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Les Chevaliers de la Table ronde (Critique)

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Les chevaliers de la table ronde © Guillaume Bonnaud
Les cheva­liers de la table ronde © Guil­laume Bonnaud

Opéra bouffe de Hervé
paroles Hen­ri Chiv­ot, Alfred Duru
direc­tion musi­cale Christophe Grapperon
mise en scène Pierre-André Weitz
avec la Com­pag­nie Les Brigands

Résumé : Amoureux du Moyen Âge, médiévistes de tous crins, réjouis­sez-vous : la lumière va enfin être faite sur les Cheva­liers de la Table ronde… et avec elle quelques étin­celles. Vous appren­drez qu’aux côtés de Lancelot et Mélu­sine se trou­vaient le valeureux Médor et la trou­blante Totoche, ain­si que tout ce qu’il faut pour faire un monde : des flam­beaux en plaqué, une couronne de zinc, des rimes en « ique-nique-nique-nique », des fac­tures, des divorces, des dévelop­pages et des dévelop­pa­tions et puis un phoque et même Richard Wagner…

Notre avis : Les tra­di­tions repren­nent avec la présence de l’épatante équipe des Brig­ands à l’Athénée pour les fêtes et la décou­verte d’œuvres exhumées de l’oubli. Soit donc un opéra bouffe (mais où l’on ne mange pas, comme pré­cise le rideau de scène) du com­pos­i­teur toqué, Hervé : Les Cheva­liers de la Table ronde où la légende du roi Arthur en prend pour son grade. Ce réc­it pour le moins leste, aux rebondisse­ments rebondis­sants, a pour écrin une scène judi­cieuse­ment util­isée par une scéno­gra­phie zébrée de noir et de blanc, faite de tréteaux, de décors dans le décor. Les cos­tumes répon­dent à ces deux couleurs et, hormis quelques fugaces traces col­orées, nous res­terons dans ces tonal­ités tranchées. Ce par­ti pris fonc­tionne par­faite­ment bien, l’espace scénique util­isé avec malice.

Cette œuvre du passé a été redé­cou­verte, la par­ti­tion étudiée et minu­tieuse­ment remise en forme, adap­tée pour une for­ma­tion réduite dirigée, tou­jours avec la même maes­tria, par Christophe Grap­per­on. Sous sa direc­tion une troupe au dia­pa­son dont de nom­breux habitués des Brig­ands. Men­tion spé­ciale pour la dic­tion par­faite et la tru­cu­lence de Lola Neuman.

Nous serons plus mesurés quant aux par­tis pris d’une mise en scène qui, sous cou­vert de met­tre en avant le côté absol­u­ment brindezingue et loufoque de l’œuvre, priv­ilégie l’hystérie, rapi­de­ment las­sante. A tel point qu’il arrive d’avoir le sen­ti­ment de se repos­er lorsque débute un air chan­té. Par ailleurs, l’idée de faire de Roland, per­son­nage amu­sant et décalé, une caillera de ban­lieue paraît éton­nam­ment datée, vue et revue… D’autant que les autres per­son­nages n’ont point de traite­ment iden­tiques, l’outrance étant plus mesurée (un accent espag­nol par ci, un cou­ple d’hommes en talons aigu­illes par là). Mais cette réserve mise à part, voilà une opérette dont la décou­verte pro­cure un bien agréable plaisir.