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Le sourire d’Audrey Hepburn (Critique)

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De Clé­mence Boulouque
Mise en scène : Jérôme Kircher
Avec : Isabelle Carré

Résumé : Dublin 1964. Mel Fer­rer, le mari d’Audrey Hep­burn organ­ise une ren­con­tre entre la jeune femme et celui qu’elle n’a pas vu depuis près de trente ans, Joseph, son père, qui avait aban­don­né sa famille pour mieux embrass­er ses idéolo­gies fas­cistes et dont la trace s’est per­due dans le fra­cas de la sec­onde guerre mondiale.

Vacances Romaines, Sab­ri­na, Dia­mants sur Canapé ont fait d’Audrey Hep­burn l’une des icônes d’Hollywood mais en fil­igrane se des­sine sa per­son­ne secrète et les pans de vie qu’elle a voulu sub­limer : la mémoire de l’Occupation, une survie mirac­uleuse, une voca­tion con­trar­iée de danseuse, des doutes et des fêlures qui ne ren­dent que plus incon­di­tion­nel son désir de don­ner et de vivre. Au fil de sa voix intérieure, c’est une femme aus­si frag­ile que volon­taire, et ter­ri­ble­ment exigeante envers elle-même, qui se fait jour, par delà les tri­om­phes et les fantômes.

Notre avis : Durant une heure Isabelle Car­ré incar­ne la célèbre actrice et dévoile, en un solil­oque intime, ten­dre et pro­fond, le passé de celle qui devint une star. La fig­ure du père est au cen­tre du réc­it, puisqu’une ren­con­tre avec celui qu’elle con­naît si peu (il a aban­don­né femme et enfant) doit advenir — advient — est adv­enue. Un père comme une blessure infinie, liée à ses ami­tiés nazies, son absence méprisante. Le spec­ta­cle, basé sur le livre de Clé­mence Boulouque que l’auteur a elle-même adap­té, met égale­ment en avant la soif de vivre de la petite Audrey, bien mal­menée par ses cama­rades de pen­sion, amaigrie par les pri­va­tions de la guerre, une survie qua­si mirac­uleuse, sa car­rière de danseuse jamais pleine­ment accom­plie, la vie de jeune fille en Angleterre, les pre­miers rôles anec­do­tiques et la ren­con­tre avec Colette, qui mar­quera le début d’une ascen­sion superbe. Toute la fragilité, dou­blée d’une inex­tin­guible envie de vivre de la comé­di­enne se reflète dans le jeu d’Isabelle Car­ré, dont l’émotion à fleur de peau com­mu­nique une émo­tion sub­tile au pub­lic. Pour qui con­naît bien le par­cours de la star de Hol­ly­wood, ce spec­ta­cle est l’occasion de se rep­longer dans les sou­venirs d’une des plus gra­cieuses et inspi­rantes per­son­ne qui soit, pour qui ne con­naît d’elle que ses films, cette ren­con­tre se révélera un moment intime, unique.