante pratiquement toutes les chansons. L’équipe semble ravie, il est vrai que l’adaptation française, exercice périlleux, est particulièrement brillante.
Mi-août, les répétitions commencent. Entre-temps, les danseurs, un peu moins à l’aise avec le chant, ont suivi un certain nombre de séances de travail afin d’entamer les répétitions avec leur potentiel vocal maximal. Après une première semaine de répétitions strictement musicales, la troupe attaque de plain pied. Il reste à peine plus d’un mois avant la grande première. Pendant que les acteurs répètent, les costumes et les décors se préparent. Petit à petit, tout se met en place et dans quelques semaines, La cage ouvrira enfin ses portes pour livrer au public impatient ses créatures de plumes et de poils.