De Jacques Offenbach.
Direction musicale : Laëtitia Trouvé.
Mise en scène : Sébastien Delprat, Mathilde Lecarpentier, Laëtitia Trouvé.
Après La Vie parisienne l’an passé, la troupe Oya Kephale aura le plaisir de revisiter, en mai 2014, l’un des plus grands succès de Jacques Offenbach : Les Brigands.
Les affaires vont mal chez les brigands car les dividendes sont dérisoires, mais leur chef Falsacappa a une idée … La cour de Mantoue doit remettre trois millions à la cour de Grenade : les brigands vont prendre la place de la princesse de Grenade et de sa suite pour les subtiliser ! Le plan serait simple si les “honnêtes gens” étaient vraiment honnêtes, et si l’on ne s’inquiétait pas d’entendre résonner « les bottes, les bottes, les bottes des carabiniers » …
Notre avis : « Encore Offenbach ! » Serait-on tenté de dire ? « Enfin Offenbach ! » Faut-il pourtant répondre au sortir du spectacle présenté par le chœur Oya Kephale, sa quarantaine de choristes, son orchestre, ses solistes et la baguette de sa directrice musicale Laëtitia Trouvé. Cela fait des années que cette formation interprète chaque printemps une œuvre du célèbre compositeur. Leur choix s’est porté en 2014 sur Les Brigands, un opéra-bouffe créé en 1869, peu connu, qui fait la part belle aux rebondissements, complots, quiproquos et autres amourettes… Autant d’épisodes qui permettent chœurs puissants et duos cocasses, grandes envolées et échanges plus intimes.
Musicalement dans la lignée directe de La Grande Duchesse de Gerolstein, l’œuvre est fameuse pour son « chœur des carabiniers », sorte de fil rouge du spectacle. Le bruit de leurs bottes les précède et leur présence volontairement grotesque anime chacun des actes. Offenbach peut dormir tranquille : les carabiniers de 2014 sont dignes de son imagination, tout comme l’ensemble de la troupe. Composée d’amateurs, elle offre pourtant une prestation de professionnels, sous la baguette de Laëtitia Trouvé, qui dirige également l’orchestre. Dans une mise en scène simple et accessible à tous, la formation assure une représentation de très grande qualité et si l’œuvre a subi quelques coupes dans le texte et dans les morceaux, ‑que seuls les puristes auront remarqué‑, cela ne nuit en rien au spectacle. On se laisse entrainer avec plaisir dans les tribulations de Falsacappa, chef des brigands et de sa fille Fiorella, bien décidés à récupérer trois millions destinés à une princesse de Grenade, tous les stratagèmes étant bons pour y parvenir. Les voix sont là, avec une mention spéciale à Marion Reudet qui tient le rôle de Fiorella, parfaite du début à la fin.
Après un deuxième acte où se succèdent marmitons, délégation de Grenade, de Mantoue, et les inénarrables carabiniers, tous dans de superbes costumes chatoyants (faisant aussitôt oublier les étranges tenues du 1er acte), le dernier acte est un vrai moment de plaisir vocal et visuel : outre qu’il permet au Caissier du duc de Mantoue, le ténor Jean-Philippe Poujoulat, d’offrir un savoureux numéro, il est l’occasion de retrouvailles évidemment prévisibles mais toujours efficaces entre tous les protagonistes de l’histoire. Le bouquet final voulu par Offenbach devient avec Oya Kephale assez délirant grâce à la géniale interprétation des brigands, attifés sans la moindre allure et tentant vainement de faire illusion. Parfaitement jouée et chantée, la scène est à tout point de vue une réussite. Oya Kephale n’a pas à rougir de ses cordes vocales et de ses talents, ni de l’état d’esprit de ses membres, qui reversent tous les ans l’ensemble de leurs bénéfices à des associations humanitaires.