Le Roi Soleil

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Pro­duc­tion :
Albert Cohen, Dove Attia, Jean-Marie Fournier

Mise en scène et chorégraphie :
Kamel Ouali

Direc­tion musicale :
Dove Attia et Rober­to Ciurleo

Régis­seur et Assis­tant Met­teur en Scène :
François Chouquet

Textes :
Lionel Flo­rence et Patrice Guirao

Chanteurs :
Emmanuel Moire (Louis XIV), Anne-Lau­re Gir­bal (Marie Manci­ni), Christophe Maé (Mon­sieur, le frère du Roi), Lysa Ansal­di (Mme de Mon­tes­pan), Mer­wan Rim (Le Duc de Beau­fort), Vic­to­ria Pet­rossil­lo (Isabelle, la fille du peu­ple) et Cathia­line Andria (Françoise d’Aubigné).

Même si l’His­toire avec un grand H n’est pas totale­ment occultée, Le Roi Soleil se focalise plus par­ti­c­ulière­ment sur les femmes qui ont mar­qué et influ­encé le des­tin du Roi: sa mère, Anne d’Autriche; Marie Manci­ni, son pre­mier amour à qui il a du renon­cer pour rai­son d’é­tat, Madame de Mon­tes­pan, sa plus célèbre et sul­fureuse maîtresse avec qui il a eu des enfants, des enfants élevés par Françoise d’Aubigné (Madame de Main­tenon) qu’il épouse en secret en dépit des usages.

Dans la caté­gorie « grand spec­ta­cle musi­cal pop-var­iété », Le Roi Soleil se dis­tingue à plus d’un titre de ses prédécesseurs (Notre Dame de Paris, Les Dix Com­man­de­ments, Roméo et Juli­ette, Glad­i­a­teur,…). Bien enten­du, du fait même de la dimen­sion de la salle et d’une bande orchestre avec choeurs enreg­istrés, on est encore un peu loin du théâtre musi­cal, mais on s’en rap­proche. Le spec­ta­cle fait la part belle aux scènes de comédie inter­prétées avec justesse par les chanteurs, quelques danseurs, et surtout par deux excel­lents comé­di­ens expéri­men­tés, Marie Lenoir (Anne d’Autriche, La Voisin) et Pierre For­est (Mazarin, Molière) qui en imposent par leur présence. Pour la pre­mière fois dans ce genre de spec­ta­cle, des dia­logues bien écrits per­me­t­tent de com­pren­dre l’his­toire et ser­vent de tran­si­tion entre les chan­sons. Salu­ons égale­ment la présence appré­cia­ble de qua­tre musi­ciens (trois cordes et un clavecin) qui accom­pa­g­nent cer­taines scènes de comédie et une chanson.

Mal­gré des textes de chan­sons pas tou­jours « à la hau­teur » et en accord avec l’ac­tion (à ce titre, la chan­son « Juste un geste de vous » reste une énigme…) et quelques faib­less­es dans la con­struc­tion du livret, Le Roi Soleil offre une rel­a­tive cohérence d’ensem­ble. La musique, que l’on doit à des com­pos­i­teurs dif­férents et qui va du baroque au rock en pas­sant par des bal­lades, colle la plu­part du temps à l’in­ten­tion du moment et aux per­son­nages. La mise en scène et les choré­gra­phies (heureuse­ment moins « envahissantes » et sys­té­ma­tiques que dans les spec­ta­cles précé­dents) de Kamel Ouali oscil­lent entre le déjà vu et le sur­prenant, entre l’in­timiste et l’ex­trav­a­gant. De la même façon les élé­gants décors d’Alain Lagarde vont du très sobre, dépouil­lé, voire austère, pen­dant le pre­mier acte au fastueux dans le deux­ième acte. Quant aux cos­tumes de Dominique Borg, ils sont par­ti­c­ulière­ment réus­sis, raf­finés et fidèles à l’im­agerie historique.

Au final, servi par une troupe con­va­in­cante qui ne manque glob­ale­ment pas de qual­ité et d’én­ergie, Le Roi Soleil appa­raît comme le spec­ta­cle musi­cal le plus abouti de sa catégorie.