Un avant-goût du spectacle
Stage Entertainment avait mis les petits plats dans les grands pour la présentation du Roi Lion au Théâtre du Châtelet. C’est tout auréolé du succès de Cabaret, première production de Stage Entertainment France que Stéphane Huard, son directeur général, est venu présenter le prochain projet de la firme. Il a indiqué que le Théâtre Mogador est actuellement en travaux pour les besoins de l’imposante production. « Nous avons fait creuser dix mètres en dessous de la scène », a‑t-il précisé.
La journaliste Elizabeth Quin, maîtresse de cérémonie de la matinée, a ensuite rappelé que Le Roi Lion, c’est avant tout une série de chiffres impressionnants : dix années non-stop à l’affiche à Broadway depuis sa création en 1997, 35 millions de téléspectateurs dans le monde entier, six Tony Awards, 400 costumes, 200 masques, vingt musiciens live et quarante artistes sur scène.
Un peu plus tard, Ron Kollen, vice-président international de Disney Theatrical Productions, producteur de la version originale de Broadway, est revenu sur l’aventure de l’adaptation du Roi Lion ? une « idée folle ! », s’est-il exclamé ? et la difficulté de transposer un dessin animé « qui ne contient aucun personnage humain » pour une scène. « Heureusement, a‑t-il expliqué, nous avons trouvé l’équipe artistique qu’il nous fallait. » Et c’est la metteuse en scène et cinéaste Julie Taymor qui a relevé le défi en en développant certains aspects de l’histoire du dessin animé, en en modifiant d’autres — le singe Rafiki est devenu une femme — et surtout par son travail sur la mise en scène, les costumes et les marionnettes. « Ce n’était pas un choix évident pour Disney, a remarqué Kollen. Elle venait de l’avant-garde, et son travail était plutôt non-commercial et non-conventionnel. » Un choix audacieux qui s’est révélé fructueux.
Le clou de la matinée était évidemment la présentation d’une partie des futurs interprètes français. Le plus connu d’entre eux est sans doute celui du lion Mufasa, puisqu’il s’agit de Jee‑L, ex-Jean-Luc de la cinquième saison de Star Academy [NDLR : remportée par Magalie Vaé]. A ses côtés, on a pu également faire la connaissance du jeune Jérémy Fontanet et son très beau timbre de voix, dans le rôle de Simba, de Léah, dans celui de Nala et surtout de la pétillante Zama Magudulela, dans celui de Rafiki.
Plusieurs chansons ont également été dévoilées, telles qu’elles ont été traduites par Stéphane Laporte, à qui l’on doit déjà l’adaptation française d’Un violon sur le toit. On a ainsi pu entendre le célèbre « Circle of Life », devenu « La chaîne de la vie », « Longue est la nuit » (Endless Night) « Terre de larmes » (Shadowland), et « Il vit en toi » (He Lives in You), par ailleurs premier single, chanté par les personnages de Rafiki, Mufasa et Simba. Mais c’est Lebo M, « âme africaine du spectacle », compositeur des musiques additionnelles de la comédie musicale et arrangeur des choeurs, qui a mis le feu à la salle en interprétant le lead du chant « One by One », accompagné d’une chorale et avec la participation de Zama Magadulela. Pour celles et ceux qui en doutaient encore, Le Roi Lion sera bel et bien l’événement de la rentrée prochaine.
Rencontre avec les artistes
Après le show-case, les journalistes ont pu rencontrer les futurs interprètes. L’occasion pour Regard en Coulisse de les interroger sur leur parcours et leur état d’esprit quelques mois avant le début des répétitions.
Zama Magudulela est déjà plus que familière avec Le Roi Lion. Cela fait en effet plusieurs années qu’elle est la doublure du rôle de Rafiki pour les productions australienne et allemande. Cette fois-ci, elle a le rôle. Dire que se retrouver à Paris l’enchante est un doux euphémisme : « J’en ai le souffle coupé ! Quand je suis arrivée, je me suis dit : je suis amoureuse de cette ville. Je ne me sens pas comme une étrangère ou une touriste, j’ai l’impression d’avoir vécu ici avant, je me sens chez moi, je me fonds dans le décor ! »
Jérémy Fontanet, 21 ans, incarnera Simba adulte. D’une formation plutôt gospel (il a chanté avec Nicoletta), il se dit impatient de « tout donner » pour son rôle : « J’adore le mélange de tendresse, de force et de fragilité de Simba, ce qui le rend très charismatique. Déraciné, en exil, il doit se battre pour revenir sur ses terres. C’est un rôle en or ! Et puis je suis croyant et l’aspect spirituel du spectacle me touche également beaucoup. C’est un message d’espoir que je veux faire passer à travers l’interprétation de ce personnage. »
Léah sera dans la peau de Nala, la jeune lionne qui a grandi aux côtés de Simba. Comme Jérémy Fontanet, son parcours est marqué par le gospel. « Je me reconnais dans ce rôle. Elle est forte et même temps, elle a beaucoup de coeur. » En attendant les répétitions, elle confie se préparer comme une athlète pour son rôle « Je travaille énormément ma voix pour pouvoir tenir tous les soirs et je fais beaucoup de sport aussi ».
Jee‑L, lui, semble déjà habité par son rôle de vieux lion sage, tant il affiche une sérénité à toute épreuve. « Ca va être une aventure exceptionnelle, une vraie régalade. J’aborde ça avec beaucoup de sérénité. » Ce rôle est la suite logique de son parcours : « J’ai toujours voulu faire de la comédie musicale. Je m’étais préparé pour le rôle de Mufasa il y a quatre ans pour la production londonienne. Puis j’ai fait la Star Academy. J’y ai beaucoup appris tant sur le plan scénique que le plan vocal. Juste après avoir terminé la Star Ac et avant de faire la tournée, je suis tombé sur une petite annonce disant que le spectacle se montait à Mogador. J’ai passé les auditions en ayant la certitude que ce Roi était pour moi. »
Olivier Breitman est l’un des plus expérimentés de la bande. Il a travaillé au Japon, et en France, avec Marcel Maréchal, Gildas Bourdet ou Jean-Luc Revol. Il va interpréter Scar, le frère de Mufasa, le méchant de service. Un rôle qu’il voit comme politique : « Scar représente l’aspect politique du spectacle, explique-t-il. Il y a quelque chose de shakespearien dans la pièce, notamment à travers Scar, un personnage qui va ruiner son peuple parce qu’il est avide de pouvoir. Il va tuer son frère, il est prêt à toutes les alliances les plus ignobles. Ce n’est pas anodin, c’est un vrai message politique qui peut nous parler actuellement. »
Le Roi Lion débutera au Théâtre Mogador le 4 octobre prochain.