Opéra bouffe de Hervé
paroles Henri Chivot, Alfred Duru
direction musicale Christophe Grapperon
mise en scène Pierre-André Weitz
avec la Compagnie Les Brigands
Résumé : Amoureux du Moyen Âge, médiévistes de tous crins, réjouissez-vous : la lumière va enfin être faite sur les Chevaliers de la Table ronde… et avec elle quelques étincelles. Vous apprendrez qu’aux côtés de Lancelot et Mélusine se trouvaient le valeureux Médor et la troublante Totoche, ainsi que tout ce qu’il faut pour faire un monde : des flambeaux en plaqué, une couronne de zinc, des rimes en « ique-nique-nique-nique », des factures, des divorces, des développages et des développations et puis un phoque et même Richard Wagner…
Notre avis : Les traditions reprennent avec la présence de l’épatante équipe des Brigands à l’Athénée pour les fêtes et la découverte d’œuvres exhumées de l’oubli. Soit donc un opéra bouffe (mais où l’on ne mange pas, comme précise le rideau de scène) du compositeur toqué, Hervé : Les Chevaliers de la Table ronde où la légende du roi Arthur en prend pour son grade. Ce récit pour le moins leste, aux rebondissements rebondissants, a pour écrin une scène judicieusement utilisée par une scénographie zébrée de noir et de blanc, faite de tréteaux, de décors dans le décor. Les costumes répondent à ces deux couleurs et, hormis quelques fugaces traces colorées, nous resterons dans ces tonalités tranchées. Ce parti pris fonctionne parfaitement bien, l’espace scénique utilisé avec malice.
Cette œuvre du passé a été redécouverte, la partition étudiée et minutieusement remise en forme, adaptée pour une formation réduite dirigée, toujours avec la même maestria, par Christophe Grapperon. Sous sa direction une troupe au diapason dont de nombreux habitués des Brigands. Mention spéciale pour la diction parfaite et la truculence de Lola Neuman.
Nous serons plus mesurés quant aux partis pris d’une mise en scène qui, sous couvert de mettre en avant le côté absolument brindezingue et loufoque de l’œuvre, privilégie l’hystérie, rapidement lassante. A tel point qu’il arrive d’avoir le sentiment de se reposer lorsque débute un air chanté. Par ailleurs, l’idée de faire de Roland, personnage amusant et décalé, une caillera de banlieue paraît étonnamment datée, vue et revue… D’autant que les autres personnages n’ont point de traitement identiques, l’outrance étant plus mesurée (un accent espagnol par ci, un couple d’hommes en talons aiguilles par là). Mais cette réserve mise à part, voilà une opérette dont la découverte procure un bien agréable plaisir.