
Une comédie musicale de Richard Rodgers (musiques) et Oscar Hammerstein II (paroles et livret).
Création
A Broadway le 29 mars 1951. Production originale (1 246 représentations) : mise en scène de John van Druten, chorégraphie : Jerome Robbins. Avec : Yul Brynner (le Roi), Gertrude Lawrence (Anna), Doretta Morrow (Tuptim), Dorothy Sarnoff (Lady Thiang), Larry Douglas (Lun Tha).
Principales chansons
I Whistle a Happy Tune, My Lord and Master, Hello, Young Lovers, A Puzzlement, Getting to Know You, We Kiss in a Shadow, Something Wonderful, I Have Dreamed, Shall We Dance.
Chorégraphies : March of the Siamese Children, The Little House of Uncle Thomas.
Synopsis
Dans les années 1860 , la jeune veuve Anna Leonowens et son fils arrivent à Bangkok où Anna est chargée de l’éducation des enfants et des épouses du Roi. Indépendante et fière, elle ne tarde pas à affronter le souverain et sa vision stricte de l’autorité. Peu à peu, cependant, un respect mutuel s’instaure qui n’est pas loin de l’amour platonique. Tandis que le Roi veut moderniser son Etat en s’inspirant de l’Occident, la préceptrice apprend à connaître et apprécier sa terre d’accueil. Elle prend sous sa protection l’une des jeunes concubines royales qui s’enfuit avec son amant. Ce dernier est tué tandis qu’elle est sévèrement punie et Anna, révoltée par ce qu’elle estime être une barbarie, décide de rentrer en Angleterre. Le Roi se meurt de dépit et prie finalement Anna de rester pour continuer après lui l’éducation du Prince héritier pour en faire un grand roi, à la croisée des chemins de l’Orient et de l’Occident.
Le thème
La tolérance : un leitmotiv dans l’oeuvre de Rodgers et Hammerstein. L’exotisme du Siam présent dans les costumes et les décors ne donne jamais dans la condescendance et la musique évite les effets folkloriques faciles. L’Occident n’est jamais donné comme un exemple à suivre particulièrement. En fait, Anna et le Roi sont aussi engoncés dans leurs traditions et civilisations respectives et ce n’est qu’en faisant un pas l’un vers l’autre (« Getting to Know You »), que l’on peut espérer faire progresser l’humanité. Même si à la fin, la barbarie du Roi, capable de faire mettre à mort l’amant de sa concubine échappée, est clairement condamnée. Entre temps, l’anglaise pétrie de sa supériorité et de sa mission civilisatrice s’est rendue compte que le Siam est devenu sa vie.
L’histoire derrière l’histoire
En 1951, Rodgers et Hammerstein sont les rois incontestés de Broadway, encore auréolés des triomphes d’Oklahoma ! (1943), de Carousel (1945) et de South Pacific (1949). Et La mélodie du bonheur (1959) est encore à venir ! Quand la grande comédienne de théâtre Gertrude Lawrence vient les trouver pour leur demander de lui écrire une comédie musicale, elle suggère l’histoire vraie d’Anna Leonowens dont la vie a déjà fait l’objet d’un roman et d’un film à succès. Les deux auteurs s’attèlent à la tâche et se heurtent bientôt à plusieurs écueils : Miss Lawrence est une comédienne accomplie mais une chanteuse passable, il faut donc lui écrire des lignes mélodiques assez simples ; il ne peut y avoir de réelle histoire d’amour entre les deux héros et il faut donc ajouter une relation secondaire tragique entre la concubine royale Tuptim et son amant birman Lun Tha ; enfin, face à Gertrude Lawrence, starissime, il faut un Roi à la prestance inégalée. Lors d’une audition, Richard Rodgers repère un jeune acteur un peu bohème et au crâne fraîchement rasé. Yul Brynner vient de trouver le rôle de sa vie ! Car si Gertrude Lawrence est naturellement impériale dans son rôle, elle ne peut le tenir longtemps, emportée par un cancer. Yul Brynner, en revanche joue le rôle à Broadway, en tournée, à Broadway à nouveau, entre deux films à Hollywood… et ce, jusque dans les années 80 : en tout, plus de 4 625 fois ! Et bien sûr, il a été le roi dans la version somptueuse filmée en 1956 par la Fox. Si aujourd’hui d’autres comédiennes ont marqué le rôle d’Anna de leur talent, Deborah Kerr à l’écran (doublée pour le chant cependant…), Julie Andrews pour le disque ou Donna Murphy sur scène, aucun comédien n’est parvenu (ne parviendra ?) à faire oublier Yul Brynner dans celui du Roi du Siam.
Versions de référence
— Enregistrement original du spectacle de Broadway — 1951 — MCA Classics — Avec Gertrude Lawrence et Yul Brynner — L’enregistrement original. Pour les puristes uniquement, la voix de Gertrude Lawrence pouvant décontenancer. Enregistrée deux semaines après le début du spectacle, cette version conserve néanmoins la fraîcheur des premières fois.
- Film — 1956 — PFC Avec Yul Brynner, Deborah Kerr (voix chantée : Marni Nixon) et Rita Moreno — Chef d’oeuvre cinématographique, Yul Brynner y offre son interprétation définitive tandis que Deborah Kerr y est une Anna de charme malheureusement doublée. Décors et mise en scène sont somptueux. A noter, le ballet chorégraphié par Jerome Robbins, « The Small House of Uncle Thomas » que sa longueur empêche généralement d’être inclus sur les versions CD. A noter également : ce film est disponible en version française (dialogues uniquement) ou en version originale sous-titrée.
- Reprise du spectacle à Broadway — 1996 — Varese Sarabande — Avec Donna Murphy et Lou Diamond Phillips — Une fois n’est pas coutume, cette version récente fait oublier toutes les précédentes ! Orchestration somptueuse, voix formidables, c’est une vraie redécouverte. Donna Murphy est la meilleure Anna depuis Gertrude Lawrence et elle chante incomparablement mieux ! Lou Diamond Phillips est un très bon roi qui ne singe pas Yul Brynner et l’ensemble de la troupe est parfait. La version actuellement à Londres et basée sur cette production (on espère un cast album !).